Au commencement du septième jour

Une saga d'envergure, mystérieuse et diabolique
De
Luc Lang
Editions Stock - Roman
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Lu
par Culture-Tops

Thème

Cadre supérieur en pleine trajectoire ascendante dans un milieu d’affaires relatif aux technologies de pointe, Thomas Texier, la quarantaine, est un père de famille et un époux heureux quand sa vie bascule dans une trajectoire infernale. Ce bouleversement est décrit en trois « livres » distincts. 

Le premier, c’est l’accident de voiture gravissime de sa femme, Camille. On ne sait pas pourquoi. Comme un fou il en cherche les causes tandis qu’au boulot on l’assassine et qu’à la maison il donne tout l’amour possible. A la dernière page, Camille semble avoir repris connaissance.  

Aux abords du second livre, Camille est morte, on ne sait pas pourquoi. Dans les Pyrénées, chez son frère Jean, Thomas fait en famille un retour aux sources de leur enfance. Leur père est mort quand il avait sept ans. Il ne sait pas pourquoi : Dans cette vie pastorale et dans ces paysages, il cherche. 

Aux abords du troisième livre, Jean est mort. On ne sait pas pourquoi. Thomas rejoint leur sœur, Pauline, médecin humanitaire au Cameroun dans un contexte de guerre violent et misérable. Pourquoi n’est-elle jamais revenue en France ? Là se détricote le secret de famille qui explique la mort du père. L’adoption d’un enfant noir, qui comblerait le manque de ceux qui n’ont pas pu naître, vient conclure d’une aura d’espoir cette saga aussi diabolique que mystérieuse. C’est un roman de grande envergure. 

Points forts

1- On est complètement captivé par ce récit. 

2- Le personnage de Thomas est touchant dans sa douleur, exprimée avec une grande pudeur. Tous les personnages sont convaincants, vivants, vrais; souvent attachants, depuis la nounou jusqu’à la belle-mère en passant par le chauffeur de brousse etc. (Et il y en a, du monde !). 

3- Les relations fraternelles, parents-enfants, mari et femme, les relations d’amitié et les relations professionnelles, toutes respirent l’authenticité.  

4- La randonnée dans les Pyrénées, se vit comme celle de tous les dangers, au « matin du septième jour ».  

5- L’écriture est techniquement réussie, avec sa ponctuation très particulière. Elle concourt au caractère haletant de la quête de Thomas et sait en décrire admirablement les pauses « paysage » comme les pauses « sentiment ». 

6- La description des trois univers du roman est documentée et le voyage entre le milieu rapace des technologies de pointe, le milieu intemporel des paysans des Pyrénées et celui, grouillant, d’une Afrique en guerre, est une expérience de lecture édifiante. 

Quelques réserves

1- Le manque d’unité entre les trois livres; 

2- La prison en Afrique, dans le troisième livre, c’est excessif, ça force la dose d’obstacles dans ce moment de la vie de Thomas : trop c’est trop, ce n’est plus crédible.   

3- Et surtout, l’auteur ne révèle que parcimonieusement les clés de toute cette aventure. Cet excellent suspens se termine en queue de poisson. Quel dommage!

Encore un mot...

J’ai suivi Thomas dans sa quête de la vérité concernant l’accident de Camille. C’était dur, c’était compliqué. J’ai cherché avec lui sur la carte routière, j’ai suivi ses recherches et écoutes de téléphone, ses décodages de GPS et de boite noire. On en a fait du chemin ! J’ai lu à en avoir mal aux yeux. Et au bout : rien !  Alors que son amie Myriam venait d’annoncer la joie d’avoir enfin pu communiquer avec Camille après plus d’un mois de coma et de pseudo réveil, fin du premier livre ! 

Je retrouve Thomas au début du deuxième livre. Camille est morte ! L’a- t-il débranchée ? On ne parlera pratiquement plus d’elle sauf par allusion pour entretenir le suspens, et moi, lectrice, je la chercherai jusqu’au bout.

Franchement, c’est un livre formidable, mais on n’a pas le droit de laisser son lecteur ainsi démuni jusqu’au dernier mot !!!

Une phrase

" Un sentiment sinue, de dispersion et de solitude, qui danse et creuse du fond des flammes, ici, dans l’âtre, un retour d’enfance où les trois s’emboitaient sans le moindre soupçon d’un horizon d’adultes éparpillés avec ce besoin qui monte et taraude de refaire l’emboitement des présences, Jean-Pauline-Thomas. Un besoin qui les fait taire, juste un regard échangé au-dessus du feu dans une lente chute ensemble, les deux frères embrassés."

L'auteur

Aujourd’hui dans sa maturité, Luc Lang est l’auteur d’une dizaine de romans et d’autant d’essais, notamment sur les thèmes de l’art. Ses œuvres sont éditées chez Stock et Gallimard. Il est titulaire du prix Jean Freustier et Charles Oulmont pour son roman « Voyage sur la ligne d’horizon », et du prix Goncourt des lycéens pour « 1600 ventres ».

Commentaires

Henri-Charles Dahlem
jeu 22/09/2016 - 22:07

Ce roman est tout simplement ce que j’ai lu de plus beau cette année. Il mériterait amplement les lauriers d’un prix littéraire.

Florence
sam 16/10/2021 - 18:10

Une grande réserve pourquoi Camille s'est elle détournée de sa route ? On n'a pas la réponse, une grande frustration donc. Dommage, le texte long, remarquablement écrit , qui nous submergé d'émotions ,de sensations n'aurait pas souffert d'une explication

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