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Thème
Le sujet de cette soirée, c’est Balanchine. Balanchine, l’incomparable. Balanchine, élevé dans la plus pure tradition classique russe, celle de son maitre Marius Petipa, mais en même temps, le plus américain des chorégraphes. Balanchine, le créateur sans doute le plus respectueux du vocabulaire « classique », mais, en même temps, le plus audacieux dans l’inventivité des mouvements.
Ici sont présentés quatre de ses ballets, créés sur des musiques très différentes/
- « Mozartiana », chorégraphié par le Maitre en 1933 sur une partition de Tchaikosvski, puis « ré-écrit » en 1981. Un ballet très aérien, à la limite du déséquilibre pour ses sept interprètes, « condamnés » donc à l’exception.
- Créé en 1975 sur une sonate pour piano de Maurice Ravel, « Sonatine » est un pas de deux éblouissant de grâce, de virtuosité et de fluidité.
- Entré cette année au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris, mais datant de 1966, « Brahms-Schönberg Quartet », est un ballet en quatre mouvements qui requiert neuf solistes et une nombreuse troupe, tous rompus à la technique classique. Les pas en sont ciselés, les ports de bras, somptueux, les variations, éblouissantes, et les mouvements, dynamiques et allègres.
- Enfin, composé en 1972 sur le concerto pour violon et orchestre en ré majeur d’Igor Stravinsky, « Violin Concerto », écrit pour seize danseurs et quatre solistes. Ce ballet, dansé en collants noirs et/ou blancs, comporte deux pas de deux d’un raffinement presque sans égal, à la fois très savants, très acrobatiques et très sensuels dans leur exécution. Mêlant habilement duos et ensembles, il reflète à merveille la complexité de la partition. Du pur Balanchine !
Points forts
1 Même s’ils connaissent par cœur le programme, quand Balanchine est à l’affiche, les balletomanes se précipitent! Car Balanchine, « Mister B » comme on l’a surnommé, est « le » chorégraphe par excellence, celui dont, aujourd’hui, sauf à de rares exceptions, toutes les « jeunes pousses » de la danse se revendiquent, celui qu’on ne cesse de revisiter avec le même enchantement.
Balanchine, c’est l’homme qui a su rendre « visibles » les structures musicales qui inspirait ses ballets, l’homme qui aimait tant les femmes qu’il les a célébrées dans chacune de ses créations, l’homme qui s’est permis toutes les audaces, même celle de supprimer toute narration dans ses ballets et cela pour laisser toute la place à la musique et au mouvement.
C’est l’homme aussi qui n’a jamais trahi le vocabulaire académique de sa formation classique russe, mais qui n’a jamais cessé non plus, avec une joyeuse irrévérence, d’en repousser les limites.
2 L’interprétation. Elle est époustouflante de grâce, de précision, d’équilibre et de vitesse. Autrement dit, elle atteint la perfection. Il faut dire que le Ballet de l’Opéra de Paris a toujours entretenu des liens privilégiés avec Mister B. En 1947, le chorégraphe américain était venu créer, à l’Opéra Garnier, l’une de ses pièces emblématiques, « le Palais de Cristal ». Il n’a cessé d’y revenir, jusqu’à sa disparition. Depuis, l’Institution parisienne, qui compte aujourd’hui 31 de ses ballets à son répertoire, le programme régulièrement.
3 Les costumes. Hormis pour « Violin Concerto », qui se danse en maillots noir et/ou blanc, les costumiers ont fait assaut d’élégance et de munificence pour les tutus des filles et les tenues des garçons. Les créations de Karl Lagerfeld, notamment, pour « Brahms-Schöenberg quartet » sont une merveille, qui opposent le noir et le blanc ou le noir et le rose .
4 La « surprise » de la soirée ! C’est une vidéo très émouvante sur l’une des ballerines qui servit de modèle à toute une génération de danseurs. Il s’agit de Violette Verdy, décédée le 8 février dernier. Entre autres, elle avait transmis comme peu, la musicalité de Balanchine.
5 L’accompagnement musical. Il est « live », évidemment, offert par l’Orchestre national de Paris, qui est placé sous la direction précise et attentive de Kevin Rhodes.
Quelques réserves
Sauf à être hermétique à l’esthétique de Balanchine, il n’y en a pas.
Encore un mot...
N’en déplaise aux amateurs d’avant-garde: On n’entend que des dithyrambes à propos decette soirée Mister B, son classicisme post-moderne, son élégance et sa musicalité. Mister B, toujours le même et toujours réinventé à chacun de ses voyages musicaux, dont on ne se lasse pas d’admirer la joyeuse prolixité. Surtout lorsque, comme ici, il est servi par le « Ballet national de l’Opéra de Paris ».
Une phrase
« Il y avait chez lui (George Balanchine) une concentration, une rapidité, une logique foudroyantes… Avec lui, les pas prenaient une rythmicité, une énergie sans limite » (Ghislaine Thesmar).
L'auteur
Né le 22 janvier 1904 à Banodzha, en Géorgie, d’un père compositeur de musique, George Balanchine commence par étudier le piano à l’âge de 5 ans. A dix, il entre par hasard dans la célèbre école de danse du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, tout en poursuivant ses études pianistiques. Plus tard, il hésitera longuement entre une carrière musicale et chorégraphique, avant d’opter pour cette dernière. Mais son extrême sensibilité à la musique fera de lui « le » chorégraphe qui a renouvelé le ballet classique en le projetant dans l’abstraction, pour disait-il qu’on « puisse voir la musique et entendre la danse ».
En 1924, profitant d’une tournée européenne, il entre comme danseur dans la troupe des « Ballets russes » de Diaghilev, où il affirme presque aussitôt sa vocation de chorégraphe, puisqu’en 1925, il crée « L’Enfant et les sortilèges » sur la musique de Maurice Ravel. Après avoir travaillé partout en Europe, il se fixe aux Etats-Unis en 1933 et fonde en 1948, le prestigieux New York City Ballet (NYCB). Pour cette seule compagnie, ce créateur fécond, qui était l’ami de nombreux compositeurs de musique écrira plus de 100 ballets. Tous des bijoux ! Celui dont on dit souvent qu’il était un génie et dont on sait qu’il était un grand amoureux des femmes, s’éteindra en 1983 à New York. George Balanchine laisse en héritage plus de 400 créations.
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