La Chauve Souris
Livret de Karl Haffner et Richard Genée; d’après "Le Réveillon", de H.Meilhac et L.Halévy.
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Thème
C’est le soir du réveillon de Nouvel An. Gabriel von Eisenstein s’apprête à abandonner son épouse Rosalinde pour effectuer le séjour en prison auquel il a été condamné pour s’être battu avec un huissier. La belle « délaissée » vibre au son de la voix de son amant, un ténor qui ne peut s’arrêter de pousser la note. Leur femme de chambre, Adèle, ne pense qu’à rejoindre le bal du comte Orlofski chez qui sa sœur officie. Tout le monde finit par s’y retrouver, au milieu des danseuses de l’opéra, se protégeant sous des noms et masques d’emprunt. La nuit est propice à tous les déchaînements . Mais au petit matin chacun doit retrouver sa place, en prison ou ailleurs.
Il est de tradition d’agrémenter le spectacle de numéros comiques ou musicaux faisant participer les spectateurs à la folle soirée de réveillon.(Ici, Jérôme Deschamps, qui dirige l’Opéra Comique, est monté sur scène, sous prétexte d’une panne d’électricité, pour apostropher, avec humour, le Premier Ministre, Manuel Valls, présent dans la salle !)
Points forts
-La version française présentée ici préserve l’esprit viennois tout en facilitant la compréhension de l’action menée tambour battant et à différents niveaux d’intrigue. Le texte de Pascal Paul-Harang est plein d’esprit, comme la mise en scène de Ivan Alexandre, qui donne délibérément l’impression d’une improvisation permanente de la part de la troupe.La scénographie d’Antoine Fontaine est, en ce sens, parfaitement efficace.
-La direction musicale de Marc Minkowski fait jaillir des Musiciens du Louvre Grenoble,orchestre et chœur,des bulles de champagne ,à l’unisson de toute celles qui éclatent sur scène.C’est l’ivresse du réveillon que le public partage.
-Les solistes s’amusent visiblement de s’encanailler ainsi, sans que cela ne nuise à la qualité de leurs performances.Tous sont francophones, sauf Orlovski, contre ténor américano coréen, véritable ovni musical. Stéphane Degout a la prestance qui était la sienne lorsqu’il incarnait le comte Almaviva, mâtinée ici de la malice de Figaro. Son timbre est parmi les plus beaux qui soient en France. C’est aussi le cas de celui de Sabine Devieilhe, ravie de montrer ici des jambes à la hauteur des contre-ut qu’elle decouvrait en reine de la nuit. Frank Leguérinel, directeur de prison, et Florian Sempey,l’avocat, rivalisent d’humour et de bien chanter; et ,venue de Belgique, Chiara Skerath est une Rosalinde a la voix fruitée, et pleine d’abattage.
Quelques réserves
Certains des intermèdes rajoutés , s’ils sont agréables à regarder-le strip tease, à surprises, d’une danseuse - ou à entendre - le long monologue du gardien de prison- ralentissent l’action et n’ont que peu à voir avec l’opérette viennoise. Il n’en est pas de même de la parodie de Cécilia Bartoli à laquelle se livre, perruque et robe à l’appui, Kangmin Justin Kim, l’inénarrable interprète d’Orlofski.
Encore un mot...
Le public fait un triomphe à un spectacle qui le mérite. Un spectacle qui divertit sans vulgarité et qui permet à des chanteurs, que l’on voit plus souvent sérieux sur les scènes internationales, de nous montrer que le très beau chant peut aussi être léger.
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