La clémence de Titus
Infos & réservation
Thème
Avant que Mozart ne s’en empare pour satisfaire une commande de l’empereur Léopold II, La Clémence de Titus avait déjà été mis en musique par une quarantaine de compositeurs, dont Glück, en 1752. Il faut dire que son livret, écrit en 1734 par le poète Pietro Metastasio, aborde au moins deux questions cruciales pour cette époque de monarchies et d’empires, celle des liens de fidélité et de trahison sur un plan politique et celle de la suprématie de la raison d’Etat sur le sentiment amoureux.
Quand il s’attelle à sa tâche en 1791, Mozart juge le livret de Métastasio un peu « démodé ». Il demande à un poète de la Cour de Dresde, Caterino Mazzolà de le remettre au goût du jour et de le ramener à deux actes.
Quand le rideau se lève, nous sommes à Rome. Rendue furieuse que l’empereur Titus, qu’elle voudrait épouser, semble lui préférer Bérénice, la princesse Vitellia exhorte Sextus , son soupirant transi, d’aller l’assassiner. Elle ne sait pas que, malgré son amour pour elle, Titus a déjà choisi de répudier l’étrangère Bérénice. Quand Vitellia se rend compte de son erreur, il est trop tard, le complot est en marche, le Capitole est en feu, et l’on croit Titus mort.
En fait, l’empereur a échappé au complot. Quand il apprendra que c’est son ami Sextus qui a voulu l’assassiner, il entrera d’abord dans une grande colère, avant de faire preuve de clémence et de pardonner à tous, y compris à Vitellia. La paix, dans son empire, sera sauvée.
Points forts
- Quand on entend cette œuvre, on se demande pourquoi, elle fut si mésestimée pendant si longtemps. Certes, La Clémence de Titus est un opéra « séria » : contrairement à l’opéra « buffa » qui avait envahi les scènes de cette époque, il ne comporte ni scène, ni personnage comique; certes, sa construction est un peu conventionnelle, mais… quelle musique ! Cette œuvre, qui est pour l’oreille un enchantement, compte certains arias parmi les plus beaux de Mozart. En outre, parce que, pour la première fois dans l’histoire du lyrique, elle accorde une place exceptionnelle aux instruments, elle hisse, ces derniers au rang de solistes. Cela se traduit, par exemple, par des duos voix-clarinette d’une beauté inouïe.
- Quelle distribution ! Tous les chanteurs seraient à citer, tant ils sont au diapason de l’œuvre. Voix chaude, souple, et bien projetée, agilité vocale impressionnante, émotion à fleur de peau, la mezzo Sophie D’Oustrac, méconnaissable dans le rôle de Sextus, soulève le public. A l’instar de la soprano Amanda Majeski, impériale et somptueuse dans le rôle de la maléfique Vitellia. A l’instar aussi d’Antoinette Dennefeld, qui sous les habits masculins d’Annius, fait entendre le meilleur de sa voix si agile, de mezzo. Dans le rôle de Titus, Ramon Vargas ne démérite pas non plus. S’il a semblé, vocalement, peu à l’aise lors de son entrée en scène le soir où nous y étions, sa voix s’est épanouie au fil de la représentation.
- Dans la fosse, le jeune chef israélien Dan Ettinger fait preuve d’une belle autorité. Il imprime du souffle à sa direction, et de ce fait, l’orchestre restitue à merveille les nuances et les splendeurs de la partition.
- L’œil est comblé aussi, par la mise en scène élégante et précise de Willy Decker. Les chanteurs, très bien dirigés et qui donnent tous de l’émotion à leur personnage, évoluent sur un plateau presque nu, ceint d’une structure circulaire grise à pans coupés. En son centre, un bloc de marbre blanc duquel va surgir, petit à petit, une statue du visage de Titus. La couleur vient des costumes, rouge ou jaune pour les solistes, noir pour les chœurs. C’est simple et splendide, très fort symboliquement.
Quelques réserves
On cherche, on cherche. On ne trouve pas de faille. Ah si. Peut-être peut-on regretter la relégation des chœurs dans les coulisses, par deux fois… Une broutille...
Encore un mot...
Dire que cette production est éblouissante n’est pas exagérée. Elle a vingt ans ? On la dirait créée hier! Sa mise en scène épurée la rend intemporelle. Elle rend hommage au génie de Mozart d’autant plus qu’ici elle est portée par un plateau « de luxe ». On sort de cette soirée, comblé, en se demandant pourquoi cette Clémence de Titus a été si longtemps boudée.
Une phrase
« Aucun autre compositeur, en dehors peut-être de Schubert, n’a su exprimer avec une telle luminosité trompeuse son pessimisme, sa tristesse, et cette ambivalence s’est manifestée en particulier à la fin des opéras… Au fil des œuvres, elle a été toujours plus violente. Avec La Clémence de Titus, elle a atteint son point maximal, et c’est sans doute pour cette raison que l’œuvre est restée dans l’ombre pendant 150 ans ». (Willy Decker, metteur en scène).
L'auteur
Né le 27 janvier 1756 à Salzbourg, Wolfgang Amadeus Mozart est un enfant prodige. A quatre ans, il commence à apprendre le clavecin et à six, se met à étudier la composition. « Cornaqué » par son père, il se produit très jeune dans des tournées, puis entre, à seize ans, comme musicien, au service du prince de Salzbourg, poste dont il démissionne en 1777, pour devenir, deux ans plus tard, l’organiste attitré de cette ville, et cela, jusqu’à son départ pour Vienne en 1779. Il va survivre en jouant pour la Cour et en donnant des leçons de musique et des concerts de piano.
Ses dernières années sont d’une grande misère. Il meurt le 6 décembre 1791, à l’âge de 35 ans, et est enterré dans une fosse commune.
Pendant sa courte vie, ce musicien et compositeur génial aura composé une œuvre colossale, comportant des chefs d’œuvre dans presque tous les domaines : musique lyrique (parmi ses opéras, l’Enlèvement au sérail, Cosi fan tutte, Les Noces de Figaro, Don Giovanni et La Flûte enchantée), musique concertante, musique de chambre, etc…
Composé la même année que La Flûte enchantée, pour célébrer le couronnement de l’empereur Léopold II en tant que roi de Bohême, La Clémence de Titus fut l’ultime opéra du compositeur, qui, malgré son épuisement, l’écrivit en un temps record de moins de trois semaines. Cette œuvre qui marquait son retour à l’opéra seria fut créée le 6 septembre 1791 au théâtre National de Prague. Presque trois mois jour pour jour après, Mozart s’éteignait.
Commentaires
C'est une légende que Mozart soit mort dans la misère. Son problème est qu'il avait tendance á dépenser trop vite les sommes parfois considérables que lui rapportait sa musique, ce qui lui valut quelques désagréments avec des créanciers. Et il ne fut pas enterré dans une fosse commune. Il avait simplement choisi, comme le faisaient les 2/3 des Viennois, l'enterrement de troisième classe, mis à la mode par l'empereur Joseph. Ce dernier, ennemi des obsèques par trop pompeuses, avait même proposé à ses sujets un cercueil "réutilisable" et se contenta pour lui même d'un modèle plutôt fruste.
Merci pour ces précisions ; j’espère qu’elles sont exactes et merci par avance d’autres infos de ce genre, que je me propose de communiquer lors des concerts que nous projetons avec la clémence de titus au programme.
Ajouter un commentaire