Le Songe d'une nuit d'été
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Thème
Ecrit par William Shakespeare entre 1594 et 1595, après « Roméo et Juliette », « Le Songe d’une nuit d’été » est une comédie-féérie complexe, qui va mettre le monde à l’envers, le temps d’une nuit…
Chez le dramaturge anglais, la pièce, qui se déroule dans la Grèce antique, comporte cinq actes. Balanchine l’a réduite à deux. Cette compression d’une histoire déjà compliquée, avec humains et divins, fait qu’on se perd dans l’intrigue, mais cela n’a aucune importance, puisqu’il s’agit d’une féérie.
L’œuvre met en scène un duc d’Athènes, Thésée, qui s’apprête à épouser dans son palais, Hippolyte, la reine des amazones. Elle met en scène aussi, dans une forêt attenante, un roi des elfes, Obéron. Ce dernier s’étant disputé avec sa femme Titania, va demander à un lutin, Puck, de verser une potion magique sur les paupières de son épouse.
Il s’en suivra un grand chassé croisé, car le facétieux Puck versera aussi le philtre magique sur d’autres paupières, appartenant à deux couples d’amants mal assortis, d’où des métamorphoses étranges et des renversements d’amour…
Mais tout finira bien. Au bout de cette nuit onirique, et après que les ensorcelés aient reçu une antidote, les couples se reformeront. L’acte 2 sera entièrement consacré aux festivités du mariage de Thésée et d’Hippolyte, ainsi qu'à celles du mariage des deux couples rabibochés.
Points forts
- La chorégraphie de George Balanchine, bien sûr. Bien que le créateur se soit peu aventuré dans les ballets narratifs, son style, à la fois si limpide et si aérien, s’adapte parfaitement à la pièce de Shakespeare, tressée de grâce, de sensualité et d’onirisme.
Comme souvent avec Mister B, la part belle est réservée aux femmes. Mais la partition qu’il offre ici à Puck le malicieux est de toute splendeur. A la fois acrobatique et bondissante, elle offre à celui qui s’en empare l’opportunité de prouver à la fois sa précision, sa technique, sa drôlerie et son sens de la théâtralité .Le soir de la première, le jeune Sujet Paul Marque a fait des étincelles.
- L’interprétation, bien sûr, aussi. Et cela, sans surprise. George Balanchine est depuis longtemps l’un des chorégraphes préférés de la troupe de l’Opéra de Paris, et particulièrement, de ses danseuses. Son répertoire semble toujours donner des ailes aux ballerines de la Compagnie parisienne.
- Et enfin, les décors et les costumes. Signés, pour les uns comme pour les autres, par Christian Lacroix, ils participent à l’enchantement de cette soirée. Le décor du premier acte est particulièrement réussi, qui évoque une forêt luxuriante entrelacée de fleurs multicolores au centre desquelles est placé un immense coquillage blanc. Visuellement, c’est splendide.
Quant aux costumes, ils sont également de toute beauté, légers, aériens, inventifs, taillés dans des étoffes qui évoquent les songes.
Quelques réserves
Sauf à détester les ballets narratifs, il n’y a aucun point faible.
Encore un mot...
On l’a compris, cette soirée n’appelle que les dithyrambes, d’autant plus que dans la fosse, le chef Simon Hewett dirige d’une baguette à la fois souple, ferme et précise la partition de Mendelssohn.
Prévenir tout de même les balletomanes qui vénèrent Balanchine pour son audace et son modernisme. Sans doute bridé par son désir d’être fidèle au dramaturge britannique, Mister B fait preuve pour ce « Songe » d’un classicisme très sage. Ce qui n’enlève rien à la beauté sensuelle de sa chorégraphie, ici interprétée à la perfection.
Une phrase
«Ce divertissement, satire des effets de l’amour et des folies du cœur, mélangeant les genres et les tons… atteint une dimension cosmique en unissant le réel et le mystère ». Jean Vilar.
On ne pouvait mieux dire...
L'auteur
Né le 22 janvier 1904 à Banodzha en Géorgie, d’un père compositeur de musique, George Balanchine commence par étudier le piano à l’âge de 5 ans.
A dix, il entre par hasard dans la célèbre école de danse du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, tout en poursuivant ses études pianistiques. Plus tard, au moment du choix de sa carrière, il hésite longuement entre le piano et la danse, avant d’opter finalement pour cette dernière. Mais son extrême sensibilité à la musique fera de lui « le » chorégraphe qui a renouvelé le ballet classique en le projetant dans l’abstraction, pour, dira-t-il, qu’on « puisse voir la musique et entendre la danse ».
En 1924, profitant d’une tournée européenne de la Compagnie du Théâtre Mariinsky dont il est devenu l’un des interprètes, il fait faux bond à l’Est et intègre la troupe des Ballets russes de Diaghilev, où il affirme presque aussitôt sa vocation de chorégraphe. En 1925, il créée « l’Enfant et les sortilèges sur la musique de Maurice Ravel. Il voyage partout en Europe. En 1933, il se fixe aux Etats Unis et fonde, en 1948, le prestigieux « New York City Ballet » (NYCB). Pour cette seule Compagnie, ce créateur fécond, qui était l’ami de nombreux compositeurs de musique, écrira plus de cent ballets. Tous des bijoux !
Ce grand amoureux des femmes, surnommé « Mister B », nouera aussi des liens privilégiés avec l’Opéra, pour lequel il remontera de nombreux ballets à partir de 1947, et créera « Le Palais de Cristal ».
Celui dont on dit souvent qu’il était un génie s’éteindra à New York en 1983.
Il laisse en héritage plus de 400 créations, dont ce « Songe d’une nuit d’été », qu’il avait écrit en 1962 pour sa Compagnie new-yorkaise, et qui fait son entrée , en ce mois de mars 2017 ,au répertoire de l’Opéra de Paris.
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