La Bretagne mise en scènes
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Thème
S'il faut en croire Florence Leroy, la Bretagne serait pour les cinéastes un pôle d'attractivité majeure pour y tourner leurs films. Bresson, Chabrol, Wargnier, Resnais, Tavernier, Schoendoerffer, Mizrahi, Jugnot, Dupontel, Philippe de Broca, Becker, Grémillon l'ont fait avec succès, jouant la carte des paysages, du secret, du panache des éléments naturels et des traditions qui en font une région à nulle autre pareille. Son histoire, ses mystères et ses légendes seraient-ils le berceau de drames et d'histoires ancrés dans l'imaginaire ?
Points forts
Florence Leroy relève le défi américain du grand ouest, de ses canyons millénaires et des westerns de John Ford en mettant en scène, de l’autre côté de l’océan atlantique notre ouest français : cent Bretagnes différentes, aussi sauvages qu’éternelles : deux mille cinq cents kilomètres de côtes, de falaises, de baies et de roches, où forêts séculaires et îles du bout du monde jouent à cache-cache entre les miroirs de l’Atlantique et ceux de la Manche. La page de couverture de son livre l’illustre avec, face à la mer, une jeune femme de dos qui, en robe longue, contemple les embruns et un horizon sans limite. Le tracé du livre en fait une bible pour voyageurs, écrivains, touristes, accros au grand écran, cinéastes et producteurs de films venus des quatre coins du monde.
Cette Bretagne mise en scènes est à la fois un théâtre, un lieu de tournages, un index cinématographique bluffant par sa précision et ses acteurs mais aussi un formidable guide où aventuriers et rêveurs, vacanciers et conteurs trouveront leurs places dans l’île de Bréhat, en forêt de Huelgoat ou dans les ruelles de Locronan. Mille et une Bretagne s’y sont donné rendez-vous : celle de Pierre Jakez-Hélias dont Le cheval d’orgueil sera adapté par Claude Chabrol, celle de Christophe Honoré dans Non ma fille, tu n’iras pas danser. Un art consommé où la diversité des goûts et des couleurs projette sur les 20 et 21èmesiècles ses fantasmes, ses drames et ses victoires.
Ajoutons à ces points forts, un guide formidable autant pour les voyageurs, les touristes que pour tous les amoureux de la Bretagne, une cascade de cartes incluant phares célèbres (Eckmühl à Penmarc’h), (La Vieille entre la pointe du Raz et l’île de Sein), les îles mais aussi la Bretagne de Claude Chabrol, celle de Rohmer, de Manuel Poirier en pays bigouden ou dans le Vannetais, le Finistère, le Morbihan, les côtes d’Armor, l’Ile et Vilaine. Suivent 10 pages sur l’index des films tournés en Bretagne, l’index des réalisateurs, l’index des lieux
Quelques réserves
Pas un.
Encore un mot...
Les premières pages ouvrent le bal breton dans les années 20 avec le tournage à Paimpol du film de Jacques de Baroncelli Pêcheur d’Islande, tiré du roman de Pierre Loti. 83 ans plus tard, c’est ce même roman qui fascinera Pierre Schoendoerffer et lui fera choisir Concarneau pour y tourner son dernier film : là-haut, un roi au-dessus des nuages. La mer et les marins fascinent Schoendoerffer devenu une célébrité mondiale depuis le tournage du Crabe-Tambour (1977) où triomphent les vedettes de l’écran Jean Rochefort, Jacques Dufilho et Claude Rich.
Quand ce n’est pas la mer qui fascine, les maisons de famille de Saint Lunaire, Dinard, de Locmariaquer la remplacent : en 1992, Eric Rohmer choisit l’île aux moines pour y tourner son « Conte d’hiver. » Anne-Sophie Birot choisira la pointe de Penmarc’h en 2000 pour son film « les filles ne savent pas nager ». Tout devient possible dans cette nature où paumés entre le Trégor et le Léon ne savent pas comment se terminera le road movie « Chemins de traverse » (2004) de Manuel Poirier entre un père largué et son fils mutique. La Bretagne touristique n’a pas tué sa vieille parente : la croyance en l’Ankou « serviteur de la mort chargé de récupérer dans sa charrette les âmes des défunts », celle du roi Arthur et de Lancelot, celle aussi du mysticisme et du catholicisme présents dans le film de Katell Quillévéré « un poison violent » (2010)
Une phrase
Partons à l’aventure avec cette superbe citation d’Aristote (p 23) : « Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts et ceux qui sont en mer. »
Seconde citation de Jalil Lespert réalisateur de « Des vents contraires » (2011) qui lui fera dire « Face à l’océan, j’ai toujours pensé que nos problèmes rétrécissaient. »
L'auteur
Florence Leroy a été chargée de la rubrique cinéma et cheffe du service culture de France Info. Elle est journaliste cinéma à Satellifax Magazine.
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