Blaspheme
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Thème
En ce début du 21° siècle, les démocraties, naguère championnes des valeurs libertaires, auraient-elles perdu de leur sex-appeal ? A défaut d’avoir su conserver l’esprit ferrailleur et distancié d’un Voltaire ou d’un Montesquieu, l’Europe, drapée dans une tolérance à tout va, a laissé entrer dans ses murs un cheval de Troie aux humeurs imprévisibles : le Croyant. Non pas l’homme à genoux et en prières mais le combattant, porteur d’une ceinture d’explosifs.
Après les massacres de 2015 à Paris et le sursaut populaire de millions de personnes descendues dans les rues le 11 janvier 2016, le poussiéreux concept de blasphème est ressorti des oubliettes de l’Histoire en s’invitant sur la scène politique et médiatique. Le retour en fanfare des religions prises sous leur angle le plus totalitaire mène la vie dure aux défenseurs de la liberté d’expression. Prises au piège de leurs discours de bien-pensance, les démocraties occidentales naviguent au jugé entre les lames de fond d’une offensive dont elles se seraient bien passées.
Points forts
La redécouverte du blasphème emporte le lecteur à la découverte d’un MacCarthysme de la pensée, de son cheminement historique, le 20° siècle estimant l’avoir terrassé depuis la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Ce retour en arrière fait froid dans le dos, faisant de la liberté d’expression un Saint Sébastien sous perfusion.
Quelques réserves
Je n'en vois pas un
Encore un mot...
Pour ceux qui en douteraient encore, point n’est besoin de missile pour remporter une bataille. Mots et images s’y sont substitués depuis que langage et vidéos se sont mués en arme de guerre. Dès 1987, soit vingt-huit ans avant l’exhumation du blasphème, Alain Finkielkraut s’interrogeait :
« Vivons-nous l’épilogue simultané des Temps Bibliques et des Temps Modernes ? Répondre en tout cas : Nous ne sommes qu’une culture, à l’affirmation glorieuse et vindicative de l’identité culturelle, ce n’est pas une riposte, c’est une capitulation. Dans leur souci de rendre le vieux monde enfin accueillant, les apôtres de la cohabitation des cultures en détruisent consciencieusement l’esprit : ce qui ne laisse à l’Europe que l’attrait de sa prospérité. » (La défaite de la pensée – Gallimard 1987, page 126)
Une phrase
"L’Occident n’a rien à gagner à se laisser « prendre en otage » par des sensibilités religieuses qui, de surcroît, refusent la discussion, élément vital de la démocratie. C’est le dilemme classique de « la tolérance à l’égard des intolérants » évoqué par John Rawls. Loin de blesser les consciences, l’abaissement du seuil des revendications religieuses est un service à rendre à tous, en particulier aux croyants."
L'auteur
Avocat, docteur en histoire du droit, chroniqueur auFigaro Littéraire, membre du comité de rédaction de la Revue des deux Mondes, professeur à l’université de Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, membre du comité de rédaction et co-rédacteur en chef de la revue Cités, Jacques de Saint-Victor a vu deux de ses livres couronnés par des prix : Les racines de la liberté (Perrin, 2008) recevront le prix Wikibéral en 2008 etUn pouvoir invisible (Gallimard, 2013) le prix de l’essai de l’Académie Française et le prix des Ambassadeurs en 2013. Blasphème est son douzième ouvrage.
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