UN AMÉRICAIN A PARIS

UN SWING ENCHANTEUR DANS DES DÉCORS FÉÉRIQUES…
De
MUSIQUE ET LYRICS DE GEORGE GERSHWIN ET IRA GERSHWIN
Mise en scène
ET CHORÉGRAPHIE DE CHRISTOPHER WHEELDON
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre Musical du Châtelet
1 place du Chatelet
75001
Paris
01 40 28 28 40
Jusqu’au 1er janvier 2020, 20 h le soir le samedi et dimanche 15 h et 20h

Thème

En 1945, à la libération de Paris, Jerry Mulligan, un jeune G.I. démobilisé décide de ne pas regagner sa terre natale et de rester dans la Ville Lumière. Il n’a pas un sou en poche, mais des rêves plein la tête, et il peint et dessine, beaucoup, car tout l’inspire. Au cours d’une de ses flâneries, il rencontre un musicien, pianiste dans un cabaret et un jeune millionnaire qui rêve de devenir chanteur.Devenus inséparables le hasard va faire que chacun, à l’insu des autres, va tomber secrètement amoureux de la même fille, Lise Dassin, une irrésistible danseuse, qui, en attendant un engagement artistique, gagne sa vie en vendant des parfums aux Galeries Lafayette… Va s’en suivre une série d’imbroglios amoureux. Débutée sur un coup de foudre, la romance entre Lise et Jerry triomphera…

Points forts

– La musique de Gerswhin est formidable. A l’origine le compositeur américain, inspiré par un séjour à Paris dans les Années Folles l’avait écrite sous la forme d’un poème symphonique d’une vingtaine de minutes. Pour les besoins de la comédie musicale, l’arrangeur musical Rob Fischer est allé chercher d’autres oeuvres du compositeur, des chansons (notamment The man in love) et des pièces plus importantes, comme sa Seconde Rhapsodie pour piano et orchestre, qui date de 1932. Au final, cela donne une partition éblouissante qui emprunte au jazz, à la musique yiddish, à la symphonie et à la variété. On dirait qu’elle a été écrite sur mesure pour être chantée et dansée. Dans la fosse, dix neuf musiciens, placés sous la direction précise et allègre de Jesse Warkenyin la font entendre dans tous ses éclats.

– Sur scène, dans les chorégraphies inventives et dynamiques de Christopher Wheeldon, qui mêlent classique, jazz et contemporain en suivant fidèlement les sonorités et les rythmes de la partition, la troupe est incroyable d’aisance : non seulement elle danse mais elle chante avec une virtuosité qui laisse pantois. Dans le rôle de Jerry Mulligan, l’américain Ryan Steele conjugue, comme rarement, précision, charme, fluidité et engagement. Mais quand respire-t-il ? Face à lui, dans le rôle de  son amoureuse Lise, l’ancienne danseuse du Royal Ballet de Londres Leanne Cope fait, elle aussi, assaut de grâce et de maîtrise. En solo ou en duo, tous les deux envoûtent la salle.

– Sur le plan de « l’habillage » du spectacle, c’est tout simplement magique. Le décorateur Bob Crowley a inventé une scénographie impressionnante, qui mêle, éléments physiques et projections vidéos. A chaque tableau, la scène se transforme en un clin d’oeil. On passe d’un bistrot parisien populaire à un studio de danse très chic, à un bord de Seine où sont amarrées des barques, à un rayon de parfums aux Galeries Lafayette, à un hall d’hôtel luxueux, etc. Les costumes qui évoquent la mode et les peintres de l’époque ajoutent à l’impression de féérie.

Quelques réserves

Peut-être un petit manque d’émotion ? Sans doute le prix à payer pour la perfection du spectacle…

Encore un mot...

Des musiques swing virevoltantes, des chorégraphies aussi aériennes que  spectaculaires, des chansons délicieuses, des décors féériques, des costumes somptueux et des interprètes aussi bons danseurs qu’acteurs et chanteurs… Chic!  Après avoir été joué 600 fois à Broadway et avoir accompli un tour monde triomphal, de Londres à Tokyo en passant par la Chine, Un américain à Paris est de retour à Paris, la ville où il avait été créé, voici cinq ans, grâce à l’obstination  de ce fou de comédies musicales qu’est Jean-Luc Choplin (alors patron du Châtelet, aujourd’hui, celui du Théâtre Marigny).

Dire que ce spectacle récompensé à New York par quatre Tony Awards et tiré du film aux six oscars de Vincente Minelli est un enchantement n’est pas du tout exagéré. Quand il s’arrête, au bout de près de  trois heures d’éblouissement chorégraphique, vocal et musical on s’aperçoit qu’on en aurait (presque) oublié le film de Minelli et ses interprètes mythiques, Gene Kelly et Leslie Caron.

Une phrase

« Un film n’est jamais transposé sur scène tel quel. Une adaptation est toujours indispensable. Revisiter le scénario tourné par Minelli était donc indispensable. Il faut saluer le magnifique travail de réécriture réalisé par Craig Lucas. Il situe la pièce immédiatement après la libération de Paris, offrant ainsi à l’action et à ses  protagonistes l’épaisseur et l’intérêt qui manquent un peu à l’oeuvre originale ».
(Patrick Niedo, auteur, spécialiste de la comédie musicale).

L'auteur

Le chorégraphe-metteur-en-scène :

Même s’il est anglais et artiste associé au Royal Ballet de Londres depuis 2012, Christopher Wheeldon est devenu, en quelques années l’un des chorégraphes les plus prisés et l’un des plus récompensés de Broadway.

Né le 22 mars 1973 à Yeovil en Angleterre, Christopher Wheeldon commence la danse à l’âge de huit ans. A onze, il intègre la Royal Ballet School et à dix-huit, le Royal Ballet de Londres. En 1993, il traverse l’Atlantique et entre au New York City Ballet dont il devient danseur étoile en 1998, puis en 2001, premier chorégraphe résident. Ayant décidé de quitter définitivement la scène, il va créer de nombreux ballets, pour Le New York City Ballet, mais aussi pour le Royal Ballet et sa propre compagnie, Morphoses/ The Wheeldon Company. En 2014, il s’essaie à l’écriture chorégraphique de comédie musicale. C’est Un Américain à Paris, qui va lui valoir de nombreuses récompenses, dont le Tony Award de la meilleure chorégraphie.

Christopher Wheeldon reviendra au Châtelet en juillet. Dans le cadre des Étés de la danse, il présentera son Cendrillon, qui vient de remporter Le Benois de la danse.

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