RAYMONDA

La perfection classique pendant trois heures d’horloge… Et on en redemanderait…
De
RUDOLF NOUREEV D‘APRÈS MARIUS PETIPA
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

OPERA DE PARIS - BASTILLE
PLACE DE LA BASTILLE - 120 rue de Lyon
7502
Paris
08 92 89 90 90
En alternance jusqu’au 31 décembre 2019

Thème

Créé en 1898 au théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg sur la partition d’Alexandre Glazounov (l’élève favori de Rimski-Korsakov), Raymonda fut l’ultime ballet narratif d’envergure qu’écrivit, à l’âge de 80 ans, le français Marius Petipa.

L’action se passe au XIII° siècle. Dans son château de Provence, la comtesse de Doris s’apprête à marier sa nièce Raymonda au comte Jean de Brienne. Ce sont les préparatifs des noces, et les gentes dames du château écoutent les troubadours en attendant leurs fiancés partis combattre en Terre Sainte. Presque dans le même temps que l’annonce du retour imminent des croisés, le roi de Hongrie fait son entrée, porteur d’une lettre du futur marié dont il est un des amis. La liesse provoquée par cette arrivée est de courte durée: une armée de sarrasins est aux portes de la ville. La surprise est grande  lorsque le chef de ces sarrasins, Abderam se présente au château et dépose de somptueux bijoux aux pieds de Raymonda. Bien que troublée par ce sensuel et généreux étranger, la jeune femme résiste. Mais Abderam insiste. Il offre un divertissement au cours duquel il essaie d’enlever Raymonda, qui est sauvée in extremis sur une intervention de son fiancé, tout juste arrivé. Les deux rivaux combattent, le fougueux Abderam perd la vie. La morale et le devoir ont triomphé du désir: Raymonda épouse, comme prévu, le sage prétendant choisi par sa famille.

Points forts

– L’oeuvre, d’abord, qui est l’une des plus prestigieuses et des plus inventives du ballet classique de la fin du XIX°siècle, l’une des plus longues aussi:  Il faut plus de trois heures (avec deux entractes) pour raconter cette histoire d’amour moyenâgeuse qui se déroule sur fond d’Orient et d’Occident . Mais ce sont  trois heures qui passent à la vitesse de l’éclair tant elles sont foisonnantes en rebondissements dramaturgiques et en prouesses techniques. Car depuis la toute première création en 1898 de Raymonda par Marius Petipa, sur un argument de la comtesse franco-russe Lydie Paschkoff, le grand Rudolf Noureev s’est réapproprié l’oeuvre et l’a revitalisé à la mesure de sa virtuosité et de son talent. Pas un seul tableau, solo ou d’ensemble, qui ne soit périlleux pour les interprètes, et de ce fait, spectaculaires pour le public. 

– D’une difficulté diabolique, Raymonda nécessite des danseurs de haut niveau et, de ce seul fait, est donc rarement donné. Seules s’y risquent les plus grandes Compagnies. Celle de l’Opéra de Paris appartient à ce clan très fermé. C’est merveille de la voir ici magnifier “l’écriture”  de Noureev, la rendre  si palpitante.

– Au soir de la première, dans le personnage de Raymonda, l’Etoile Dorothée Gilbert, était impériale de grâce, de souplesse, de sensualité  et de maintien, semblant se moquer comme d’une guigne des chausse-trappes de son rôle. Gageons que celles qui vont lui succéder, Ludmila Pagliero, Léonore  Baulac et Valentine Colasante sauront éblouir pareillement le public.

– Même dithyrambe en ce qui concerne les deux principaux interprètes masculins, Hugo Marchand (Jean de Brienne) et Stéphane Bullion (Abderam). Dans leurs partitions respectives tout aussi audacieuses sur les plans théâtral et chorégraphique, technique et maîtrise parfaites, ils ont soulevé l’enthousiasme.

– Les somptueux costumes et les décors, composés de magnifiques tentures mordorées, sont à la hauteur de l’ensemble.

– Dans la fosse, le chef estonien Vello Pähn dirige d’une main souple et ferme la belle et profonde partition de Glazounov. Il sait créer l’osmose est entre ses musiciens et les danseurs. 

Quelques réserves

Aucun, absolument aucun.

Encore un mot...

Les fans de Noureev et, plus largement, ceux d’une danse classique matinée d‘académisme et de modernité peuvent être contents : après onze ans d’absence, Raymonda est de nouveau à l’affiche de l’Opéra de Paris, et il est dans une forme olympique. Le ballet avait été créé en 1983 pour le  plateau de Garnier. Belle surprise! L’immense scène de Bastille convient admirablement aussi à cette oeuvre monumentale et virtuose qui « convoque » 64 danseurs. L’occasion de constater que, sous la houlette de l’(ancienne) Etoile Aurélie Dupond, la troupe de l’Opéra de Paris  continue de tutoyer les sommets.

Une phrase

 « La chorégraphie de Marius Petipa contient une innovation qui vaut d’être notée particulièrement, car elle annonce déjà la résurrection de la danse masculine : alors que, dans toute l’Europe, le danseur semblait être relégué au rang de simple portefaix, Petipa fait exécuter un pas de quatre par des garçons » (Serge Lifar, chorégraphe). 

Noureev poursuivra dans cette voie, donnant de plus en plus d’importance aux rôles masculins dans ses ballets.de l’(ancienne) Etoile Aurélie Dupond, la troupe de l’Opéra de Paris  continue de tutoyer les sommets.

L'auteur

Vingt-six ans après sa disparition – le 6 janvier 1993 à Levallois Perret à l’âge de 54 ans – Rudolf Noureev reste l’un des danseurs et chorégraphes les plus mythiques du XX° siècle. Au départ, pourtant ce jeune prodige sans égale n’avait rien, à priori, pour devenir une star adulée dans le monde entier. Né au bord du Transsibérien, le 17 mars 1938 près d’Irkoutsk, dans une famille pauvre d’origine tatare, il passa une petite enfance miséreuse à Oufa, sous la férule d’un père peu porté sur les arts.

C’est un soir de réveillon que son destin va basculer. Le 31 décembre 1945, il assiste par hasard à un ballet. Il a sept ans. Il est ébloui. Il décide de devenir danseur et rien ne l’arrêtera, ni le manque d’argent, ni les foudres paternelles, ni les moqueries de ses camarades.

A 17 ans, il se fait engager au Kirov. A 23 ans, il profite d’une tournée pour demander l’asile politique à la France. Dès lors, il ne quittera plus le haut des affiches internationales et mènera la carrière de danseur étoile que l’on sait. Une carrière bâtie sur une extraordinaire ténacité, un caractère rebelle, un goût immodéré pour la liberté, une soif s’apprendre inextinguible, un perfectionnisme obsessionnel et… un charisme hors du commun.

Parallèlement à ses prestations de danseur, Noureev signera une quinzaine de chorégraphies, dont cette Raymonda, « réécrite » à partir de celle de son aîné, Marius Petipa. Cet artiste hors-norme occupera aussi   les fonctions de directeur de la Danse à l’Opéra de Paris, entre 1983 et 1989, six années d’âge d’or pour l’Institution, tant par l’enrichissement de son répertoire (Don Quichotte, Raymonda, Le Lac des Cygnes…) que pour la perfection vers laquelle l’Etoile russe aura poussé sa Compagnie de danse. L’oeuvre ultime de celui qu’on qualifie parfois de génie sera La Bayadère, qu’il réécrira en 1992, également à partir de celle de Petipa.

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