Jerome Robbins
Musique : Maurice Ravel, Frédéric Chopin
Direction musicale : Maria Seletskaja
Piano: Ryoko Hisayama et Vessela Pelovska
Avec les Étoiles, les Premières Danseuses, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet de l’Opéra de Paris
1h55 avec entracte
Infos & réservation
Thème
En Sol, In The Night et The Concert : ces trois compositions de Jerome Robbins aux accents jazzy, mélancoliques et farcesques, sont réunies en un seul programme par le Ballet de l’Opéra de Paris. À travers ce trio de pièces créées entre les années 1950 et 1970, ce sont autant de facettes du chorégraphe, figure majeure du néo-classicisme étasunien et passionné de comédie musicale, qui entrent en scène.
Points forts
Alors que dans la fosse, l’orchestre donne le « La », sur scène, les artistes du Ballet de l’Opéra de Paris dansent En sol. Chorégraphiée en 1975, cette première pièce de la soirée est un concentré de bonne humeur, placé sous le signe des « vacances au bord de l’eau et au soleil ». Parés de maillots blancs rayés vert, rose, bleu et lilas, les danseuses et danseurs forment une joyeuse bande menée par le duo Ines Mcintosh et Bianca Scudamore - tout sourires - sur la partition jazzy de Maurice Ravel. Au milieu de cette gaité parisienne, un couple se détache, tout de blanc vêtu, interprété ce soir-là par Léonore Baulac et Germain Louvet. Les deux âmes se dévisagent, font un pas en avant, trois pas en arrière, avant de s’élancer l’un vers l’autre dans un pas de deux plein de lyrisme et de sensibilité. Entre arabesques, portés et grands jetés, ce tableau respire l’insouciance et la légèreté.
In The Night plonge la scène dans une obscurité constellée, où trois duos d’Étoiles viennent décliner les nuances de l’amour dans des pas de deux subtilement colorés. Ce soir-là, Myriam Ould-Braham et Paul Marque ont revêtu les costumes de bal mauves pour peindre une romance naissante de leurs gestes ciselés et délicats. À leur suite, Valentine Colasante et Marc Moreau se sont parés de brun et d’ambre pour jouer au jeu des apparences, entre solitude et langueur de l’être aimé, avec peut-être un peu trop de sévérité. Enfin le couple formé par Dorothée Gilbert et Hugo Marchand, habillé de gris cendré, a donné corps et fougue à une passion tumultueuse. De ce tableau rythmé par les Nocturnes de Chopin se dégage une impression de douce mélancolie, majestueusement dansé par les étoiles.
The Concert transporte le répertoire de Chopin dans un tout autre registre chorégraphique. Créée près de vingt ans avant En Sol et In The Night, la dernière pièce de la soirée – sous-titrée « les malheurs de chacun » – se présente comme une saynète dansée où une ribambelle de personnages-types transforment un concert de piano en chassé-croisé burlesque. Sous le regard autoritaire de la pianiste (l’excellente Vessela Pelovska), les danseuses et danseurs jouent aux chaises musicales avant d’entamer un ballet comique qui vire au cortège « papillonesque » : Inès Mcintosh et Bianca Scudamore en duo de demoiselles pipelettes, Laurène Lévy en épouse jalouse, Audric Bezard en mari aux yeux baladeurs... chacun investit son rôle avec habileté. Mention spéciale à Hannah O’Neill qui se glisse dans la peau de la Ballerine telle une funambule, avec le juste équilibre entre candeur et vivacité. Tandis que les éclats de rires traversent le public, ce joyeux délire offre un final pétillant à la soirée « Robbins ».
Quelques réserves
Aucune.
Encore un mot...
Après avoir mis à l’honneur George Balanchine la saison dernière, le Ballet de l’Opéra de Paris réinvestit le néo-classicisme étasunien avec Jerome Robbins. Avec ce trio de pièces poétiques et festives, les artistes de la compagnie française soulignent les multiples facettes du chorégraphe, toujours avec grâce et panache.
Une phrase
« Chaque ballet est un rite puissant qui évoque une réponse face à la vie qui ne peut être exprimée par des mots, mais qui est comprise uniquement grâce à des séquences de mouvements », Jerome Robbins
L'auteur
Jerome Robbins naît en 1918 dans la ville de New York. Fils de parents juifs émigrés de Russie, il se passionne pour la danse classique et moderne, mais aussi le piano, le violon et le théâtre. Tout au long de sa carrière, Jerome Robbins navigue entre deux mondes. D’un côté, les compagnies de ballet ; de l’autre, les scènes de Broadway. En 1940, il rejoint le jeune Ballet Theatre new yorkais de Lucia Chase et Robert Pleasant, et présente quatre ans plus tard sa première chorégraphie, Fancy Free, qui rencontre un grand succès. En 1948, George Balanchine l’engage comme danseur puis directeur artistique du New York City Ballet. À la tête de sa propre troupe, les Ballets USA, l’artiste américain est également invité par de nombreuses compagnies internationales à créer pour elles. En parallèle, Jerome Robbins chorégraphie des comédies musicales, dont la célébrissime West Side Story (1957). Entre 1974 et 1996, il a transmis lui-même douze de ses créations au Ballet de l’Opéra de Paris.
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