1144 livres
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Thème
Le narrateur de « 1144 livres » est né sous X. Un jour, il reçoit un courrier de notaire lui indiquant que sa mère biologique, qu’il n’a jamais connue, lui a fait un don avant de mourir. Ce don, c’est une bibliothèque de quelque 1144 livres, emballés dans des cartons que l’héritier s’il l’accepte, pourra récupérer dans l’hôtel d’une petite ville de province.
Points forts
Un des points forts du roman de Jean Berthier est la quasi indifférence du narrateur à l’irruption dans sa vie de cette mère qui se fait connaître post mortem. Aucune sensiblerie. Aucune affectation. Au début du livre, le personnage qui a été adopté par une famille aimante qui lui a permis de faire des études de bibliothécaire, de devenir père à son tour, hésite même à aller récupérer ce cadeau d’un passé qu’il juge révolu.
Est-ce par curiosité, par amour des livres, qu’il se décide? En tous cas il ne manifeste rien de cette quête obstinée d’enfants nés sous X, indéfiniment en orbite tant qu’ils n’ont pas obtenu des renseignements sur le mystère torturant de leur naissance. Le narrateur de 1144 livres lui est un intellectuel , un philosophe amoureux des livres et qui a pour eux sacrifié bien des loisirs, bien sacrifié de la « vraie vie ». Il sait ce que lire veut dire. Quand il se décide à ouvrir les cartons d’ouvrages de la bibliothèque maternelle commence alors, par livres interposés, un étrange huis-clos avec un fantôme…
Dans la chambre glacée de l’hôtel où Maître Noblecourt le notaire a fait déposer les livres, le narrateur ouvre un à un chaque carton d’où il extrait fébrile chaque ouvrage. En spécialiste il en dissèque la couverture, l’année d’édition, le contenu…En sociologue de la lecture il analyse la psychologie des lecteurs de tel ou tel livre. Que disent-ils de sa vraie mère ? Fallait-il accepter l’héritage de quelqu’un qui vous abandonné ?
Un détail va changer le cours de la narration de ce petit roman. Quand l’auteur découvre dans un des ouvrages un marque-page incongru … une note de blanchisserie, indice émouvant de la présence d’une mère. Le bibliothécaire, distancé, sent vibrer alors une corde du passé « d’avant sa naissance ».
Quelques réserves
Aucun pour moi si ce n’est qu’on puisse s’étonner de la qualité des lectures de cette mère, qui passe de la joie de Bernanos aux poésies de Gide....
Est-ce une intellectuelle ? Ses goûts littéraires pourraient le laisser penser mais l’auteur s’en défend.
Encore un mot...
Une extraordinaire méditation sur le sens de la lecture.
Un premier roman d'une maîtrise impressionnante.
Jean Berthier, cinéaste sensible,peut sans problème être considéré aujourd'hui comme un écrivain à part entière.
Une phrase
L’auteur, bibliothécaire évoque les livres :
"Sans eux nous nous serions davantage promenés, nous aurions davantage discuté de tout avec tous ; sans eux, notre maison aurait été davantage plus soignée, les plantes auraient été mieux arrosées, nos habits mieux repassés ; sans eux nous aurions fait plus assidûment le bien ; sans eux nous aurions acquis plus de pouvoir, sans eux nous aurions gagné plus d’argent, nous aurions mieux dormi. Sans eux nous aurions vécu davantage .Mais que vaut la vie à n’être que ce corps -à- corps qui ne laisse sur l’aplat du présent que la trace des coups, la marque des joies, l’abrupte sensation mais non pas suffisamment la perspective et le sens ?"
L'auteur
Jean Berthier est cinéaste et documentariste. Il a réalisé plusieurs films: Same player shoots again (2002) Contre la nuit (2007), Une Mignardise (2010); Nous n’irons pas mourir (2012) et a été primé dans de nombreux festivals de court-métrage.
1144 livres est son premier roman.
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