Au vent mauvais
Parution le 19 août 2022
261 pages
19 €
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Thème
Dans un petit village de l’est de l’Algérie naissent en 1922 Tarek, Saïd et Leïla. Ils vivent heureux, insouciants dans la campagne. Lors de leur naissance, Tarek et Saïd ont été nourris au lait de la mère de Tarek : ils créeront une amitié qui leur semble indestructible. Leïla les suit, un peu en cachette, se retrouve mariée à 15 ans avec un ami de son père. Les deux amis sont secrètement amoureux de Leïla. Saïd, de milieu plus aisé, part étudier le théâtre et les Lettres en Tunisie ; Tarek , berger timide, se trouve enrôlé bien vite dans l’armée française à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Il en reviendra bouleversé après avoir subi les discriminations des Français.
A son retour, il retrouve Leïla qui a quitté son mari, emmenant son fils. Elle vit seule subissant l’opprobre du village. Tarek la demande en mariage donnant à la jeune femme toute sa tendresse. Mais la vie est dure au village pour nourrir une famille agrandie de deux filles. Tarek part à Alger pour trouver du travail. Il participe alors au film La Bataille d’Alger, se rapproche du FLN. Mais le film terminé, sans travail, Tarek s'exile en France comme nombre de ses compatriotes. Ouvrier dans des conditions de vie difficiles, il travaille afin d’envoyer l’argent à Leïla et aux filles ; il ne revient les voir que tous les deux ans. Puis de façon inattendue, il s’exile à Rome où il mène une vie plus agréable jusqu’au message angoissant de Leïla lui demandant de rentrer de toute urgence.
Points forts
- Avec des mots justes, l’auteure nous entraîne sur les traces de ces trois personnages aux destins bouleversants.
- Au-delà d’une histoire dans l’Histoire, Kaouther Adimi, nous invite à réfléchir sur le rôle de la littérature ; peut-on s’inspirer de la vie de « gens simples » pour créer un livre ? Faut-il se méfier de ceux qui racontent les soubresauts de l’Histoire ? Dans le livre, Saïd devenu un écrivain à succès grâce à leur histoire brise les liens d’amitié et anéantit en quelque sorte une famille.
Quelques réserves
Pas de réserves.
Encore un mot...
En cette année du 60ème anniversaire des accords d’Evian, Kaouther Adimi écrit un beau conte sur l’Histoire de son pays ; à travers de personnages attachants, mue par devoir familial, elle retrace la colonisation, la guerre en Europe, l’arrivée du FLN, l’indépendance de l’Algérie, le coup d’état de Boumedienne entraînant la sanglante guerre civile, la montée de l’islam.
C’est un livre délicat servi par une plume tendre, une sorte de fiction proche de l’autofiction, emplie d’émotion. Quel est donc le rôle de la littérature ? « Si la littérature peut sauver, elle peut être aussi un vent mauvais ».
Une phrase
« C’est donc çà être écrivain ? Couper, monter, imaginer des souvenirs ? Prendre les albums photos et fouiller dedans ? Créer une histoire à partir de petits bouts ? Changer les dates, mélanger les évènements ? Créer à partir de rien ? (…) Les écrivains mentent, et, en mentant, eux s’élèvent, et nous ils nous rabaissent ».( p. 187/188)
L'auteur
Kaouther Adimi est née en 1986 à Alger. Elle a étudié à l’Université d’Alger et est diplômée en Lettre Modernes et en management des ressources humaines. Depuis 2009, elle publie régulièrement dont, aux éditions du Seuil, Nos richesses prix Renaudot des lycéens 2017 et Les petits de Décembre en 2019. Elle a écrit aussi des nouvelles, des pièces de théâtre et des scénarios.
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