Dernière minute
Composition et conception sonore : Olivier Mellano
Conception et développement informatique : Adrien Mondot, Loïs Drouglazet
Regard extérieur : Stéfanie James
Direction technique : Raphaël Guenot
Durée : 30 min
Infos & réservation
Thème
Installation immersive conçue par Adrien M et Claire B, Dernière Minute invite une quinzaine de spectateurs et spectatrices à un voyage multidimensionnel mêlant créations graphique et musicale. Dans cette traversée en noir et blanc, paysages vidéo et sonore se font écho et se transforment en symbiose. Entre vagues agitées et volutes de fumées, la création explore un matériau audiovisuel brut, déployant un imaginaire où le temps est élastique et les espaces, infinis.
Points forts
Point de rideau de scène ni de rangées de sièges en ce moment dans la salle Firmin Gémier. Pour vivre la Dernière minute imaginée par Adrien M et Claire B, les spectateurs et spectatrices sont invités à se déchausser et à s’installer sur le plateau recouvert d’un tapis blanc duveteux, autour d’une haute toile translucide tendue à la verticale. Dans cet espace orthogonal, se forment des images mouvantes et des motifs diffus.
Bercé par le reflux des vagues et les circonvolutions des nuages de cendres, la scène devient le théâtre d’une expérience synesthésique fascinante, tout en nuances de gris. Au sol, les corps assis ou allongés sont enveloppés par les projections vidéo, évoluant en symbiose avec les modulations rythmiques. La composition distille les instants de fulgurance, donnant à voir et à entendre le déchaînement des eaux, l’impact des gouttes sur une surface lisse ou la suspension de particules infimes dans une atmosphère ténébreuse.
À cette matérialité brute se mêlent des motifs géométriques abstraits. Des myriades de points et de lignes sont ainsi traversées par des pulsations brutales et des flashs lumineux d’un blanc aveuglant. Au fil de ces paysages en perpétuelle métamorphose, Adrien M et Claire B déploient un univers d’impressions sensorielles subtiles, où vécu intime et collectif se confondent.
Quelques réserves
Malgré le flot continu de motifs graphiques et sonores, l’absence de trame narrative et l’effacement des repères spatio-temporels conduisent à l’égarement de la composition (en) elle-même. Le récit d’une voix féminine, évoquant la disparition d’un père et la naissance d’un enfant, semble superflu dans l’expérience méditative. Inversement, la surenchère d’effets stroboscopiques arrache le spectateur à la contemplation plus qu’elle ne l’approfondit. Entre dilution et saturation, l’enchaînement des séquences manque de fluidité et de consistance.
Encore un mot...
Spectacle de la métamorphose de la matière, Dernière minute façonne des paysages sensoriels captivants, malgré quelques moments de flottement qui fragilisent l’expérience immersive.
Une phrase
« Un jour de mai, à marée basse, j’ai dispersé les cendres de mon père. S’imprime en moi la lumière de cette minute étirée à l’infini, où le corps volatilisé de mon père s’étend au monde. Mon père est le paysage, mon père est la mer, mon père est le vent et son dessin est prolongé par la traine d’un avion dans le ciel clair. Je suis enceinte et dans un jeu de miroirs, un corps est en train de s’agréger, pendant qu’un autre se désagrège. » Claire Bardainne, Dernière Minute (2022).
L'auteur
À la tête de la compagnie Adrien M & Claire B, Claire Bardainne et Adrien Mondot travaillent en binôme, des spectacles et installations dans le champ des arts visuels et des arts vivants.
Artiste visuelle, Claire Bardainne est diplômée de l’École Estienne et de l’ENSAD de Paris. Elle explore le croisement entre images, espaces et imaginaires. En 2004, elle a cofondé le Studio BW dont l’activité se concentre sur la création d’identités visuelles et le graphisme d’exposition et d’espaces. Jusqu’en 2010, elle a également contribué à la recherche en sociologie de l’imaginaire et des médias (McLuhan Program in Culture and Technology de l’Université de Toronto et le Ceaq - Sorbonne).
Adrien Mondot est à la fois informaticien et jongleur. Pendant ses trois ans de recherche-création à l’INRIA, il développe une pratique des arts de la rue avec des performances musicales jonglées et improvisées. Son exploration des liens entre innovation technologique et création artistique lui vaut d’être lauréat des Jeunes Talents Cirque en 2004. Brouillant les frontières spatio-temporelles, son art du cirque et de l’informatique se confondent dans un travail d’illusion magique, chorégraphique et poétique.
Aujourd’hui, la compagnie Adrien M & Claire B est installée à Lyon et rassemble une trentaine de collaborateur·trices autour de plusieurs projets visuels présentés sur les scènes internationales.
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