Aucun souvenir de Césarée

De
Marie-Ange Guillaume
Editions Le Passage
Notre recommandation
4/5

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Thème

C’est le récit d’un deuil que nous offre Marie-Ange Guillaume, dans ce dernier ouvrage. Celui d’une narratrice qui a perdu sa mère. Elle décide alors de se confronter à son passé. Pour ce faire, elle met en place un étrange dialogue avec sa mère, à la recherche de ses souvenirs entravés, grâce au journal laissé par cette dernière. Pour (re)découvrir qui était vraiment sa mère et pour se remémorer son enfance - ou la reconstruire -, la narratrice dépouille et fouille à la manière d’une archiviste dans la mémoire écrite de ses parents, à travers lettres et cahiers. Dès lors, c’est à une sorte de périple initiatique, où elle ré-apprend à connaître des choses déjà sues, que l’auteur nous invite. La narratrice en apprenant à mieux connaître sa mère et la relation tumultueuse de ses parents – dans un mélange d’attendrissement et de violence – effectue un voyage fait de réminiscences tragi-comiques, en quête d’elle-même et de l’amour de sa mère.

Il y a dans Aucun souvenir de Césarée ce qui a trait aux rencontres fortuites qu’amène un retard de train ou un impondérable longuet, nous forçant à prendre notre mal en patience et à écouter – pour tuer le temps – le récit d’une âme qui, ignorant la pudeur, se confie sur sa vie. À ce genre de récit on se prend à prêter une oreille, puis les deux et même parfois à être ému.

Dans ce roman à la première personne, Marie-Ange Guillaume réussit à procurer l’étrange sensation au lecteur qu’il pourrait bien être le narrateur même s’il n’est jamais allé sur la Loire, à Sète ou à Césarée….

Points forts

Avec les souvenirs d’enfance de Marie-Ange Guillaume, c’est toute une époque qui, par bribes et avec émotions, rejaillit sous nos yeux. De 1944 aux événements de « mai 68 », en passant par les nouveautés des années 1950 et des Trentes Glorieuses. Loin de donner une vision académique de cette époque, c’est – involontairement – mais avec originalité et naturel que l’auteur donne à voir un témoignage intime du panorama social d’une famille modeste dans les décennies d’après guerre en France.

• Ce récit est extrêmement fluide et clair, il ne comporte aucun chapitre, et ses 190 pages peuvent – ou doivent – se lire d’une seule traite. On a l’impression que l’émotion qui s’en dégage monte crescendo et ce, jusqu’à la dernière page.

• La force de l’auteur d’Aucun souvenir de Césarée est d’avoir réussi à construire un récit très personnel sur une chose aussi délicate qu’un deuil sans pour autant être tombé dans un pathos sans fin ou dans un récit catharsistique à n’en plus finir. Marie-Ange Guillaume a su instiller une certaine dose d’humour et de simplicité qui contrebalance le chagrin et la colère de la narratrice et des siens.

Quelques réserves

Le livre de Marie-Ange Guillaume pêche peut-être par un style détaché qui peut sembler désinvolte ou brutal, parfois même vulgaire - bien que dans ce cas précis ce soit généralement par humour. Il n’en reste pas moins qu’un ton un peu trop familier peut, par endroits, contrarier la lecture.

Encore un mot...

Ce roman construit « un peu comme une improvisation musicale » est touchant et l’émotion qui s’en dégage parvient naturellement au lecteur, au fil des pages, parlant à la part d’enfance demeurée en chaque adulte.

Une phrase

“ Je n’ai jamais su quoi faire de la beauté présente, si ce n’est en souffrir parce que le bonheur est une chose qu’on vous reprend.” (p. 189)

L'auteur

Marie-Ange Guillaume est l’auteur de plusieurs livres, parmi lesquels des romans et des nouvelles mais aussi des biographies (Desproges et Goscinny) ainsi que des livres pour la jeunesse.

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