
Mon mari
(Iconoclaste pour Édition brochée, 355 pages)
Texte lu par Jeanne Cherhal
Durée 5 h 45
Prix : 19,99 Euros; 19 Euros en broché; 7,99 Euros(ebook)
Parution en août 2021
Infos & réservation
Thème
L’autrice dresse le portrait d’une femme d’une quarantaine d’années apparemment comblée, liée à un homme qu’elle adore, qu’elle scrute et qu’elle analyse. Mais derrière cette façade trop lisse se cache une obsession dévorante. L’écrivaine explore avec une méticulosité quasi chirurgicale la mécanique du couple et la fine frontière entre passion, contrôle et illusion du bonheur. La narratrice déroule un journal intérieur où chaque mot, chaque geste de son compagnon se transforme en une donnée à interpréter, une preuve de son attachement ou les prémisses d’un éloignement.
Points forts
- Un style froid et clinique qui contraste avec le sujet : l’une des grandes forces de ce petit bijou littéraire réside dans son écriture rigoureuse, presque administrative, qui dénote avec les sentiments débordants de cette insatiable amoureuse. Elle mesure l’amour comme une statistique, traque les signes d’affection à la manière d’une enquêtrice. Ce décalage crée un trouble permanent et un humour subtil, rendant la lecture à la fois fascinante et glaçante.
- Une ironie omniprésente : de la première à la dernière ligne, elle traverse le récit. Le lecteur perçoit rapidement l’écart entre la réalité et la perception pathologique de la protagoniste, ce qui provoque des situations cocasses et inquiétantes.
- Une construction implacable : le roman est structuré en sept parties correspondant aux jours de la semaine. Chacune est associée à une couleur et à une émotion spécifiques, exacerbant le côté compulsif et la progression dramatique.
- Un effet de répétition hypnotique : l’expression mon mari revient sans cesse, martelée avec une farouche régularité. Cette anaphore accentue l’enfermement psychologique de cette névrosée.
- Une gradation habilement menée : si l’héroïne peut d’abord sembler attendrissante dans sa volonté d’être une épouse parfaite, son idée fixe prend une tournure alarmante. Peu à peu, ses raisonnements virent à l'absurdité, à l’irrationalité frisant la paranoïa. Sa vénération se mue en une folie douce déconnectée du réel.
- Un épilogue saisissant : l’atout majeur se niche dans l’ultime retournement du livre. Ce basculement final est d’une habileté rare et éclaire l’histoire sous un angle inattendu à l’instar d’une nouvelle à Chute.
Quelques réserves
- Un personnage principal étouffant : ses excès, sa façon de réfléchir à vide et d’examiner le moindre détail de la vie conjugale avec une intensité démesurée peuvent se révéler oppressants.
- Une intrigue qui repose sur un seul ressort : elle est essentiellement centrée sur la monomanie de cette conjointe enflammée, ce qui suscite une impression de lassitude, malgré les nuances apportées par le chapitrage en forme de semainier et la montée en tension.
- Un ouvrage un peu long qui aurait gagné en densité en étant un peu plus resserré.
Encore un mot...
Un résultat brillant, mordant et déroutant, qui dissèque avec une dérision cruelle et précise les dérives de l’amour absolu
Une phrase
“ Je suis amoureuse de mon mari. Mais je devrais plutôt dire : je suis toujours amoureuse de mon mari.”
“ J’aime mon mari comme au premier jour, d’un amour adolescent et anachronique. Je l’aime comme si j’avais quinze ans, comme si nous venions de nous rencontrer, comme si nous n’avions aucune attache, ni maison ni enfants.”
L'auteur
Maud Ventura, née en 1992, est titulaire d'un master en philosophie de l’Ecole nationale supérieure de Lyon (2013-2015). Puis elle en obtient un autre en management d’HEC Paris (2016-2019). Elle travaille pour France Inter à l'issue de ses études. En 2021, elle devient rédactrice en chef des podcasts d’NRJ. En 2024, elle récidive avec Célèbre aux éditions l’Iconoclaste.
La lectrice:
Jeanne Cherhal, pianiste autodidacte, est une autrice-compositrice interprète apparue sur la scène musicale au début des années 2000.
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