Avenue des mystères
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Thème
Il s’appelle Juan Diego Guerrero, est écrivain (comme le personnage du « Monde selon Garp »). Né au Mexique, il a grandi sur les flancs d’une décharge d’ordures où il a appris à lire seul dans les livres sauvés du pilon… Quarante ans plus tard, il est alors célèbre mais la vieillesse l’a rattrapé. Handicapé (un pied écrasé quand il était adolescent), il a aussi le cœur fragile, se bourre de bétabloquants et consomme intensivement des pilules bleues qu’on appelle Viagra. Il part en voyage aux Philippines et se laisse flotter entre rêves et souvenirs…
Ainsi, Juan Diego se souvient de la mort de sa mère : femme de ménage chez les Jésuites la journée, prostituée la nuit- elle va mourir, victime de la chute d’une statue géante de la Vierge de Guadalupe. Il y a aussi du sexe hors norme, hors genre avec des travestis, des prostituées… et même deux formidables lectrices, Miriam et Dorothy, mère et fille, également désirables et inquiétantes admiratrices de l’écrivain Juan Diego.
Au fil des pages d’« Avenue des mystères », on croise également des lions philosophes ou même des chiens baptisés Béatrice parce que « les animaux sont beaucoup plus honnêtes que la plupart des humains, assure John Irving. Ils ne mentent pas, ils ne trompent pas. Nous les humains, nous ne sommes pas aussi réels que le sont les animaux ».
Dans ses rêves, Juan Diego se revoit aussi gamin marchant à l’envers dans le ciel. Il songe aussi à ses parents adoptifs, ce couple improbable rencontré dans un cirque, et à Lupe, sa petite sœur extralucide qu’il est le seul à comprendre quand elle parle…
Points forts
-Ça fuse dans tous les sens. « Sex and drugs and rock’n’roll », disait-on ! Parce qu’avec John Irving, quand on se balade sur l’avenue des mystères, c’est le Grand Magic Circus…
-Dès les premières pages d’« Avenue des mystères », le lecteur est attrapé. Impossible de se défaire de la force (romanesque) de John Irving.
-Encore et toujours présents, des ingrédients qui font, depuis près de quarante ans, apprécier le romancier américain : un univers baroque, des enfants, un cirque, la religion,…
-Dans toutes les pages de son quatorzième roman, en creux John Irving met de la gravité, pose des questions essentielles, s’interroge sur les mystères de la condition humaine ou encore ceux de la création artistique- « que faut-il croire des rêves d’un auteur de roman ? », demande-t-il. Rien, peut-être bien. Juste savourer le plaisir d’une promenade sur l’avenue des mystères…
Quelques réserves
Puisqu’il faut trouver, un point faible, en voici un : bon nombre des situations d’« Avenue des mystères » peuvent paraître bien peu crédibles. Qu’importe ! John Irving est un sacré prestidigitateur.
Encore un mot...
Avec « Avenue des mystères », l’auteur du cultissime « Monde selon Garp » nous offre du sexe, de la drogue (mezcal, en l’occurrence), du cirque, du journalisme, de la prostitution, des décharges d’ordure,… Ça fuse dans tous les sens, ça jubile follement, c’est flamboyant et furieusement débridé avec des personnages bien barrés. Bref, avec ce quatorzième roman, John Irving signe un grand livre furieusement rock’n’roll !
Une phrase
- « Dans sa prime adolescence, le rêve le plus récurrent de Juan Diego n’était pas un cauchemar. Il rêvait souvent de vol, si on peut le qualifier ainsi. Il s’agissait d’une locomotion aérienne singulière et inconfortable, qui n’offrait guère de ressemblance avec l’action de voler dans les airs. Le rêve était toujours le même. Dans la foule, des gens levaient les yeux ; ils le voyaient marcher sur le ciel. D’en bas, au niveau du sol, on aurait dit qu’il marchait précautionneusement à l’envers ».
- « C’est l’adrénaline qui fait battre ton cœur plus vite : tu respires plus fort, tes poils se dressent sur tes bras, tes pupilles se dilatent, tes vaisseaux se contractent, c’est pas bon, ça, en cas de crise cardiaque ».
L'auteur
Né le 2 mars 1942 à Exeter, New Hampshire (Etats-Unis), John Irving est venu au monde hors des liens du mariage. Sa mère ayant toujours refusé de lui révéler la vérité, il ne connaîtra l’identité de son père biologique qu’à l’âge de 60 ans. « J’avais déjà un père », confiera-t-il, rendant ainsi hommage à Colin F. Irving qui l’a élevé.
Etudiant à la Phillips Exeter Academy, il fut un très ordinaire élève à cause d’une dyslexie mais brilla en sport, sur les tapis de lutte.
Diplômé de littérature, il publie à 26 ans son premier roman (« Liberté pour les ours »). Suivront « L'Épopée du buveur d'eau » et « Un Mariage poids moyen », et surtout, en 1978, « Le Monde selon Garp », best-seller international et phénomène culturel, adapté au cinéma par George Roy Hill avec Robin Williams et Glenn Close. Dès lors, John Irving peut vivre de sa plume et se consacrer totalement à l’écriture. Et chaque livre est un succès international. Citons « L’œuvre de Dieu, la part du Diable », « Les Rêves des autres », « Je te retrouverai », « Dernière nuit à Twisted River », « A moi seul bien des personnages » et le dernier en date, « Avenue des mystères »- son quatorzième roman.
Parmi les thèmes récurrents chez l’écrivain américain : la Nouvelle-Angleterre, la lutte, la ville de Vienne, les ours ou encore les familles monoparentales…
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