Bien-être
Traduit de l’anglais (USA) par Nathalie Bru
Parution le 22 août 2024
677 pages
26 €
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Thème
Dans un quartier délabré, Jack et Elisabeth s’épient mutuellement de leur chambre d’étudiant à Chicago dans les années 90. Quand ils se rencontrent, c'est le coup de foudre. 20 ans après et un enfant difficile, les choses se passent moins bien entre eux. Décidant de leur « maison pour la vie », Elisabeth choisit d’avoir une chambre à elle et Jack se sent rejeté. Pourtant, ils avaient tous deux fui leur famille, Jack pour devenir artiste - difficile dans ce Kansas rural - et Elisabeth pour devenir elle-même loin de sa famille trop préoccupée de fortune et de pouvoir. L’auteur prend le prétexte de cette histoire d’amour pour critiquer la vie américaine moderne.
Points forts
A travers le portrait d’un couple qui se délite : lui ne se sent pas à la hauteur, elle s’épuise à vouloir être parfaite. En travaillant sur le placebo, elle finit par considérer que la psychologie peut être la seule source de guérison. Leurs attitudes préfigurent celles d’une Amérique adepte du bien-être qui devient crédule face aux thérapies en tous genres.
L’art n’est pas exempt de mystification puisque le réel n’intéresse plus.
Des allers et retours permettent de comprendre à quel point les familles de Jack et d’Elisabeth pouvaient être toxiques.
Les vieux quartiers sont remplacés par des immeubles pour la Middle Class.
Les algorithmes, le complotisme des réseaux sociaux sont analysés en profondeur en fustigeant particulièrement Facebook qui d’une même source souffle le chaud et le froid.
- L’auteur démonte avec férocité et humour les dérives d’une société en perte d’authenticité.
Quelques réserves
Le chapitre sur les algorithmes et les réseaux sociaux, au demeurant fort bien démontrés, est un peu difficile à lire pour ceux qui en sont éloignés.
Encore un mot...
C’est un roman très dense qui se lit avec intérêt et qui confirme le talent de Nathan Hill découvert dans son précédent roman Les Fantômes du vieux pays (Gallimard, 2017).
Rappelons ici que Bien-être a obtenu, en France le 12 novembre, le Grand prix de littérature américaine de la part d'un jury composé de libraires, de journalistes et d'éditeurs.
Une phrase
« Elle et Jack s’étaient installés à Chicago pour devenir orphelins, pour se défaire de leur incompatible famille de naissance et en créer une nouvelle avec des voisins de quartier sur la même longueur d’onde qu’eux. Et ils avaient réussi pour un temps. Ce qu’ils n’avaient pas pris en compte, en revanche, c’est qu’au fil d’une vie les longueurs d’onde changent. Et avec elles, la famille qu’on s’est choisie; » page 158
« -Et voilà ! Les gens ne font pas une expérience paisible et tranquille du monde. Nos vies n’ont jamais été si dénuées de menaces physiques immédiates, et pourtant nous ne nous sommes jamais sentis aussi menacés. »
L'auteur
Nathan Hill est un écrivain américain originaire de l’Iowa. Il vit aujourd’hui en Floride.
Son premier roman, Les Fantômes du vieux pays (The Nix), a reçu un très bon accueil de la presse américaine, notamment du New York Times et du Washington Post. Il a remporté le prix du premier roman du L.A. Times, et a été traduit en 30 langues dans le monde. Bien-être récemment paru aux Etats Unis et en Grande Bretagne a fait sensation auprès de la presse et du public.
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