Arrête avec tes mensonges

La mise en mots d'un destin: le meilleur Besson
De
Philippe Besson
Editions Julliard - 194 pages
Notre recommandation
5/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

D’abord, le titre : « Arrête avec tes mensonges », c’est un clin d’œil à ce que lui disait sa mère quand, enfant puis adolescent, il racontait tant et tant d’histoires.

Ensuite, le roman. Philippe Besson y raconte son premier amour à 17 ans avec Thomas Andrieu, à Barbezieux, petite ville de province française où il est né et a grandi. 

« Arrête avec tes mensonges » est un roman du souvenir, de la mémoire ; d’amour, surtout. Il y a une bonne dose de nostalgie et de passion. Une histoire ressurgie lorsqu’en 2007, Philippe Besson assure la promo d’un de ses livres à Bordeaux et que, durant l’interview avec une journaliste, il voit un homme de dos, crie : « Thomas ». 

Avec un art mixant à ravir le délicat et le cru, il déroule un « roman » en trois temps : 1984, naissance d’un premier amour ; 2007, l’homme de dos à Bordeaux; et 2016, épilogue. Et Philippe Besson, de confier : « Ce livre, c’est ma vérité. Pas forcément la vérité »…

Points forts

-Tout ce qui fait le charme des romans de Philippe Besson est là, encore plus présent que dans tous ses romans précédents : le premier amour, l’élan amoureux, la brûlure, le secret, le silence, la transgression…

-« Arrête avec tes mensonges » est un beau texte sur l’homosexualité, mais pas seulement… C’est aussi une réflexion sur des événements intervenus au plus bel âge et en quoi ils imposent une ligne de vie. Et aussi un livre sur l’éveil, sur l’amour, la littérature… « Un roman d’éveil et d’apprentissage. Un roman où je me demande ce que j’ai fait de ma jeunesse, de mes 17 ans. Ai-je trahi l’adolescent que j’étais en 1984 ? » comme le confie l’auteur.

-Deux lectures possibles : soit celle d’une autobiographie, soit celle d’un roman. Dans « Arrête avec tes mensonges », tout est vrai, rien n’est vrai, ce qui fait dire à Philippe Besson : « Il y a un travail d’écriture, la mise en mots d’un destin et tout ça relève du romanesque, que ce soit vrai ou faux. J’ai fait appel à ma mémoire, mais c’est quoi, la mémoire ? Elle est sélective, sensible, fantasmée, recomposée… »

-De nombreuses phrases (« Je suis ce jeune homme-là, dans l'hiver de Barbezieux » ; « Je suis dans ce désir à sens unique » ou encore « L’amour se fait là ») sonnent comme ce qu’on peut trouver de meilleur chez Marguerite Duras, auteure préférée, avec Marcel Proust, de Besson.

-Avec « Arrête tes mensonges », Philippe Besson donne toutes les clés pour comprendre, pour décoder tous ses précédents romans.

Quelques réserves

Difficile de trouver un seul point faible dans ce nouveau « roman » de Philippe Besson. Sauf, peut-être, cette sensation, à la lecture de « Arrête avec tes mensonges », d’avoir été piégé par un écrivain follement malin !

Encore un mot...

          Enfin, avec son 18ème livre (« Arrête avec tes mensonges »), Philippe Besson signe un roman total. Le roman du premier amour, à 17 ans, pour un garçon ; de l’apprentissage, de l’éveil… Le roman de cet amour qui a inventé l’homme et l’écrivain qu’il est devenu. Un texte flottant délicieusement entre le délicat et le cru. Un beau et grand roman.

Une phrase

Ou plutôt deux:

- « …je me lève d’un bond, je pars à la poursuite du fuyant, je ne sui pas mû par le besoin de vérifier, car à cet instant-là je suis encore convaincu d’avoir raison, d’avoir raison contre la raison, contre l’évidence, je rattrape l’homme sur le trottoir, je pose ma main sur son épaule, il se retourne et. »

- « Il dit que pour moi les choses sont simples, que tout ira bien, que je m'en sortirai, c'est écrit, il n'y a pas d'inquiétude à avoir, je suis fait pour ce monde, il m’ouvre les bras. Alors que pour lui c'est comme s'il y avait une barrière, un mur infranchissable, comme si l'inter­dit prédominait ».

L'auteur

Né le 29 janvier 1967 à Barbezieux (Charente) où il a grandi, Philippe Besson a effectué des études supérieures au lycée Michel de Montaigne à Bordeaux. Il sera juriste puis directeur des ressources humaines, entre autres auprès de Laurence Parisot, à Paris, alors patronne de l’IFOP. 

En 1999, une rupture amoureuse le pousse à l’écriture. Ca donnera « En l’absence des hommes », son premier roman, publié en 2001. La même année, il publie « Son Frère » (adapté en 2003 au cinéma par Patrice Chéreau). Depuis, il publie un roman par an (sauf en 2010) et a été récompensé à deux reprises, avec le prix Emmanuel-Roblès en 2001 pour « En l’absence des hommes » et le grand prix RTL- « Lire » en 2003 pour « L’Arrière-saison ».

Son récent « Arrête avec tes mensonges » est son dix-huitième roman.

Auteur de la délicatesse et de la sensibilité, il a été surnommé par un critique parisien « peintre en sentiments » et ne cesse de répéter son admiration pour Marcel Proust et surtout pour Marguerite Duras.

Par ailleurs, Philippe Besson est dramaturge, scénariste et animateur pour la télévision.

Commentaires

pharos
mer 02/08/2017 - 22:03

j'ai pleuré parce que ma vie est une épreuve identique; j'écris ma biographie actuellement et ne présage rien de tres bon apres. merci pour ce beau texte, pour cette belle histoire d'amour

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