Romain Gary s'en va-t-en guerre
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Thème
L’histoire se déroule à Vilnius en Lituanie, le 26 et 27 janvier 1925. Deux journées qui vont bouleverser le destin de Roman qui est âgé de onze ans, au cœur de l’Histoire de l’Extermination.
Nina, la mère, a perdu un fils de dix-neuf ans. Elle porte en elle cette douleur. Femme excessive, elle voue un amour fou à Roman, leur relation est fusionnelle. Elle fait face aux difficultés matérielles avec dignité et rêve d’un destin pour son fils.
Arieh Kacew, le père, absent pendant les années de la grande Guerre, sera, à son retour, un père aimant. Il est fourreur et Roman rêve secrètement de suivre sa trace. Il croit en lui.
Roman est « leur œuvre » jusqu’à ce jour fatidique où survient la rupture. Arieh a une autre femme dans sa vie, elle attend un enfant. Il n’ose pas en parler à son fils qui fugue et découvre brutalement la vérité.
C’est une trahison, le masque de l’enfance tombe.
Nina veut fuir le ghetto pour la France afin d’offrir à Roman un monde meilleur. Il ne reverra plus son père.
Arieh sera exterminé avec sa seconde femme et ses deux enfants en 1943. Nina mourra à Nice en 1941,
Roman Kacew est devenu Romain Gary. Inspiré par sa mère, il s'inventera un père célèbre, Yvan Mosjoukime, icône du cinéma muet. Il fit la brillante guerre que l'on sait.
Points forts
- De belles rencontres :
- Le rabbin sage qui rassure.
- Macha qu’on dit folle, qui pleure son père exterminé et a compris la dureté du monde, malgré son jeune âge. Elle réconforte Roman.
- Nina, Arieh et Roman: des portraits poétiques, attendrissants, poignants, dans le contexte douloureux du ghetto et de l'Extermination.
- L’épilogue, en 1943, une conversation improbable, imaginée par l’auteur entre Arieh et l’officier SS, la veille de son exécution et de celle de sa famille.
Regardant le ciel, il imagine son fils Roman aux commandes d’un bi-moteur des Forces Françaises Libres, venant les sauver de l’Enfer, se réconcilier avec eux. Un ultime pardon.
Quelques réserves
Le roman ne prend toute sa densité que dans la deuxième partie.
Encore un mot...
La mort a toujours accompagné Romain Gary, jusqu’ à son suicide. Laurent Seksik, par le biais de ce roman, nous donne quelques clés et nous incite à revisiter son œuvre.
Une phrase
-"Je hais mon père, confie-t-il au Rabbin; détestes tu quelqu’un toi ?
La haine peut être l’expression d’une grande souffrance, mais elle renforce le désespoir, nous rend prisonniers du passé, fait de nous des spectateurs de nos actes.
L’amour de nos proches est fait de sentiments contradictoires qu’il faut savoir admettre. Tu as le droit de haïr même ton père mais cette haine fait partie de tes plus mauvais souvenirs »
- "La religion, c’est une affaire d’homme. L’Eternel existe avant tout en toi dans le souffle de ton âme plus que dans l’air que tu respires. C’est simplement une sorte d’espérance, rien de plus, une super espérance que rien ne peut atteindre et qui est immémoriale, qui se transmet simplement de génération en génération.
Au-delà de la religion, de la foi, et de la pratique, une espérance indestructible, heureuse qui fait battre le cœur même aux pires moments."
-"L’enfant a appris la grande lâcheté des hommes, a vu s’éteindre le temps de l’insouciance. Nina se promet d’en ranimer la flamme, peu importe ce que cela lui coûtera d’énergie et de peine. Elle s’évertuera au long des années à tente d’effacer l’instant de cet aveu, à enseigner ce qu’est un amour absolu, un amour pur, sans tâches".
L'auteur
Laurent Seksik est né à Nice en 1962.
Il est médecin et écrivain, et vit en face de l’église Russe et du lycée du Parc Imperial où Romain Gary a grandi auprès de sa mère.
Ses principaux ouvrages:« Les derniers jours de Stephan Zweig » et « Le cas Einstein », qui ont été traduits dans le monde entier.
« L’exercice de la médecine » a également remporté un grand succès.
« Romain Gary s’en va-t-en guerre » est son huitième roman.
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