La Veuve Joyeuse
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Thème
Dans le palais qui abrite l’ambassade parisienne de la petite principauté de Pontevedro, la fête bat son plein. Mirko Zeta, l’hôte du lieu, et son épouse, la délicieuse et frivole Valencienne, donnent un bal en l’honneur de Hanna Glawari, une séduisante, mais surtout richissime veuve pontévédrine dont la principauté, au bord de la faillite, convoite l’immense fortune.
Problème : pour que l’argent ne sorte pas du pays, il faut qu’elle se remarie avec un natif de la communauté. Tous les regards convergent vers le sémillant comte Danilo. Mais celui-ci, qui aime pourtant la veuve, refuse de se déclarer. Par fierté, bien que cette inclination soit sincère et réciproque, il craint qu’on le soupçonne de vénalité.
Après différents quiproquos et une multitude d’intrigues parallèles où l’on va entendre des portes claquer, voire des soupçons naitre puis disparaître, tout finira par s’arranger. Hanna épousera Danilo et son argent restera bien au Pontevedro.
Points forts
- L’œuvre, l’œuvre, l’œuvre, et encore l’œuvre. En effet, comment résister à cette opérette, un des joyaux du genre, dont la musique vous soulève de votre siège, et dont les airs, notamment ceux de La chanson de Vilja et d’Heure exquise sont devenus des tubes connus de tous !
Depuis sa création en 1905 à Vienne cette Veuve, joyeuse, mais aussi sensuelle, raffinée, piquante et sexy, d’une incroyable richesse mélodique aussi, a fait battre le cœur de millions de spectateurs à travers le monde. Quand elle arriva à Paris, quatre ans après sa création, elle avait déjà été donnée plus de 20 000 fois. Un record absolu en matière d’opéra ! Encore aujourd’hui, avec Carmen et La Traviata, dans des registres évidemment différents, cette Veuve pétulante est l’une des héroïnes lyriques les plus prisées du public et… des interprètes. La preuve, Joan Sutherland, Gundula Janowitz, Kiri Te Kanawa, Elisabeth Schwarzkopf, Renée Flemming… les plus grandes sopranos s’y sont bousculées.
- La danse. Elle est pour beaucoup dans la fascination des spectateurs pour cette Veuve, au delà du livret de celle-ci et et de sa partition. Au cours des trois actes, elle est omniprésente, sous de nombreux rythmes. Il y a, bien sûr, la valse « exquise » et « qui grise », mais il y a aussi, des galops, des marches, des polkas, le très folklorique et entrainant kolo et aussi, en apothéose, le cancan final. Dans cette production, ce dernier est interprété par une troupe de danseurs dont l’énergie, le brio et la joie de danser dynamitent la salle et en mettent plein la vue.
- Dans cette production les costumes réjouissent l’oeil. Belle époque, signés de l’italien Francesco Zito, ils sont splendides, chatoyants, « kitch » pour les grisettes, somptueux pour les solistes et personnages principaux.
Quelques réserves
- On a de la peine à l’écrire parce que, d’habitude, on loue cette chanteuse délicate et minutieuse, mais il faut bien avouer qu’ici, dans le rôle-titre, Véronique Gens déçoit. Certes, elle est exquise et élégante, mais elle manque de l’abattage, de l’humour, et du sex-appeal un peu tapageur que requiert son personnage. Plus ennuyeux encore, sa voix ne parvient jamais à emplir l’immense salle de la Bastille. C’est d’autant plus dommage que son timbre a de la séduction et qu’elle chante juste, même les airs les plus périlleux.
- Il faut bien dire aussi que, mis à part le baryton américain Thomas Hampson (parfait dans le rôle de Danilo), la soprano Valentina Nafortina (pétillante et gracieuse Valencienne) et le jeune ténor Stéphane Costello (très à l’aise dans ses habits de prétendant ), la distribution est dans l’ensemble décevante. Manque de puissance vocale, absence de précision et difficultés à se caler avec l’orchestre… On a la sensation d’être face à des artistes à qui il a manqué des répétitions. Impression accentuée par le fait que dans la fosse, le chef, peut-être pour ménager ses «troupes » mal préparées, dirige sur des tempi souvent trop lents.
- La mise en scène, un peu poussiéreuse, hiératique, trop solennelle, noyée dans un décor trop vide, trop froid, n’arrange rien.
Encore un mot...
Ouvrir la saison de l’Opéra de Paris avec l’une des œuvres les plus tourbillonnantes du répertoire était, pour les amateurs, un projet alléchant. Et d’ailleurs, au soir de la première, la salle était archicomble. On était d’autant plus impatients que la Veuve, entrée au répertoire de l’Institution en 1997 dans cette même mise en scène de Jorge Lavelli, n‘avait plus été jouée depuis 2012.
Si on a déchanté au soir de la première, c’est que cette Veuve, donnée auparavant sous les ors de l’Opéra Garnier, a paru comme « noyée » à l’Opéra Bastille trop grand, trop froid.
Elle a manqué d’entrain, de peps, de cohésion et de cette folie vaudevillesque qui fait d’habitude tout son sel. Elle a surtout manqué d’une héroïne charmeuse, virevoltante, irrésistible, indéniable.
Heureusement, est restée l’œuvre, dont la séduction, l’entrain et la beauté musicale résistent à tous les traitements. C ‘est essentiellement à elle, et aux chorégraphies de Laurence Fanon que les bravos sont allés.
Cela dit, certaines imperfections de cette production devraient s’atténuer au fil des représentations.
Une phrase
« La Veuve joyeuse est la séduction même. Sur la plus attrayante des musiques, elle parle de l’art de séduire et de l’aspiration au bonheur. Un véritable jubilation, quelque chose de ludique et de très fort se dégage de cette œuvre, qui, bien plus qu’un divertissement touche à l’inconscient collectif et culturel ». (Jorge Lavelli, metteur en scène).
L'auteur
Né le 30 mars 1870 en Hongrie d’une mère hongroise et d’un père autrichien, chef de fanfare dans un régiment d’infanterie de l’armée austro-hongroise, Franz Lehár commence par étudier le violon et la composition au Conservatoire de Prague. C’est comme chef d’orchestre militaire qu’il débute sa carrière, en se produisant dans de nombreuses villes dont Leipzig où son premier opéra Kukuschka est donné en 1896 avec un certain succès.
En 1902, il est nommé chef principal du Theater an der Wien où est créée son opéra Wiener frauen. Mais c’est en 1905, avec La Veuve Joyeuse qu’il connaît la gloire. Cette opérette aux airs irrésistibles va vite faire le tour de nombreuses villes européennes, dont, en 1909, Paris.
Lehár continuera de composer, des opérettes bien sûr, comme Frasquita (1922), Le Pays du sourire (1929) et Giuditta (1934), mais aussi des sonates, des poèmes symphoniques, des marches et un certain nombre de… valses, genre qui occupe une place prépondérante dans son oeuvre.
Il mourra en pleine gloire le 24 octobre 1948 à Bad Ischl, près de Salzbourg, où il est enterré. A Vienne une rue porte son nom.
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