Le Dernier Espadon
64 pages
15,90 €
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Thème
By Jove, Blake et Mortimer sont de retour !
Contrairement à leur célèbre collègue belge, Tintin, Blake et Mortimer ont continué leurs aventures après la mort de leur créateur, Edgar P. Jacobs, en 1987. La première aventure « post-Jacobs » est l’Affaire Francis Blake, scénarisée par Van Hamme et dessinée par Ted Benoît, parue en 1996. Depuis, ce sont quasiment une vingtaine d’albums qui se sont succédé avec des équipes différentes aux commandes selon une chronologie au sein de laquelle il est parfois difficile de se retrouver.
Cette nouvelle aventure prend place dans le cycle de l’Espadon. La référence de ce cycle est le mythique Secret de l’Espadon, la première aventure de Blake et Mortimer, imaginée par Jacobs à la fin des années 40. Nos deux héros étaient confrontés au redoutable Empire Jaune, et à celui qui sera leur ennemi préféré au long de nombreuses aventures, le fameux Colonel Olrik. Ils gagneront cette guerre grâce aux Espadons, de redoutables avions de guerre inventés par Mortimer.
En 2018, le scénariste Yves Sente imagine une suite en deux tomes, La Vallée des Immortels. Deux nouveaux venus assurent l’illustration, Teun Berserik et Peter Van Dongen. Le Dernier Espadon se situe chronologiquement juste après La Vallée des Immortels, est illustré par les mêmes dessinateurs, mais avec un scénariste différent, Jean Van Hamme, qui reprend du service. Il imagine un complot mené par l’IRA, le mouvement indépendantiste irlandais, avec l’aide d’anciens nazis, et, bien sûr, de l’inévitable Olrik. Le complot a pour objectif de s’emparer d’un des derniers Espadons existant et de s’en servir pour lancer une bombe sur Buckingham Palace et anéantir la famille royale. Le récit va nous raconter comment Blake et Mortimer vont s’employer à déjouer cette redoutable machination.
Points forts
La fidélité des deux dessinateurs au trait original de Jacobs est saisissante. Je reprends cet adjectif de la chronique de Bertrand Devevey de La Vallée des Immortels car il correspond bien à l’impression magique que l’on a de lire un album de la série originelle et pas un récent succédané. Le traitement des personnages, comme des décors, est irréprochable et nous plonge immédiatement dans l’ambiance de l’aventure.
Le scénario est solide. En s’appuyant sur un contexte réel - une tentative de complot ourdie par l’IRA et l’Allemagne Nazi a réellement existé et visait effectivement à détruire Buckingham -, Van Hamme déroule sa science de l’intrigue en nous emmenant dans ses fils, sans jamais nous y perdre. On suit en parallèle les aventures de Blake en Irlande, aux prises avec les soldats de l’IRA, et celles de Mortimer, qui revient sur les lieux de la création de l’Espadon, dans une ancienne base Pakistanaise. Il est aussi savoureux de voir Van Hamme s’amuser avec le Mythe « Blake et Mortimer ». Il donne à ses héros des états d’âmes assez inhabituels, s’amuse sur le thème de l’homosexualité supposée de ce vieux « couple », et donne de l’épaisseur à Nasir, le compagnon de route indien de nos deux héros, dont Jacobs avait fait un serviteur dévoué un peu caricatural de l’esprit colonial britannique. Bref, Van Hamme donne un peu de modernité au duo « so british ».
Quelques réserves
Les réserves tiennent à la façon dont Van Hamme a abordé ce scénario. En mélangeant un classicisme très « Jacobsien » à une prise de recul amusée sur le mythe, il déroute le lecteur fidèle des aventures de Blake et Mortimer. On a l’impression qu’il ne s’est pas complètement pris au sérieux en écrivant cette histoire. Le symbole parfait de cette impression est le dénouement, plutôt ridicule, qu’il a imaginé.
Encore un mot...
NE BOUDONS PAS NOTRE PLAISIR
Malgré quelques réserves, ce dernier album est plutôt une bonne cuvée. Ce qui est sûr, c’est que la présence du tandem Berserik – Van Dongen aux dessins est un gage de qualité dont la confirmation la plus éclatante est leur talentueuse fidélité au trait Jacobsien.
