Le carré des indigents
Durée : 13 H. 22 ; 2 CD MP3.
Texte lu par : Cyril Romoli.
Parution : mars 2023.
Prix : version audio, 23,90 euros (Broché : 496 pages, 23 euros ; version numérique : 15,99 euros)
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Thème
Dans Le Carré des indigents, Hugues Pagan devenu une référence de la littérature policière, nous transporte cinquante ans en arrière, pour nous faire revivre ce qu’était, à cette époque, la police française. Un passé qui peut nous sembler proche, mais où les choses se passaient très différemment. Un livre passionnant, un témoignage, à la fois, minutieux et si vivant.
Nous sommes en 1973. Dans une ville de province, avec ses notables et tout un petit peuple qui bien souvent n’avait pas voix au chapitre.
Le roman débute avec l’arrivée de Claude Schneider, un personnage curieux. Inspecteur général de la Crim’ de Paris, contre toute attente il avait choisi de se faire muter dans cette ville qu’il avait quittée dix ans plus tôt. En tant que lieutenant, il avait connu la guerre d’Algérie, une période qui continue de le hanter et qui se rappellera brutalement à lui. Au volant de sa Jaguar 12 cylindres, « Monsieur Tom » qui avait été son capitaine et qui selon la rumeur possèderait la moitié de la ville, l’emmène à destination : le bunker monument de béton, nouveau siège des services de la police.
Schneider ne passe pas inaperçu. Son physique élancé en fait une sorte de loup émacié aux grands yeux d’un gris imperceptiblement inquiétant. Il a tout du baroudeur, une figure populaire dans ces années-là. Le patron des services, Toussaint Mariani surnommé dieu est d’une autre espèce.
C’est un agité caricatural. Il vocifère, son objectif est de plaire aux autorités notamment politiques. Dès le premier jour, les relations entre les deux hommes seront plus que conflictuelles.
On partage ce qu’étaient le vécu et les pratiques policières. Les rafles de SDF, effectuées à la demande de la femme du maire, les interrogatoires musclés que refuse Schneider. On boit, apéros et digestifs, à chaque page on allume des cigarettes. Les Abattoirs, bistrot situé en face du bunker est le lieu où tout le monde se retrouve, où se prennent les décisions. On suit les investigations. Pas d’ADN, de GPS ou de portable. La réussite des opérations repose sur les indics, les témoignages et filatures. Schneider galvanise son équipe.
Le braquage de la Banque de France est résolu dans la journée. Pacot, meurtrier d’une vieille femme, est arrêté le lendemain de son forfait. Il y a d’autres affaires moins glorieuses. Les objets et l’argent que dérobent certains policiers lors des perquisitions. Les brutalités lors des rafles, avec la disparition d’un SDF qui aurait été jeté hors d’un fourgon en marche. Mais Schneider, sous des dehors durs et froids, cache une humanité profonde. Il ne pourra jamais oublier l’assassinat de Betty.
Son père, André Hoffmann était venu, le soir même de sa disparition au Bunker. Un brave homme qui élevait seul sa fille et se sacrifiait afin de lui assurer un avenir. Une fille de quinze ans sans histoire. Schneider avait effectué avec Hoffmann une ronde nocturne sans résultat. Le corps avait été retrouvé atrocement martyrisé. L’enquête fut longue et décourageante mais il n’abandonna jamais. Ce fut la trace du pneu d’un Command Car Dodge, de la dernière guerre, qui permit d’appréhender les assassins. L’inspecteur était du côté de ceux qui toute leur vie durant seront cantonnés dans … Le carré des indigents.
Points forts
Si Hugues Pagan nous livre un livre original qui sort des archétypes classiques du roman policier, il le doit certainement à son talent d’écrivain mais aussi à son parcours personnel. Philosophe, puis enseignant, il rejoindra la police, dans laquelle il officiera durant 25 ans. C’est cette expérience, ce vécu, qui confère à cet ouvrage une authenticité inimitable.
Quelques réserves
On sort des fondements classiques du roman policier, ce qui pourrait désorienter, certains lecteurs.
Encore un mot...
Une version vivante, passionnante de ce qu’était la police il y a 50 ans…les choses ont elles changé ?
Une phrase
« Schneider voyait chaque enquête à la manière d’une pièce musicale, avec chacune son tempo propre, sa mélodie, sa tessiture particulière, ses chorus soudains, ses inévitables appogiatures. »
L'auteur
Hugues PAGAN né en Algérie, s’installe avec sa famille dans les Vosges en 62 où il fait ses études de philo et exerce un début de carrière d’enseignement qu’il quitte ensuite pour s’exercer et tâter à divers métiers dont le journalisme local. Ayant passé le concours d’inspecteur de police, il exerce cette profession durant 23 ans à Paris puis dans sa province natale.
Fonctionnaire de police, il devient auteur de romans policiers en 1982, publiant une quinzaine de romans noirs puis scénariste de films et de séries de télévision dont l’adaptation des Nicolas Le Floch. Pour Le Carré des indigents il a reçu en 2022 le Grand prix de la littérature policière et le prix Landerneau.
LE LECTEUR
Cyril ROMOLI est un artiste au multiple talent, comédien au théâtre, à la télévision, dans des comédies musicales comme Le Roi Lion, mais également doubleur, musicien, compositeur… Aujourd’hui il est également lecteur pour Audiolib . C’est le cinquième livre audio qu’il interprète.
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