Edgar Moreau, Rococo
Parution le 8 novembre 2024
CD et Digital
16,99 €
Infos & réservation
Thème
La réputation d’Edgar Moreau n’est plus à faire. Le jeune violoncelliste vient d’enrichir sa production discographique en s’associant à David Kadouch (piano) et à l’orchestre symphonique de Lucerne sous la direction de Michaël Sanderling, pour un voyage aux confins de la Russie à un moment où le XIX ème siècle finissant se tourne résolument vers le suivant et les nouvelles possibilités harmoniques qu’il offre. C’est sous le signe de la fidélité qu’il a placé son nouvel enregistrement : fidélité aux Variations Rococo de Tchaïkovski jouées dès 2011 en finale du concours du même nom et qui l’accompagnent depuis dans sa vie d’artiste, fidélité aussi à la phalange lucernoise avec laquelle il travaille dès 2015, fidélité enfin à son partenaire David Kadouch avec lequel il a souhaité rendre hommage au répertoire slave.
Points forts
L’éclectisme apparent des œuvres proposées ne doit pas masquer leur unité d’inspiration. Car entre Tchaïkovski, Chopin, Dvorak, Rachmaninoff et Chostakovitch court un fil rouge qui n’est rien de moins qu’une célébration passionnée du violoncelle au travers d’œuvres s’inscrivant dans le grand basculement de l’esthétique musicale romantique vers de nouvelles manières sonores.
Des Variations de Tchaïkovski, datant de 1876, on retiendra la sensibilité occidentalisée dont une dette évidente à l’égard de l’élégance et du classicisme mozartien qui permet au violoncelle de mettre en valeur l’extraordinaire ampleur de ses possibilités expressives, de la retenue jusqu’à la virtuosité la plus débridée de certaines cadences. Liszt ne s’y trompa d’ailleurs pas qui, ayant assisté à la première exécution de l’œuvre en dehors de la Russie, s’exclama : « Eh bien, voilà enfin à nouveau de la musique ! ».
Les cinq Sonates pour violoncelle et piano de Beethoven représentent avec les Suites pour violoncelle seul de Bach l’apogée de la littérature pour cet instrument à cordes. Achevée en 1846, la Sonate de Chopin, une de ses dernières œuvres, s’inscrit résolument dans cette tradition. Mésestimée quoique novatrice, elle nous est ici restituée dans toute son ampleur mélodique, ses contrastes et contrepoints jusqu’à l’apothéose de ses mesures finales.
On aura plaisir à redécouvrir la Mélodie de Rachmaninoff, neuvième de ses douze Chansons datant de 1902 sur un texte de Semyon Nadson, poète juif emporté à 24 ans par la tuberculose, ou encore, sa Vocalise composée en 1915, dont la popularité peut se mesurer au nombre d’arrangements qui en ont été faits, et notamment cette version pour violoncelle et piano transcrite par les interprètes. Pépite également, la Valse numéro 2 d’une Suite en huit mouvements de Chostakovitch comportant une mélodie mémorable introduite par le saxophone et dont l’arrangement est également dû à David Kadouch et Edgar Moreau. Trouvaille encore les Chansons Tziganes, opus 55, de Dvorak dont est extraite Chansons que ma mère m’a apprises, l’une de œuvres les plus populaires du compositeur, interprétée par nos deux instrumentistes dans un arrangement de Heinrich Grünfeld.
Quelques réserves
On retiendra sans réserve la belle originalité des propositions exploratoires des deux instrumentistes qui n’ont pas hésité à nous livrer leurs propres arrangements, ce qui constitue toujours une prise de risque qui mérite d’être saluée.
Encore un mot...
On aura garde d’oublier de mentionner la belle entente de l’orchestre symphonique helvète de Michaël Sanderling avec les solistes, contribuant ainsi à donner à l’interprétation d’ensemble sa propre homogénéité.
L'auteur
- Edgar Moreau, né en 1994, remporte à 15 ans le Prix du jeune soliste au Concours Rostropovitch et à 17 ans, le deuxième prix du Concours international Tchaïkovski. En 2013, il signe un contrat d'exclusivité chez Erato, et son premier enregistrement, un récital de pièces pour violoncelle et piano avec Pierre-Yves Hodique, paraît en 2014. « Révélation soliste instrumental de l'année » aux Victoires de la musique classique 2013, il est « Soliste instrumental de l'année » lors de l'édition 2015. De 2015 à 2018 Edgar Moreau est artiste des concerts « Junge Wilde » au Konzerthaus de Dortmund. Depuis, il a effectué de nombreux enregistrements discographiques.
- David Kadouch naît le 7 décembre 1985 à Nice. Il commence l'étude du piano au Conservatoire national de région de Nice et, à 14 ans, est reçu à l’unanimité dans la classe de Jacques Rouvier au CNSM de Paris. Après un premier prix obtenu avec la mention Très Bien, il rejoint la classe de Dmitri Bashkirov à l'École supérieure de musique Reine-Sophie à Madrid, où il poursuit sa formation. Il se perfectionne également auprès de grands maîtres tels que Murray Perahia, Maurizio Pollini, Maria João Pires, Daniel Barenboim, Vitaly Margulis, Itzhak Perlman, Elisso Virsaladze et Emanuel Krasovsky. David Kadouch est invité par des grands festivals comme le Festival de musique contemporaine de Lucerne sous la direction de Pierre Boulez, le Klavier-Festival Ruhr, Gstaad, Montreux, Verbier, Santander, Jérusalem, Deauville, La Roque-d'Anthéron etc …
- Michaël Sanderling et l’orchestre symphonique de Lucerne : avec l’orchestre symphonique de Lucerne, Michaël Sanderling et Edgar Moreau ont construit un véritable partenariat artistique. L’orchestre s'est produit au Konzerthaus et au Musikverein de Vienne, à l'Elbphilharmonie de Hambourg et dans des festivals de premier plan dans toute l'Europe, dont le récent festival Dvořák de Prague.
- En tant que chef invité, Sanderling a dirigé des orchestres tels que l'Orchestre Philharmonique de Berlin, le Gewandhausorchester Leipzig, l'Orchestre Symphonique d'Indianapolis, l'Orchestre Philharmonique de Hong Kong, l'Orchestre royal du Concertgebouw, l'Orchestre de Paris, l'Orchestre Symphonique NHK, l'Orchestre de la Tonhalle de Zurich, le Wiener Symphoniker, le BBC Scottish Symphony Orchestra, et bien d'autres encore.
Vous pourriez aussi être intéressé
Ajouter un commentaire