Blonde
Stock, réédition Poche, parution 2022
983 pages, 10,90 €
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Thème
L’enfance, puis l’adolescence et la vie de femme de Norma-Jeane Baker, plus connue sous le nom de Marylin Monroe quand elle deviendra actrice, comme le fut sa mère. Cruelle et violente avec sa fille, névrosée au point d’entrer dans un hôpital psychiatrique quand sa fille n’avait que huit ans, la mère de Norma-Jeane n’en sortira pas. Placée immédiatement dans un orphelinat, Norma-Jeane s’appuiera sur sa foi chrétienne qui la sauve jusqu’à ce que sa beauté et son bonheur de vivre la fasse remarquer par les hommes.
Jamais sa mère n’acceptera que sa fille puisse être adoptée par quiconque comme Norma-Jeane l’espérait tant pour sortir de l’isolement qui était le sien. Une fois passé le cap de l’adolescence, sa beauté et son charme sont si évidents qu’elle commence sa carrière d’actrice avec un nouveau nom Marilyn Monroe et une série de films qui feront d’elles une star mondialement connue. Malgré ses succès cinématographiques, son sourire et son incontestable talent, le bonheur qu’elle espérait se fit tant attendre qu’elle le vécut comme un Eden inatteignable. Après deux mariages et deux divorces, le troisième serait-il son ultime chance ? Qui était-il ? Un dramaturge quinquagénaire qui dédaignait le cinéma mais était fou d’elle depuis l’année 1956, date de leur première rencontre.
Points forts
Hourra pour ce livre qui est l’odyssée d’une vie que nombre d’entre nous ont borné à celle d’une actrice qui eut une carrière éblouissante dans les années 50. Le lire est un réel enchantement. Chapitre après chapitre, ce n’est pas la magie d’un conte qui s’en dégage mais une vérité telle que le chef d’œuvre, né en 2000 n’a pas pris une ride. C’est si vrai que le film Blonde de l’américain Andrew Dominik est sorti cette année et est, lui aussi tiré du livre publié en France en 2000 par Joyce Carol Oates, ressorti en livre de poche chez Stock en 2002, puis en 2022.
Quelques réserves
Aucune.
Encore un mot...
Le talent de l’auteure n’est pas seulement dans cet art de faire de son héroïne une femme inattendue, aimante et belle à couper le souffle. Les personnages qui l’entourent sont extraordinairement présents par leur vocabulaire, leurs façons d’être, leurs visages mais aussi par ce qu’ils attendent de leur propre vie : leur réalité est si perceptible et convaincante que les producteurs de films n’y ont pas résisté. Le texte initial du livre de Joyce Carol Oates avait 1.500 pages qui seront 983 pages en 2022. C’est une œuvre magnifique qui lui vaut d’être lue et relue dans le monde entier.
Une phrase
Norma-Jeane écrivait un journal intime qu’elle commença très tôt. A l’âge de quinze ans, voici comment elle voyait son futur et ce qu’elle voulait en faire :
- « Je ne me marierai pas, je suis trop jeune ! Je veux être infirmière dans l’armée. Je veux partir à l’étranger. Je veux aider les gens qui souffrent. Ces petits enfants anglais blessés, mutilés et parfois enterrés sous les décombres. Qui n’ont plus de parents. Ni personne pour les aimer. Je veux être un vaisseau d’Amour divin. Je veux que Dieu brille à travers moi. Je veux aider à guérir les blessés, leur montrer la voie de la foi. Je m’enfuirai. J’irai m’engager à Los Angeles. Dieu entendra ma prière. » (page 160)
- (Quelques années plus tard, ne voyant rien de tel venir, elle ajoute ) « je me suis mise au centre de circonstances imaginaires, j’existe au cœur d’une vie imaginaire, dans un monde de choses imaginaires et c’est ma rédemption. » (p. 168)
- (En 1952, à la première répétition de son troisième film, Troublez-moi ce soir, elle ne fut pas impressionnée par le talent de son célèbre partenaire masculin Richard Widmark. Joyce Carol Oates l’aide à s’en détacher en écrivant) “Il y a quelque chose d’humiliant à être acteur, quand on est un homme. Tout acteur est une sorte de femme. Le maquillage, les essayages. L’accent mis sur l’apparence, la séduction. Qui se souvient de l’apparence d’un homme ? Quel genre d’hommes se maquille les yeux ?” p. 399).
- Face à lui, Norma Jeane ne jouait pas : « Elle habitait si profondément son personnage qu’il était impossible de communiquer avec elle. » ( p.400)
- “…Un matin, la vérité la frappa : « seule Marilyn Monroe était connue ici, pas Norma Jeane. »”(p. 402)
- (Après son troisième mariage) “son mari, - le dramaturge -, comme Hollywood appelait avec déférence et condescendance cet homme mystérieux, était reparti à New York sur son ordre, & elle qui vivait de nouveau seule à Hollywood comme on flotte sur un iceberg au milieu d’une mer de glace tumultueuse, non seulement ses paroles mais aussi ses pensées s’embrouillaient. Elle les sentait craquer et se défaire. L’angoisse de pensées et d'auto accusations incessantes avait produit l’antidote à l’angoisse qui était désintégration & folie. » (p. 849)
L'auteur
Joyce Carol Oates, née aux Etats Unis en 1938, a eu une carrière littéraire éblouissante. Qu’elle écrive des romans, des nouvelles, des poèmes, des essais ou des pièces de théâtre, elle sera récompensée par un nombre inouï de Prix parmi les plus recherchés. Pour n’en citer que quelques-uns, le National Book Award qui, en 1969 lui sera décerné pour son premier chef-d'œuvre, Eux (Them), en 2004, le Prix Femina Etranger en 2004 pour Les Chutes. En 2020, l’Institut de France lui décerne le Prix Mondial Cino del Duca réservé aux écrivains dont l’œuvre « constitue, sous forme scientifique ou littéraire, un message d'humanisme ».
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