Don Quichotte
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Thème
Monté en 1869 au théâtre du Bolchoï de Moscou, sur la partition de Ludwig Minkus, le Don Quichotte de Marius Petipa n’est introduit en Occident qu’en 1966, grâce à sa réinterprétation par Rudolf Noureev.
Le rideau s’ouvre sur le logis de Don Quichotte. Lorsque sa bien-aimée Dulcinée lui apparaît en songe, le gentilhomme passionné de romans courtois se fait chevalier errant et part à la conquête du monde, accompagné de son fidèle écuyer, Sancho Panza.
Cependant, la grande place barcelonaise où les deux compagnons arrivent est le théâtre d’un amour contrarié : celui du barbier Basilio et de Kitri, fille de l’aubergiste Lorenzo. Ce dernier a accordé la main de sa fille à Gamache, un riche paysan à l’habit ridicule. Les deux amants prennent donc la fuite et trouvent refuge auprès des gitans. Lorenzo et Gamache se lancent à leur poursuite, suivis par Don Quichotte, qui a cru reconnaître en Kitri les traits de sa Dulcinée.
L’imagination prend alors le pas sur la réalité dans l’esprit du « Chevalier à la triste figure » : il s’attaque à un moulin à vent qu’il prend pour un ennemi géant, mais se fait emporter par ses ailes et jeter violemment à terre. A demi évanoui, Don Quichotte plonge dans un rêve, où il retrouve la Reine des Dryades et surtout, Dulcinée, à qui il avoue son amour, avant que le songe ne disparaisse.
Gamache et Lorenzo mettent finalement la main sur le jeune couple et tentent à nouveau de les séparer. Mais, grâce à la ruse de Basilio et au courage de Don Quichotte, Lorenzo consent à l’union des deux amants. Ainsi, ils célèbrent leur mariage dans la liesse, tandis que le chevalier errant et son écuyer se mettent en quête de nouvelles aventures.
Points forts
- La beauté et la diversité des tableaux qui, au fil des actes, nous transportent de la place de marché festive et haute en couleurs, à l’univers onirique et poétique de divinités mythologiques féminines, à la mystérieuse forêt des gitans. En mobilisant presque en permanence la totalité du corps de ballet et en intégrant pleinement les figurants dans la narration, la scène s’anime pendant les trois heures de spectacle qui défilent à toute allure, au rythme des péripéties et des chorégraphies. Dans les tableaux d’ensemble, les costumes aux couleurs vives et chaleureuses viennent sublimer le travail technique des danseurs, par exemple en déployant les capes des matadors (Acte 1). Dans les variations en solo ou en duo, on appréciera la variété des styles présentés : du menuet au fandango, le ballet met la danse espagnole à l’honneur, dont la fougue et la passion éblouissent le public.
- La grande part de comique dévolue au ballet, qui plonge aussi bien la scène que la salle dans une atmosphère réjouissante et festive. Ruses, travestissements et pantomimes se succèdent avec fluidité dans une narration pleine de rebondissements : du déguisement de Kitri et Basilio en gitans pour échapper à Lorenzo et Gamache, au faux suicide de Basilio, ultime recours pour obtenir la bénédiction du père de sa belle, les nombreux stratagèmes employés offrent un réel divertissement pour le public qui se prend au jeu et s’attache aux personnages. En cela, ils sont d’autant plus convaincants que les danseurs semblent partager une véritable complicité dans la danse et le jeu d’acteur.
- L’excellence des danseurs étoiles, qui s’illustrent sur des variations dont l’exigence technique redoutable est bien connue. Le rôle de Kitri est long et difficile, marqué par plusieurs morceaux de bravoure (comme la diagonale de pirouettes dans sa variation de l’Acte 1, ou les 32 fouettés de celle de l’Acte 3), si bien que la ballerine utilise trois paires de pointes par représentation ! Le rôle de Basilio n’est pas moins exigeant, surtout depuis sa réécriture par Noureev : deux solos ont été ajoutés à sa partition, dont les enchaînements complexes et cadencés rendent d’autant plus impressionnante la performance du danseur étoile. Cette griffe caractéristique de Noureev représente une évolution majeure dans la composition des grands ballets, où l’homme n’est plus simplement le partenaire et le soutien de la danseuse, mais reçoit l’occasion de mettre en valeur ses talents d’interprète et de technicien, sous les yeux ébahis des spectateurs. Le soir de la première, Valentine Colasante et Paul Marque ont incarné les deux jeunes amants avec virtuosité et passion, bravant avec une apparence de facilité déconcertante les difficultés de ce ballet d’envergure.
