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Thème
"Tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur", dit un proverbe Ugbo.
Pour Until the Lions, Akram Khan réunit une partie de l'équipe artistique qui avait collaboré à DESH. Ensemble ils tentent de devenir les "historiens" de l'une des grandes et méconnues héroïnes du Mahabharata, celle d’Amba. une princesse enlevée par Bheeshma alors qu’elle s’apprête à épouser Salva. Mais une fois devant le conseil des sages du royaume de Beeshma, elle expose son amour pour Salva. Libérée, elle retrouve son aimé, pourtant celui-ci la refuse, humilié dans le duel contre Beeshma. Amba est rejettée par tous les hommes, son amant, son père et son ravisseur. Elle fuit dans la forêt et par l’ascétisme mûrit une longue vengeance qu’elle perpétuera lors de sa réincarnation. Elle saute alors dans le feu. Devenue homme après cette mort, elle pourra venger son honneur et tuer Beeshma.
Points forts
- L’interprétation subjuguante de Ching-Ying Chien !
Cette danseuse incarne superbement toutes les facettes du personnage mythique d'Amba, une femme fière, vengeresse, séductrice, libre, et finalement meurtrière. Elle reconquiert le pouvoir, petit à petit, aidée de la part sauvage incarnée par Christine Joy Ritter. Cette interprétation provoque des émotions puissantes.
- La disposition du plateau : Circulaire, c’est sur une grande souche que les trois danseurs, luttent jusqu’à la résolution finale. Encerclés par les musiciens qui convoquent toutes les musiques du monde (choix un peu trop éparpillé) pour nous entraîner dans le tourbillon vengeur d‘Amba, les danseurs s’affrontent sous le regard d’une tête, bleue, plantée au bout d’un bâton (celle d’Akhram Khan ?).
Quelques réserves
J’ai été dérangée par le rôle du désigné Directeur artistique/Chorégraphe/Danseur. Akhram Khan raconte : « depuis la création de DESH, j’ai été attentif aux fonctionnements et aux capacités de mon corps, alors que je venais d’avoir 40 ans. Le passage de la scène au hors-scène, du corps à l'esprit, de l’acte d'incarner le physique à celui d'imaginer le physique est une transition complexe et fragile, une intersection que je trouve intéressante et stimulante …».
Ce point de départ semble assez éloigné des significations profondes du conte d’Amba. Cela contribue à affaiblir l’ensemble par l’omniprésence du danseur, qui devient centre du spectacle. Sa danse même est aux antipodes de celle des deux femmes.
De nombreux clichés émaillent ainsi l’ensemble de la représentation: Akhram Khan, rigide, répète la figure de la lutte, vue mille fois, entre l’homme et son masque, l’hybris qui lui fait s’arracher son propre visage. Cette mégalomanie ternit à mon sens, la force du spectacle.
Encore un mot...
Ca reste un conte merveilleux sur la femme, extraordinaire par sa technique et son interprétation: le travail seul, de Ching-Ying Chien mérite d’aller voir « Until the lions » .
Pour ceux qui préfèrent la mesure et la recherche formelle, on passera sur ce spectacle qui penche un peu trop vers la danse et musique « world ».
Une phrase
« begin to begin, begin to end», murmure la chanteuse par deux fois, comme un mantra.
L'auteur
En 2000, le chorégraphe Akram Khan et le producteur Farooq Chaudhry fondent Akram Khan Company. Maître de kathak (danse classique indienne) et chorégraphe contemporain, Akhram Khan se distingue par son style narratif. Chaque production puise ses racines dans le kathak classique et la danse moderne. Ses collaborations précédentes incluent le National Ballet of China, l’actrice Juliette Binoche, la danseuse ballerine Sylvie Guillem, le danseur et chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui et Israel Galván, la chanteuse Kylie Minogue, les artistes visuels Anish Kapoor, Antony Gormley etc.
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