La Dame aux camélias
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Thème
Ecrit en 1848 par Alexandre Dumas (fils), le roman de La Dame aux camélias relate la courte liaison de l’écrivain avec la célèbre courtisane Marie Duplessis, qui mourut de phtisie à l’âge de 23 ans, pauvre et abandonnée de tous, après avoir sacrifié son amour pour ne pas compromettre l’homme qu’elle aimait. Dans le roman, Marie Duplessis, qui a pour habitude de porter à son buste des camélias, blancs quand elle est disponible pour ses admirateurs, rouges dans le cas inverse, apparaît sous le nom de Marguerite Gautier et son amant, sous celui d’Armand Duval.
Aujourd’hui, parce qu’il a été moult fois porté au théâtre, au cinéma et à l’Opéra, notamment par Verdi pour sa célébrissime Traviata, tout le monde (ou presque) connaît le drame de la Dame aux Camélias.
Points forts
- D’abord, la chorégraphie. John Neumeier étant un admirateur fou de l’héroïne de Dumas, il a cherché à la fois à la sublimer et à l’incarner. Pour cela, il a écrit son ballet comme un script de film, ce qui lui a laissé une grande liberté de traitement. Truffé de flash-backs, de gros plans et de mouvements d’ensemble, son récit n’est pas linéaire. Ainsi, par exemple, le ballet commence dans l’appartement de Marguerite Gautier, mais après sa mort. Ces allers et retours dans le temps densifient le spectacle, le dynamisent, permettent de belles variations entre onirisme et réalisme.
Pour enrichir encore sa chorégraphie, Neumeier ne s’est pas limité au seul récit de Dumas. Il a imaginé une action parallèle, celle d’une autre courtisane au destin tragique, Manon Lescaut. On va donc voir Marguerite et Armand assister à une représentation d’une pièce mettant en scène les amours contrariés de l’héroïne de l’Abbé Prévost et de son chevalier servant Des Grieux. Les drames de Marguerite et de Manon se faisant ainsi écho et s’entrelaçant, l’émotion du spectateur est décuplée.
- Sur le seul plan gestuel, le ballet est splendide, très acrobatique. Les mouvements d’ensemble sont virtuoses, les duos, passionnés, et les portés périlleux.
- Comme à son habitude, la troupe de l’Opéra de Paris, rompue au néo-classique, magnifie les intentions du chorégraphe. Dans le rôle d’Armand Duval, l’Etoile Mathieu Ganio est impressionnant de souplesse, d’élégance et de présence. Ces compliments vont aussi à Myriam Ould-Braham qui est une Manon toute de grâce, de tenue, de fragilité et d’émotion. La prestation du jeune sujet Marc Moreau qui, ici, est de Grieux pourrait lui valoir de monter en grade dans la troupe.
- Somptueuse, raffinée, romantique, la musique de Chopin (deux concertos et pièces pour piano seul interprétés par un Emmanuel Strosser très inspiré) ajoute encore à la féérie de ce spectacle d’un raffinement visuel inouï.
Quelques réserves
Le soir où nous y étions, Laure Baulac , qui dansait le rôle titre n’était pas au meilleur d’elle-même. Ports de bras médiocres, « exécution » correcte, mais dénuée de tenue, d’émotion et de sensualité… Assez loin des interprètes qui l’avaient précédée, dont, les inoubliables Aurélie Dupont et Agnès Letestu.
On souhaite à Laure Baulac de se reprendre au fil des représentations. D’autant qu’elle a pour partenaire l’irrésistible Mathieu Ganio.
Précisons que quatre autres étoiles sont programmées dans le rôle de Marguerite Gautier.
Encore un mot...
Depuis son entrée au répertoire de l’Opéra de Paris, en 2006, La Dame aux Camélias chorégraphiée par John Neumeier sur des musiques de Frédéric Chopin ne cesse d’enchanter le public. A juste titre. De tous les ballets que cette œuvre autobiographique et romanesque a inspirés, cette pièce est sans doute celle qui en extrait avec le plus de subtilité l’essence romantique, rendant palpable les émotions de la célèbre courtisane. Techniquement, il est en plus très beau et visuellement, magnifique.
Quatre distributions vont se succéder sur le plateau de l’Opéra Garnier. Choisir va être difficile !
Une phrase
« Ce que raconte la Dame aux camélias de John Neumeier ce n’est pas l’aventure surannée et mondaine de Marguerite et Armand, c’est la passion même, dégagée de toute anecdote, dépouillée de toute sentimentalité. La passion pure. Rien n‘est plus intérieur que la musique de Chopin. Mais qu’est-ce que la danse, la vraie, sinon l’intériorité visible dans l’espace ? »
(Etienne Barilier, écrivain-philosophe).
L'auteur
Né le 24 février 1939 à Milwaukee dans le Wisconsin, John Neumeier prend ses premiers cours de danse dans sa ville natale où il obtient aussi une licence en littérature et en théâtre. Après un passage à Chicago, il poursuit sa formation à Copenhague et à Londres, à l’Ecole du Royal Ballet où il se fait remarquer par Marcia Haydée qui l’engage dans la compagnie de John Cranko à Stuttgart en 1963. C’est là que le jeune Neumeier va signer ses premières chorégraphies. En 1969, il devient le directeur du Ballet de Francfort; en 1973, de celui de Hambourg qu’il réorganise de fond en comble et qui est depuis, l’une des compagnies les plus importantes d’Allemagne.
Aujourd’hui, John Neumeier compte parmi les chorégraphes les plus prolifiques du monde. On lui doit plus de cent pièces, dont de nombreux ballets longs. Préoccupé à la fois de la tradition et du renouveau de celle-ci, il ne cesse de s’employer à revisiter le ballet narratif classique, initiant ce processus par des relectures originales des grands classiques du XIX° siècle, dont Casse-Noisette, le Lac des Cygnes et la Belle au Bois dormant sont parmi les plus beaux exemples. Mais Sa Dame aux Camélias, créée en 1978 pour Marcia Haydée, reste jusqu’à présent son œuvre phare, en tous cas celle qui est son plus grand succès international.
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