Aïda
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Thème
Composé d’après une intrigue du célèbre égyptologue français Auguste Mariette, mais signé Antonio Ghislanzoni (le librettiste de « La Force du Destin »), « Aïda » » est un opéra en quatre actes qui, une fois encore dans l’histoire du répertoire lyrique, fait appel au mythe de l’héroïne sacrificielle.
Dans l’Egypte des pharaons, Aïda, esclave éthiopienne, aime et est aimé en retour, du général ennemi Radamès. Mais ce dernier, combattant victorieux des éthiopiens, est promis, lors d’une fête solennelle, à la fille du roi d’Egypte, la terrible Amnéris. Pour sauver la femme qu’il aime, et échapper à celle qu’on lui a dévolu, le vaillant et fidèle général va être amené à confier un secret militaire à Aïda. Sa trahison découverte, Radamès est condamné à être enterré vivant. Mais, ô ultime joie pour lui… Dans la solitude de son tombeau, il retrouvera Aïda venue, par amour, mourir à ses côtés. Dans un duo déchirant, ils diront, ensemble, adieu à la vie.
Points forts
- D'« Aïda » le public ne connaît souvent que « la Marche des trompettes » ! C ‘est oublier la magnificence d’une partition qui alterne grandes masses orchestrales et vocales avec des duos et des arias d’une beauté qui coupe le souffle et bouleverse le cœur (quand, évidemment ces airs sont bien interprétés !).
- Les contrastes de cette œuvre, qui mélange scènes aussi spectaculaires que martiales dans un décorum impressionnant (processions, chars, trompettes, danses, etc..) et drames intimes déchirants ( ceux de Aïda, de Radamès, d’Amnésis, et du père d’Aïda, Amonasro, le roi des Ethiopiens). Ces contrastes pourraient disperser le propos de l’œuvre. Se nourrissant les uns les autres, ils le resserrent au contraire et en font sa singularité.
- La direction musicale de Daniel Oren. Ce chef à la gestique très spectaculaire, réussit à tirer de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris une belle richesse de sonorités qui accompagne formidablement la partition . Quant aux chanteurs, ils ont devant eux un chef très attentif !
-Les personnages féminins.
Dans le rôle d’Amneris, la mezzo soprano Géorgienne Anita Rachvelishvili impressionne par son engagement physique et son timbre de voix capiteux, capable d’exprimer, avec la même facilité apparente, tous les « états » d’une femme trompée, tour à tour suppliante, jalouse, vengeresse.
La « Aïda » de la soprano canadienne Sondra Radnovsky est, pour sa part, tout simplement époustouflante. Voix aussi sublime dans les graves que dans les aigus, aussi à l’aise dans la véhémence que dans la douceur et la douleur, elle a mis, à juste titre, la salle à ses pieds.
Quelques réserves
La mise en scène d’Olivier Py.
Lors de sa création, en 2013, elle avait été conspuée pour son chic, son toc et ses fausses bonnes idées, comme la transposition de l’œuvre dans l’Italie des années 1870, une procession du Ku Klux Klan pendant le procès de Ramadès, l’incursion sur le plateau de techniciens de surface ( ?), etc… .
Le jour de la première de cette reprise, le public lui a réservé une bordée de huées. Dommage pour le patron du festival d’Avignon qu’on a connu, c’est vrai, plus inspiré, mais dont le travail, s’il déçoit, ici, est loin de l’indigence. A sa décharge aussi, en ce soir du 13 juin, une panne de moteur a interdit tout déplacement de décor, pendant la première partie ce qui, entre autre effet, a contraint les chanteurs à un statisme laissant supposer une impuissance du metteur en scène à les diriger... Heureusement pour Olivier Py, qui est un très fin directeur d’acteurs, tout s’est arrangé après l’entre acte .
Encore un mot...
Faute souvent de trouver des distributions à la hauteur de la difficulté de ses rôles, et aussi à cause de son côté monumental, « Aïda »est un opéra assez rarement monté. Malgré la déception de la mise en scène pour le moins « déconcertante »d’Olivier Py, on conseille donc d’aller voir, ou plutôt écouter cette production, car les voix y sont somptueuses (notamment celle du rôle-titre, qui est un bonheur de chaque note !) et la direction d’orchestre très bien tenue. Ajoutons que le décor signé Pierre-André Weitz, une ingénieuse architecture de métal doré donne une belle idée de la munificence de l’Egypte des Pharaons.
L'auteur
Né 10 octobre 1813, à la Roncole, dans un milieu modeste, Giuseppe Verdi montre très jeune des aptitudes musicales, puisqu’à onze ans seulement, il est nommé organiste de l’église de Bussetto. Grâce à un mécène (dont il épousera la fille), et aussi à une bourse, il part approfondir ses études musicales à Milan, où, en 1839, il a la chance exceptionnelle de recevoir la commande d’un opéra de la part de la Scala. Son « Oberto, conte di San Bonifacio » lui vaut un succès suffisant pour continuer dans cette voie de compositeur d’opéra.
Mis à part les quelques mois qu’il met à surmonter l’épreuve de la mort de sa jeune épouse et de leurs deux enfants, Verdi n‘arrêtera plus de composer et enchainera les œuvres à une vitesse stupéfiante; insufflant, en plus, à son art, un sang neuf.
A partir de 1850, ayant déjà signé les partitions de « Nabucco », de « Macbeth » et de « Luisa Miller », il se retrouvera sans rival dans son pays et acclamé dans le monde entier.
Il mourra à Milan le 27 janvier 1901, en léguant sa fortune à la maison de retraite des vieux musiciens, qu’il avait fondée dans cette ville quelques années auparavant.
Parmi ses œuvres les plus connues : « « Un Bal Masqué », « Othello », et trois ouvrages qui composeront ce qu’on appelle sa trilogie populaire :« Rigoletto », « le Trouvère » et l’illustrissime « Traviata ».
« Aïda » occupe une place un peu à part dans son œuvre, cet opéra lui ayant été commandé par le Khédive d’Egypte, en 1869, pour l’inauguration du Canal de Suez et celle du nouvel Opéra du Caire. Pour le composer, le Caire offrit au compositeur une rémunération d’un montant jamais encore atteint. Verdi boudera pourtant la première, au Caire, le 24 décembre 1871, estimant que le public invité comporterait trop de notables et pas assez de gens du peuple!
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