- La partition de Minkus qui achève de plonger le spectateur dans l’univers de la narration : son rythme entraînant et ses accents joyeux recréent parfaitement l’ambiance de la place barcelonaise, tandis que ses airs mélodieux et sa fluidité illustre avec justesse l’imaginaire du « Chevalier à la triste figure ». De plus, on soulignera la qualité singulière de la musique de Minkus à sublimer la prouesse du danseur, s’attachant à faire ressortir chaque pas, grâce à des pauses, des tempi, des allegros et des codas. Cette diversité des rythmes et des compositions musicales crée un espace de liberté pour les interprètes, qui peuvent investir leur rôle avec sincérité et authenticité, à travers la mélodie qui accompagne leurs variations.
Quelques réserves
Aucune, tout simplement.
Encore un mot...
Depuis sa naissance, il y a quatre siècles, sous la plume de Cervantes, le personnage de Don Quichotte de la Mancha n’a cessé d’inspirer les chorégraphes et d’émerveiller le public. Dans la version de Noureev, créée en 1966 puis remaniée pour l’Opéra de Paris en 1981, l’humour et l’espièglerie rencontrent le rêve et la poésie, à la croisée des destins de deux amants en fuite et d’un chevalier errant en quête d’aventures. Véritable moment de joie et de fête, ce ballet haut en couleurs est sublimé par les prouesses artistiques et techniques des danseurs. L’expression « avoir des étoiles dans les yeux » prend ainsi tout son sens…
Une phrase
« Quitéria était à Basilio et Basilio à Quitéria, par une juste et favorable disposition des cieux. […] deux êtres que Dieu réunit, l’homme ne peut les séparer ; et celui qui voudrait l’essayer aura d’abord affaire à la pointe de cette lance » - Miguel de Cervantes, El Ingenioso Hidalgo Don Quijote de la Mancha, tome 2, chapitre XXI, 1615.
L'auteur
La naissance de Rudolf Noureev, le 17 mars 1938, près du lac Baïkal, dans un wagon du Transsibérien, annonçait-elle déjà le destin exceptionnel du danseur étoile ? Benjamin d’une famille d’origine tatar, son enfance à Oufa, est pourtant marquée par la misère, la rudesse du climat et les moqueries de ses camarades de classe.
Mais le soir du nouvel an 1945, il assiste à la représentation d’un ballet au théâtre municipal. C’est une révélation : Noureev sera danseur.
Malgré les résistances paternelles, il débute dans la compagnie du ballet d’Oufa et entre, à 17 ans, à l’Académie Vaganova de Leningrad. Au terme de son cursus, il rejoint le Kirov, où il danse le premier rôle dans plusieurs grands ballets. Mais le prodige a également un caractère impétueux et rebelle. Lors de son séjour à Paris en 1961, ses écarts de conduite inquiètent les autorités russes et Noureev obtient in extremis l’asile politique en France.
Dès lors, il se produit dans les plus grands théâtres, bouleversant les spectateurs par son génie artistique et l’excellence de sa technique. De 1983 à 1989, il prend la tête du ballet de l’Opéra de Paris et enrichit son répertoire, en remontant les grandes créations de Petipa (Don Quichotte en 1982, Le Lac des Cygnes, La Bayadère …), dont il restaure le prestige à l’international. Lorsque la maladie l’emporte en 1993, Noureev a profondément remodelé le visage de la danse classique. Flamboyant, fascinant, visionnaire, il continue à vivre aujourd’hui, à travers ses œuvres régulièrement présentées, mais aussi en tant qu’immense source d’inspiration pour les danseurs et chorégraphes du monde entier.
Commentaires
Le niveau de l opera de Paris est en baisse.
Costumes quelconques.
Voyer les autres compagnies. (Russe ou newkaise par exp.)
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