Avers - Des nouvelles des indésirables
Février 2023
224 pages
19,50 €
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Thème
Grand écrivain voyageur, JMG Le Clézio reprend dans cet ouvrage un thème qui lui est cher, celui des oubliés du monde, déjà développé dans de précédents romans comme Désert ou Hasard. Ce n’est pas une écriture pour plaire mais pour dénoncer, dans la nudité de mots d’une vérité brute, le sort des indésirables qui survivent dans un monde qui les méprise, les écrase, les tue. L’auteur cherche, selon ses propres mots, à susciter la révolte chez son lecteur.
Huit nouvelles pour honorer entre autres, les enfants des rues à la frontière mexicaine, le bébé arraché à la forêt amazonienne, les petits orphelins chassés de leur village incendié par la guerre, ou les esclaves.
Points forts
Jean Marie Gustave Le Clézio nous fait découvrir de l’intérieur, l'inimaginable de la vie des exclus ; il se glisse dans les pensées et les émotions de ses personnages pour retranscrire leur vie de violences et de souffrance, dans laquelle chacun trouve pourtant la force de se tenir debout et de se battre pour survivre et avancer, toujours.
L’écrivain nous emmène dans le cœur, le corps et l’âme des déclassés, tour à tour émigrés, exilés, réfugiés - douloureusement si ordinaires. Il est leur voix, leur battement de cœur, leur estomac vide, leur dureté, leurs espoirs.
Avec un respect et une élégance qui forcent l’admiration, l’auteur déploie son talent de conteur dans une économie de mots dont la puissance surpasse de loin une compassion affichée.
Pas de pathos ni de fioriture dans le récit. Tout ce qui serait en trop est ôté, épluché, gratté jusqu’à l’os.
C’est toute la force de ce livre ; les mots coulent comme un souffle vital, et reflètent le ressenti d’une vie au jour le jour, dans l’immédiateté de l’urgence de la survie.
La simplicité est une prouesse, l’évocation est immédiate, l’humanité est palpable.
Quelques réserves
Si les nouvelles rassemblées dans ce recueil traitent toutes du même thème, elles ont été écrites à divers moments dans la vie de l’écrivain et certains lecteurs percevront peut-être une inégalité dans la richesse et la finesse des différents récits.
Encore un mot...
Des nouvelles plus fortes que tous les colloques, les symposiums, les collectes de fonds d’institutions titanesques. Une seule pensée : comment agir ?
Une phrase
« A la sortie du village, ils se sont assis à l’ombre pour manger les pains. C’était du pain de blé noir, dur et aigre, mais il y avait longtemps qu’ils n’avaient rien mangé d’aussi bon. Des chiens maigres tournaient devant eux, leur estomac collé à la colonne vertébrale, leurs museaux tendus pour respirer l’odeur. Marwan leur a envoyé un morceau de pain mais ils ont cru que c’était un caillou, ils se sont dispersés au loin. Puis un chien est revenu, en rampant et par hasard il a trouvé le morceau de pain dans la poussière.»
L'auteur
J.M.G. Le Clézio, né en 1940, est originaire d’une famille de Bretagne émigrée à l’île Maurice au XVIIe siècle. Influencée par ses origines familiales, ses voyages et son goût pour les cultures amérindiennes, son œuvre compte une cinquantaine d'ouvrages. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 2008.
Livres chroniqués sur Culture-Tops :
- La quarantaine
- Bitna sous le soleil de Séoul
- Chanson bretonne. L'enfant et la guerre. Deux contes
- Alma
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