Casse-Noisette
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Thème
Dernier ballet de Tchaïkovsky, inspiré du conte éponyme d’E .T. A Hoffmann, Casse-Noisette, qui fut chorégraphié à sa création en 1892 à Saint-Pétersbour par Lev Ivanov, est l’un des ballets les plus enchanteurs du répertoire.
Tout commence au pied d’un sapin pendant une fête de réveillon de Noël. C’est la distribution des cadeaux. La jeune Clara reçoit de son parrain Drosselmeyer, un soldat de bois qui casse les noisettes. Pendant la nuit, elle rêve que son casse-noisette se transforme en prince charmant. Tous les jouets déposés au pied du sapin s’animent. S’en suit une folle sarabande qui entraîne la petite fille dans de drôles d’aventures avec, entre autres, une attaque contre des méchantes souris, la traversée d’une forêt de sapins sous des flocons de neige, la visite d’un royaume des délices et une farandole de danses du monde entier, espagnole, arabe, chinoise, etc..
Au terme de ce voyage onirique, et d’une partition musicale dont on peut dire qu’elle est un véritable joyau, Clara se réveillera sous l’arbre de Noël, en serrant dans ses bras son casse-noisette …
Points forts
- On se demandait de quelle manière une troupe venue d’un pays où Noël ne représente pas grand chose allait « revisiter » une œuvre qui débute dans un salon occidental un soir de réveillon... La surprise est belle. Si les chorégraphes Wang Yuan Yuan et Feng Ying (qui est l’actuelle « patronne » de la Compagnie) ont gardé les personnages du ballet originel (Clara, son petit frère , son parrain Drosselmeyer, etc..), ils ont transposé l’action pendant les célébrations du Nouvel An chinois qui, là-bas, marque le début de la fête du printemps. Contre toute attente, ça marche formidablement bien. Il n’y a ni trahison ni contresens de l’esprit initial de l’œuvre, juste un réjouissant dépaysement.
- La musique de Tchaïkovsky est là, dans la splendeur de son romantisme et la profusion de ses inventions mélodiques, exaltant, paradoxalement à merveille, des scènes mythiques du folklore chinois. Apparition du monstre « Nian » et de ses tigres, ballets de grues (oiseaux symboles, en Chine, de longévité et de sagesse), défilé des signes du zodiaque, lâchers de cerfs-volants, etc…
- Eléments de décors, costumes (plus de 200), tout est ravissant, coloré, raffiné, par moments d’un kitsch délicieusement suranné…
- Pour interpréter ce Casse-Noisette exotique, on a convoqué ici plus de soixante-dix danseurs. Leur virtuosité et leur vitalité époustouflent. Que ce soit dans les solos ou les mouvements d’ensemble, ils n’ont rien à envier aux meilleurs des compagnies classiques occidentales.
Aussi solide et délicat dans les portés qu’élégant et précis dans les sauts, les pirouettes et les déboulés, Ma Xiao Dong, qui tient le rôle-titre est particulièrement étonnant. Et quelle présence scénique ! On comprend que cet ancien élève de l’Académie de danse de Pékin ait raflé plusieurs prix internationaux. Titulaire elle aussi de nombreuses récompenses internationales, la ravissante Cao Shuci, toute de grâce déliée, est pour lui une partenaire idéale. Leur duo captive.
Quelques réserves
- On regrette que les lumières, sans grande subtilité, ne magnifient pas plus ce Casse-Noisette, chorégraphiquement enthousiasmant. On s’explique mal aussi les « noirs » qui le jalonnent. Ils coupent son élan.
- Musicalement, en première partie, la direction musicale du chef chinois Liu Ju, pourtant face à l’excellent Orchestre Pasdeloup, est un peu « lourdingue ». Mais ouf ! tout s’arrange et s’allège après l’entre-acte.
Précisons toutefois que ces deux bémols n’entachent ni le plaisir ni le niveau artistique de la représentation.
Encore un mot...
Le Ballet National de Chine, qui fait désormais partie du Top dix mondial des meilleures compagnies de danse classique, n’était plus venu en France depuis 2013. C’est dire si son retour était attendu. A en juger par l’accueil du public le soir de la première, on peut témoigner qu’il a mis dans le mille avec ce Casse-Noisette inédit, pittoresque, interprété sur pointes mais transposé dans le pays du Soleil Levant. C’est un spectacle à la fois charmant et spectaculaire, qui offre une délicieuse fusion des cultures occidentales et orientales.
Une phrase
« Squelette fin, musculature vive, longs membres, petite tête… Les danseurs chinois sont sublimes. Et puis, en plus d’exiger beaucoup de leur physique, ils sont encore disponibles mentalement pour faire ce qu’on leur demande dans une belle discipline, au lieu d’avoir une opinion sur tout ». (Ghislaine Thesmar, danseuse étoile née à Pékin, coach des plus grandes ballerines françaises).
L'auteur
Fondé en 1959 sous la direction du chorégraphe russe Peter Gushev, basé à Pékin, le Ballet National de Chine est la seule compagnie de danse classique du pays. Composé d’interprètes issus des grandes académies professionnelles chinoises, il travaille depuis sa création avec les plus grands chorégraphes et danseurs occidentaux. Hier, par exemple, Rudolf Noureev, Lisette Darsonval et Roland Petit, aujourd’hui, et entre autres, John Neumeier et des étoiles de l’Opéra de Paris comme Agnès Le Testu. Des « regards » qui ont beaucoup apporté et continuent de « nourrir » la troupe pékinoise. Si sa tâche fondamentale est de préserver le répertoire chinois et occidental classique, elle s’ouvre pourtant de plus en plus aux pièces contemporaines, comme celles de Balanchine ou MacMillan.
Grâce au dynamisme et à la formidable ouverture d’esprit de son actuelle directrice, l’ancienne Etoile Feng Ying, cette troupe de plus de cent danseurs compte aujourd’hui à son répertoire plus de 200 œuvres, dont certaines, comme Epouses et Concubines, Butterfly Lovers et surtout Le Détachement Féminin Rouge sont devenues des références célèbres dans le monde entier.
Depuis quelques années, le Ballet National de Chine multiplie partout les tournées avec un engouement grandissant du public. Aujourd’hui, il est considéré comme l’une des troupes les plus brillantes du monde.
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