Infos & réservation
Thème
Zaccaria, banquier d'affaires italien, met sa fortune au service de l'Eglise de Rome, de son point de vue compromise depuis Vatican II par son aggiornamento et son dernier Pape progressiste.
Pour défendre l'ère chrétienne en péril de mort, il va créer une "Fondazione" inspirée d'une institution plus ancienne, la Congregazione des Pèlerins Ibériques qui avait, à l'époque de la Réforme, intrigué contre les Princes de l'Eglise égarés dans le jeu politique et le vice, en perpétuant le meurtre de quelques notables dont Venise évoquera le souvenir comme celui d'un "carnaval noir".
L'assassinat du Pape en 2018 doit représenter l'étape fondatrice de cette reconstruction, un attentat fomenté de l'intérieur, au sein même de la Curie, la mise en oeuvre étant confiée à quelques jeunes Libyens, soldats de Daech.
Une devise les anime tous, d'une génération à l’autre : "Delendi sint haeretici " (que les hérétiques soient éliminés).
Points forts
- Une première idée originale, celle de cette alliance contre nature entre un groupuscule de chrétiens réactionnaires, adeptes de rites sectaires d'un coté, et de jeunes islamistes, terroristes et kamikazes de l'autre, la disparition du Pape représentant pour les premiers la condition d'une reprise en mains et pour les seconds, l’exécution symbolique du chef des infidèles.
- Une deuxième idée forte participant de la répétition de l'histoire et de ses cycles.
Quelques réserves
- La complexité de l'intrigue, non pas tant celle d'aujourd'hui que celle d'hier qui amène ces pèlerins sectaires à commettre quelques crimes fratricides au cœur de la Sérénissime et le chemin ténu pour la comprendre, plus ténu encore dans sa projection contemporaine, comme s'il avait fallu dresser un décor culturel et historique à une intrigue policière pour lui donner un relief dont elle pouvait se passer.
La peinture du Titien et du Tintoret, le culte de la langue d'Ovide, les errements de la révolution copernicienne restent sans lien compréhensible en effet avec un attentat terroriste projeté au XXIème siècle entre Saint Pierre de Rome et Santa Marta, la résidence du Pape.
- Quelques clichés aussi, tels l'aveuglement de ces jeunes européens aux yeux bleus et au teint clair entraînés au close-combat au fond du Valais suisse, ou encore l'histoire de ce jeune curé en soutane qui oscille entre le péché de chair qu'il a commis pour la première fois dans une relation incestueuse et la flagellation qu'il s'impose jusqu'au sang quand il trahit ses vœux, tel le curé d'Ars avec son silice...
Encore un mot...
Avec son "Carnaval Noir", Metin Arditi déçoit un peu, en livrant une intrigue policière suffisamment crédible et violente pour se suffire à elle-même, sans la nécessité de l'habiller des oripeaux de l'histoire et du langage réputé subliminal de la peinture de la Renaissance Italienne.
D'autant qu'elle en rappelle une autre, les analogies avec le Da Vinci Code de Dan Brown étant si nombreuses qu'elles ne peuvent sérieusement être occultées.
Paolo Il Nano a pris les traits de Léonard de Vinci, son Christ à six doigts est à l'un ce que l'homme de Vitruve est à l'autre; les Pèlerins Ibériques sont les frères d'arme des membres du Prieuré de Sion; jusqu'à la révélation qu'il faut tant cacher et qui justifie de part et d'autre tous ces crimes, celle du péché de chair commis par Jésus avec Marie-Madeleine chez Dan Brown, les découvertes du mouvement oscillatoire de la Terre autour du soleil chez Arditi, ici évoquées comme autant d'atteintes portées au dogme et aux saintes écritures et la justification de toutes ces morts.
Une phrase
La presse allait faire son travail : salir."Quels sont les véritables liens entre la Fondazione dei pellegrini iberici et une congrégation criminelle qui, cinq siècles plus tôt, portait le même nom et avait la même devise? Étrange coïncidence... Il y avait les pédophiles et les escrocs, voici le temps des tueurs qui ont gardé la devise de leurs prédécesseurs. C’est dire leur impudence".Encore " une lettre vieille de cinq siècles nous rappelle que la pourpre cardinalice a la couleur du sang.."
L'auteur
Metin Arditi est un"homme orchestre"au sens propre et au sens figuré.
Au sens propre car il a présidé l'Orchestre de la Suisse Normande, au sens figuré car il sait tout faire.
Physicien, diplomé du Polytehnicum de Lausanne et de Stanford, il a enseigné la physique et l'économie.
Mécène, il a créé des prix; auteur à succès, il en a reçu aussi.
Ses deux derniers livres avant celui-ci,"l'enfant qui mesurait le monde" et "Mon père sur les épaules"ont conforté sa grande notoriété littéraire.
Commentaires
Votre commentaire me comble, c'est exactement ce que j'ai pensé au fur et à mesure de ma longue lecture, ce n'est pas le Da vinci code ....... L'enfant qui mesurait le monde m'avait tellement plut .......
Ajouter un commentaire