
J’irai cracher sur vos tombes
Parution en mars 2004
Texte lu par Denis Lavant
Durée 3 h 27
Prix : 28,77 euros
(Éditions de 224 pages en livre de poche, 3,94 €)
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Thème
Lee Anderson, un métis de vingt-six ans, à la peau blanche bien qu’il ait des origines mélanodermes, décide de venger la mort de son frère, décédé à la suite d’un lynchage. Il quitte sa ville natale, devient libraire, intègre un cercle de jeunes et choisit deux filles issues de la classe dominante afin de les tuer.
Points forts
Une ambiance prenante : nous sommes plongés dans une Amérique en pleine période de ségrégation, au milieu d’un roman noir dénonçant le racisme ordinaire.
Quelques réserves
Une violence insoutenable : ce polar est émaillé de scènes érotiques de plus en plus choquantes : viol, pédophilie, torture. A aucun moment, l’auteur ne condamne ces crimes, au contraire puisque c’est le héros qui en est l’exécutant. Boris Vian déclarait « choquer le bourgeois », plusieurs décennies après sa publication, si j’en suis un, il y arrive toujours...
Encore un mot...
Boris Vian écrit le manuscrit - né d’un canular - durant ses vacances en seulement quinze jours ! Ce sera le best-seller de l’année 1947. Le scandale, né de l’érotisme sulfureux de l’ouvrage, s'aggrave lorsque l'auteur est accusé d'être un meurtrier par procuration : en effet, un homme assassine sa maîtresse en laissant un exemplaire annoté de J'irai cracher sur vos tombes au chevet du cadavre. Boris doit prouver qu'il n'est pas Vernon Sullivan et, à cette fin, rédige en hâte un document en anglais censé passer pour la mouture initiale. Enfin, il meurt lors de la représentation en avant-première de l’adaptation cinématographique de son histoire. Le contexte de la parution aurait-il pris l’ascendant sur le contenu lui-même ?
Une phrase
“ Je repris un autre bourbon à mon tour. Cela circulait à fond dans mes bras, dans mes jambes, dans tout mon corps. Là-bas, nous manquions de bobby-soxers. J’en voulais bien. Des petites de quinze seize ans, avec des seins bien pointus sous des chandails collants, elles le font exprès les garces, elles le savent bien. Et les chaussettes. Des chaussettes jaune vif ou vert vif, bien droites dans des souliers plats ; et des jupes amples, des genoux ronds ; et toujours assises par terre, avec des jambes écartées sur des slips blancs. Oui, j’aime ça, les bobby-soxers”.
L'auteur
Né en 1920 et disparu en 1959, Boris Vian déploie son génie artistique dans une multitude de domaines : pendant sa courte existence, il cumulera les activités d’écrivain, poète, parolier, ingénieur (il est diplômé de Centrale Paris), chanteur, critique musical, trompettiste, scénariste, etc.
LE LECTEUR
Denis Lavant mène en parallèle une carrière d’acteur de théâtre et de cinéma. Il a joué dans quantité de films et de pièces. Sa voix rauque est en parfaite adéquation avec le ton âpre du récit.
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