Belle Greene

Le destin captivant d’une pionnière de la culture au début du XX° à New York
De
Alexandra Lapierre
Editions Flammarion, parution janvier 2021 -
538 pages -
22,90 €
Notre recommandation
4/5

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Thème

Belle Greene, une jeune fille pauvre passionnée de livres rares, devient une des femmes les plus puissantes d'Amérique. Directrice de la Morgan Library (la Librairie Morgan), elle construit une des plus belles collections privées de livres anciens pour le magnat J.P. Morgan, grand banquier et collectionneur acharné qui tente de rapporter la culture européenne en Amérique.

Pendant cinquante ans, elle voyage en Angleterre, en Italie et en France, règne sur les salles des ventes américaines et européennes, devient la coqueluche de l'aristocratie internationale, vit des amours fous avec de grands collectionneurs, fume, boit, danse et travaille, travaille sans cesse, travaille passionnément. Belle Greene est une femme libre, déterminée, audacieuse et moderne avant l'heure.

Mais cette flamboyante collectionneuse érudite et mondaine a une autre facette.

Elle cache un secret qui, s'il venait à être découvert, causerait sa perte. Bien qu'elle paraisse blanche, elle est en réalité afro-américaine. Et sur ce point, les Etats-Unis ségrégationnistes sont implacables depuis les abominables lois Jim Crow de 1877. C'est la « règle de la goutte unique » (One-Drop Rule), avec son cortège de ségrégations, de discriminations et de persécutions raciales. « Une seule goutte de sang noir dans les veines, fabrique à jamais des ''nègres'' ». Pour Belle Greene, mentir sur ses origines est le seul moyen de se construire un avenir. Elle fait le « passing », elle renie ses ancêtres africains.

Et Belle Marianne Greener change d'identité sous le faux nom de Belle da Costa Greene, Belle Greene pour les intimes. Jamais elle ne révèlera son secret et vivra dans la peur et vivra, aussi, le drame d'être écartelée entre son histoire et son choix d'appartenir à la société qui opprime son peuple. Un cas de conscience ressenti par nombre de ceux qui se sont résolus au “passage”.

Belle Greene est aussi un roman sur la Morgan Library et sur JP. Morgan lui-même. Quel rêve poursuivait-il ? Comment Belle Greene l'a-t-elle aidé à réaliser ce rêve ?

Points forts

  • L'écriture d'Alexandra Lapierre, vivante et sensible.
  • Le dossier de photos.
  • Les cinquante pages de l'Épilogue et des annexes (bibliographie, filmographie, petit glossaire du bibliographie).

Quelques réserves

Je n'en vois aucun.

Encore un mot...

Comme dans ses romans historiques précédents, Alexandra Lapierre nous emporte par son art de raconter la Grande Histoire à travers un personnage oublié, et complexe, et par son talent romanesque nourri de sources très documentées.

Une phrase

- « En cette fin d'année, 1910, les millionnaires américains avaient compris que se constituer une bibliothèque était aussi nécessaire à leur statut social qu'amonceler des œuvres d'art dans leurs palais de marbre, à Newport ou sur la Cinquième Avenue; que posséder des manuscrits, des incunables, et des éditions rares était un signe de richesse plus subtil que des tableaux de maîtres; que les livres pouvaient devenir des placements aussi prestigieux – aussi lucratifs – qu'une peinture. Après les marquises de Boucher et les commodes de Louis XIV, la bibliophilie devenait le terrain de chasse des magnats du charbon, de l'acier, du sucre et des chemins de fer.  Finie l'exclusivité des enchères à Paris et à Londres, où s'étaient déroulées toutes les ventes de livres pendant près de trois siècles. Terminées les luttes entre savants austères autour d'une table de chêne, dans une pièce enfumée de l'Hôtel Drouot ou de chez Sotheby's. Passage d'un théâtre des hostilités à un autre, du club très restreint des érudits aux arènes des tycoons [des magnats]. Du Vieux au Nouveau monde. » (p.319)

L'auteur

Alexandra Lapierre, née en 1955, est la fille du journaliste et romancier Dominique Lapierre (Paris brûle-t-il ?, La Cité de la joie, -pour citer les plus célèbres) et a grandi au milieu des livres. Elle a écrit des romans, des nouvelles, des biographies dont : La Lionne du Boulevard,1984 ; Fanny Stevenson, 1993; Artemisia, 1998 (tous trois chez Robert Laffont) ; Elles ont conquis le monde. Les grandes aventurières, 1850-1950, en 2007 (Arthaud) ; Je te vois reine des quatre parties du monde, 2013, Moura, la mémoire incendiée, 2013, Avec toute ma colère, 2018 (Flammarion).

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