555
Parution janvier 2022
449 pages
22 Euros
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Thème
Dans l’atelier de Giancarlo Albizon, luthier italien, son associé Grégoire Coblence, ébéniste/restaurateur d’art, restaure l’étui usagé d’un violoncelle. Il découvre alors dans la doublure une partition ancienne. Serait-ce une sonate de Scarlatti ?
Tous deux montrent cette partition à Manig Terzian, claveciniste de grande renommée et interprète éminente de Scarlatti. Elle déchiffre, joue… et c’est l’émerveillement !
Les deux amis retournent dans leurs ateliers : que faire de cette partition ? Mais quelques temps après, un cambriolage survient dans l’atelier d’Albizon : deux violons disparaissent et ainsi que la fameuse partition. Le luthier et l’ébéniste vont alors se lancer à la recherche de cette « précieuse ». Mais ils ne seront plus les seuls à enquêter !!
Trois autres personnages convoitent aussi cette partition : Rodolphe Luzin-Farge, un musicologue critique musical spécialiste de Scarlatti, sans cesse à la recherche de reconnaissance, Joris de Jonghe, collectionneur-mécène de Bruges, richissime, veuf, et qui s’intéresse à Scarlatti en mémoire de sa femme passionnée de ce musicien et Manig Terzian, la grande claveciniste.
Par chapitres courts, de façon régulière, tel un métronome, ces 5 personnages nous entraînent dans un univers de secrets, de documents, de passions, partageant tous le même amour immodéré pour Scarlatti. Au fil de l’intrigue, les personnages apparaissent dans leur réalité et leurs vies vont s’en trouver modifiées.
De temps à autre, apparaît une sixième voix… une « voix » qui épie chaque recherche, une voix anonyme et vengeresse.
Points forts
Dans ce roman choral, nous pénétrons dans l’univers passionnant des luthiers, des restaurateurs, des chercheurs en musicologie : quelle superbe analyse celle du travail effectué par le chercheur français mais aussi par Baldassi le musicologue italien ! Nous sommes entraînés par l’énergie du collectionneur-mécène à trouver la pièce rare. Avec une minutie époustouflante, l’auteure nous décortique le travail de la claveciniste, mais aussi le monde pas évident des concertistes. Il y a des moments forts tels la description de ce que ressent le collectionneur/mécène lors d’un concert magistral de la claveciniste.
C’est un vrai bonheur de suivre le travail de l’artisan, le choix de la pièce de bois appelée à être l’âme du violon : quelle poésie. L’étude de ces sonates de Domenico Scarlatti devient au fil du livre une vraie petite musique qui résonne dans nos oreilles : magie de la Musique.
La quête effrénée de cette partition révèle des passions fortes et devient une enquête telle que le lecteur devient l’enquêteur.
Quelques réserves
Je n’en ai guère…. Si ce n’est un léger bémol (si je puis dire) sur la fin ; tout en découvrant des éléments nouveaux, j’avais deviné assez vite quelle serait l’origine de cette mystification.
Encore un mot...
L’auteure, partie de son amour fou pour Scarlatti et son œuvre, a construit un roman très bien mené. Elle prouve les pouvoirs de la Musique qui rassemble. Telles ces Sonates, l’écriture est fine, ciselée : se mêlent étroitement la beauté des mots et celle des notes. Oui, ces Sonates nous trottent dans la tête tout au long de notre lecture : il faut les écouter, les découvrir ou les redécouvrir au clavecin ou au piano.
Cette belle histoire devrait passionner les mélomanes et les amateurs d’enquêtes !
Une phrase
- « C’était une pièce particulièrement complexe dans son écriture : elle commençait par un tétracorde descendant, si typique des rythmes de séguedilles, se poursuivait par une cascade de suites ascendantes, de plus en plus rapides, illuminées par les trilles. Les arpèges qui se multipliaient à la fin m’ont fait trébucher plusieurs fois. Mais je m’en fichais……. Faire renaître une œuvre est toujours un moment exceptionnel, mais celle-là… » (p.22)
- « Je pensais à la succession d’interprètes qui avaient fait vivre cette splendeur à travers le temps. A ces rares volumes manuscrits, qui auraient pu être dix fois détruits, mais qui avaient été copiés avec ferveur, échappant ainsi aux outrages de l’oubli pour être réinventés de générations en générations. A ces pièces qui, presque trois siècles après leur création, avaient gardé le pouvoir de rassembler, comme elles le faisaient, ce soir, des êtres que tout aurait dû séparer l’âge, le degré de richesse, l’éducation, la couleur de la peau. J’ai pensé que dans le monde, à cette heure, la fureur et la haine embrasaient la planète un peu partout, qu’on mourait ici dans le bruit des fusils, là dans la détresse des famines et des exils. Mais ce soir, une fraction d’humanité s’était donné rendez-vous , à l’abri des notes, pour se réconcilier, se recueillir dans la joie pure d’une communion musicale » (p. 276/277)
L'auteur
Hélène Gestern, née en 1971, est enseignante-chercheuse à l’Université. 555 est son 8ième livre. Il vient d’être couronné du Grand prix RTL-Lire Magazine littéraire 2022
Commentaires
livre qui se laisse dévorer.
sujet, personnages interressants.
j’ai adore sauf... le dernier chapitre!
fin misogyne et sans flamboyance. tout ca pour ca! je suis tellement deçue. comment gâcher un livre en 10 pages.
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