Après, il reste le débat « jusqu’où tirer sur la corde sans risquer de la rompre ? ». Un duel Hergé vs Jacobs en somme. On sait que les deux hommes étaient très amis mais qu’ils sont passés par des brouilles terribles. C’est comme si leur brouille continuait après leur disparition. Entre un Hergé qui nous a privé de tout espoir d’une nouvelle aventure de Tintin et un Jacobs qui a livré ses héros à des héritiers graphiques plus ou moins dignes de confiance, faut-il choisir ? Difficile de prendre parti, mais la qualité générale des aventures de Blake et Mortimer, post-Jacobs, font un peu pencher la balance du côté d’Edgar.
Une illustration
L'auteur
(d’après le site BD GEST)
Jean Van Hamme est né à Bruxelles en 1939. Ingénieur commercial, licencié en journalisme, agrégé d'économie politique, il travaille pour plusieurs multinationales avant de se consacrer entièrement à l'écriture à partir de 1976.
Après avoir traduit des 'strips' américains pour l'hebdomadaire belge Le Moustique de 1965 à 1967, il écrit son premier scénario de BD pour le dessinateur Paul Cuvelier : le célèbre Epoxy, paru aux éditions du Terrain Vague en mai 1968 et réédité, en couleurs, en janvier 2003 dans la collection "Signé" au Lombard. Pour le même Cuvelier, il écrit les deux derniers Corentin.
En 1984, il commence pour Vance la série XIII aux éditions Dargaud. Aux éditions Casterman, il publie, avec Rosinski, Le Grand Pouvoir du Chninkel, un gros roman BD de 160 pages en noir et blanc paru en 1988 et réédité en couleurs en 2001. Aux éditions Dupuis, avec Griffo, la trilogie S.O.S Bonheur parue en 1988-1989. Egalement chez Dupuis, il crée avec Philippe Francq la série Largo Winch. Et chez Glénat avec Francis Vallès, il publie la saga des Maîtres de l'Orge qui a fait l'objet d'une adaptation pour la télévision. Il a écrit les scénarii de 3 albums Blake et Mortimer, 2 dessinés par Ted Benoit, et le dernier (en deux tomes) par René Sterne, Chantal De Spiegeleer et Antoine Aubin, éd. Dargaud. En 2001, il entame une collaboration avec Christian Denayer pour la série Wayne Shelton, éd. Dargaud. Directeur des éditions Dupuis d'avril 1986 à mars 1987, Jean Van Hamme a enseigné, le scénario de cinéma à l'Institut des arts de diffusion de Louvain-la-Neuve (Belgique) de 1985 à 1995. Depuis novembre 1992, il est devenu président du Centre belge de la bande dessinée.
Né dans une famille d'artistes aux Pays-Bas, Teun Berserik a mis du temps à se tourner vers le monde artistique à son tour. En effet, ce n'est qu'après avoir tenu durant douze ans un garage spécialisé en voitures des années pré-1940 que la muse du dessin a enfin frappé à sa porte. Outre des illustrations de manuels scolaires de multiples disciplines (biologie, histoire, ...) et des travaux de publicité et de dessins animés, Teun Berserik réalise également des bandes dessinées (parfois didactiques) pour enfants et pour ado-adultes. Son roman graphique éponyme consacré aux premières années de Vincent van Gogh (parution en 2012) remporte en 2013 le Prix du Meilleur Roman Graphique, remis par Het Stripschap (Association de bande dessinée aux Pays-Bas). En 2018, il s'associe à Peter van Dongen, sur un scénario de Yves Sente, et dessine le vingt-cinquième tome de la série Blake et Mortimer. Le tome 26, seconde partie de La Vallée des Immortels, parait en novembre 2019.
Né en 1966, Peter van Dongen est auteur de bande dessinée et illustrateur. La médaille du prix néerlandais de bande dessinée Stripschap couronne coup sur coup son premier album Muizentheater (Théâtre de souris) publié en 1990, ainsi que la bande dessinée en deux volets Rampokan (Java, 1998 et Celebes 2004). Cette histoire – qui le fait connaître à l'international – se déroule pendant la guerre d'indépendance d'Indonésie en 1946 et a pour héros le militaire néerlandais Johan Knevel : il retourne dans le pays de son enfance pour y trouver un monde en voie de disparition. Le diptyque Rampokan, traduit en français, allemand, indonésien et anglais, a remporté plusieurs prix, dont le Prix du Lion en 1999 à Bruxelles. En mars 2018, il reçoit le prix néerlandais Stripschap pour l'ensemble de son oeuvre. En 2018 et 2019, il collabore avec Teun Berserik pour dessiner les tomes 25 et 26 de la série Blake and Mortimer, sur un scénario de Yves Sente : La vallée des Immortels.
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