De ce pas

Se libérer du passé

Caroline Broue

Editions Sabine Wespieser - 169 pages

Notre recommandation

3/5

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Thème

Marjorie et Paul, après les premiers temps enchanteurs de leur union, ne savent plus s'accorder, s'évitent, usent de faux-fuyants, de silences qui lézardent petit à petit la forteresse de leur amour. Leur refuge devient une prison : le passé qu'ils ont voulu enfouir les rattrape... Et Marjorie va devoir faire la paix avec Tin, son ancien nom de petite fille au Cambodge qu'elle a fui avec sa mère et où son père a été victime des khmers rouges.

Points forts

- écriture concise et belles réflexions sur le temps présent, sur le passé qu'on ne peut fuir au risque de manquer d'équilibre, sur la quête d'identité et la construction de soi : "on ne change pas impunément d'identité sans que le passé vous rappelle à lui", dit Paul. En affrontant son passé, l'espoir renaît.

- la musique, le mouvement et la danse, trame du livre : "la marche est la prose du mouvement humain. La danse, elle, est poésie, une poésie de l'action". Phrase empruntée à Paul Valéry.

- la discipline exigeante et sans relâche de la vie d'une danseuse étoile, puis les blessures et les "dégradations" du corps qui s'use avec le temps : Marjorie a du mal à les accepter même si elle met son talent au service de la pédagogie en devenant professeur de danse.

- des atmosphères très imagées entre l'enfance de Marjorie au Cambodge, celle de Paul dans un petit village ardéchois, et leur maison près d'Uzès.

Quelques réserves

La construction : ce sont des séquences de vie, de lieux, des flashs, des souvenirs juxtaposés, mais cela est confus, la lecture est un peu chaotique et il n'est pas facile de s'attacher aux personnages ni de suivre les pans entrecoupés de leur histoire.

Encore un mot...

Quelles que soient ses faiblesses, il y a dans ce livre une très jolie réflexion sur le poids du passé, sur le temps qui passe, sur l'espoir en l'avenir une fois que l'on a fait face à son passé et chassé ses démons, sur la sagesse acquise avec l'expérience et sur la maturité du couple.

Une phrase

Qui seront deux :
- "Le monde que je tisse de mes pas et construis de mes gestes est autre, mon corps dansant ignore tout pour n'écouter que lui-même dans son espace propre, car la danse est affaire de temps, d'espace et d'écoute. Quand je saute, je quitte la terre pour mieux y revenir, je quitte provisoirement le sol sur lequel piétine la vie ordinaire."

-"A présent, tu es libre.
Plus rien ne te retient prisonnière.
Les barreaux du passé ont volé en éclats.
Il est temps de rentrer.

Paul et Elena vont s'impatienter."