Au pays du p’tit
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Thème
Le narrateur, Romain Ruyssen, est invité en tant que sociologue à un colloque à Moscou, parce qu’il a écrit un essai très critique sur les français, intitulé Au pays du p’tit. Quadragénaire revenu de tout, il refuse d’abord les avances de Janka, une jeune slovaque, qui n’a pas froid aux yeux, mais il viendra la retrouver à Saint-Pétersbourg, histoire de tester une nouvelle fois son pouvoir de séduction. Conscient de son charme naturel et sûr de son succès, même s’il se sent également ridicule, il se lance dans cette aventure sans en mesurer les conséquences …
Points forts
• Une satire cruelle et réjouissante de la France, qui a perdu tout son prestige, toute sa grandeur, et qui est atteinte par la « diminutivisation » !
• Les défauts innombrables des français sont pointés avec insolence : laisser-aller, paresse, indiscipline, laxisme, morosité, individualisme, arrogance, mauvaise conscience, haine de soi.
• Des épisodes sont très drôles, comme le concours de natation complètement raté par le fils du narrateur ou la fête de lycéens français en Indonésie, qui tourne au fiasco.
• Le personnage du séducteur cynique, qui s’observe en permanence et commente ses performances, ne manque pas de saveur : sa stratégie ressemble à une partie d’échecs, où tous les coups sont permis … Les étapes de la conquête sont bien rodées grâce à des dizaines de victimes : indifférence apparente au début, fausse sensibilité ensuite, élégance calculée, sollicitude forcée, dépenses indispensables … sans oublier une dose d’humour, un peu de psychologie et de l’audace !
• Un style limpide et un ton narquois contribuent au plaisir de la lecture.
Quelques réserves
La fin tombe dans la vulgarité, pour montrer peut-être les ravages des moyens de communication actuels...
Encore un mot...
Un roman bien construit à partir du double rôle du narrateur : on ne se lasse pas des commentaires pleins d’esprit du sociologue virulent sur l’école, qui paralyse les élèves, sur les hommes politiques sans vision, sur les « monstres sacrés » illégitimes du cinéma, sur le jeunisme, et on apprécie l’ironie, cette arme si efficace, que le séducteur s’applique à lui-même, en se moquant de sa légèreté, de sa lâcheté, des mensonges infantiles envoyés par SMS à sa femme, de sa terreur de vieillir ; bref, le dénigrement de son pays s’accompagne chez le narrateur de son autocritique permanente dans ce livre divertissant, mais plus profond qu’il n’y paraît.
Une phrase
« Je suis moi-même à l’image de mon pays : un individu sourd aux autres, convaincu de disposer tout seul du jugement nécessaire à sa propre rédemption … Et qui n’a plus grand-chose à offrir au monde aujourd’hui que sa feinte autocritique. » p. 25
L'auteur
Né en 1972, Nicolas Fargues est l’auteur de romans à succès : One Man Show(2002), J’étais derrière toi (2006), Beau rôle (2008), Tu verras Prix France-Culture Télérama 2011.
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