Andres Serrano. Portraits de l’Amérique

40 ans d’un regard incisif sur les contradictions profondes des Etats-Unis, entre gigantisme triomphant et noirceur endémique
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Musée Maillol
59-61 Rue de Grenelle
75007
Paris
Jusqu’au 20 Octobre 2024. Tous les jours de 10h30 à 18h30. Nocturne le mercredi jusqu’à 22h

Thème

En cette année d’élection présidentielle aux Etats-Unis, Le Musée Maillol a choisi de donner à voir le travail d’Andres Serrano.

Plus qu’un photographe, Andres Serrano se définit lui-même comme un « artiste avec un appareil photo ».

New-Yorkais de naissance, de cœur et d’âme, il a 20 ans en 1970, période de transition pour les artistes américains qui cherchent de nouvelles voies d’expression et de nouveaux champs d’exploration au-delà de l’écrasant succès du pop-art, dans un contexte politique et culturel où émergent de nouvelles revendications et se dessinent les contours de nouveaux combats.

Il oriente dès le début son travail vers le portrait en grand format, cherchant à mettre en exergue par la figuration, les fragilités, les failles et les contradictions de la société américaine.

Son travail conjugue vision au scalpel sans concession et esthétisme extrême, dans une approche symboliste inspirée par les grands maîtres qu’il s’est choisi avec éclectisme, depuis les peintres de la Renaissance jusqu’à Marcel Duchamp. 

L’exposition permet de découvrir 89 œuvres jetant une lumière crue sur les 1000 facettes d’un pays protéiforme.

Points forts

Des portraits qui parlent mieux que des mots :

  • des tensions internes d’un pays structuré par la coexistence des extrêmes. 
  • des marginaux, des exclus, des oubliés, des pourchassés.
  • de la violence, celle des armes à feu, de la torture. 
  • du rapport entre puritanisme, pulsions de mort et de désir.
  • de la sublimation possible du trivial par l’art.
  • de la fascination/répulsion pour Donald Trump.
  • de la foi chrétienne de Serrano qui perdure dans ce maeström et qu’il exprime dans un art sacré rare et provocateur, quitte à assumer lui-même ses propres contradictions, entre scandale et art business. 

Un travail d’observation et de mise en scène qui se veut sans jugement et apolitique ; Andres Serrano aime regarder de tous les côtés. Son Amérique est toute l’Amérique d’aujourd’hui, des bas-fonds aux héros, pour tenter de mieux la comprendre dans sa complexité.

Quelques réserves

L’œuvre de Serrano est volontairement dérangeante et provocatrice, ce qui fait tout son intérêt. Elle peut susciter chez le spectateur une attirance magnétique ou a contrario, mettre mal à l’aise les esprits plus consensuels.

Encore un mot...

Un excellent audioguide simplissime disponible gratuitement sur son téléphone, dans lequel l’artiste présente lui-même le contexte de création et la genèse de chaque pièce exposée.

Une illustration

Blood on the flag 9/11 (2001) Andres Serrano ©FH

Une phrase

  • « L’Amérique n’est pas le pays parfait auquel nous aimerions croire. » 

  • « Je me suis toujours identifié aux outsiders, dans ma vie comme dans mon travail. J’ai toujours l’impression d’être moi-même à la fois dedans et dehors, un initié et un étranger. »

  • « Plutôt que de détruire les icônes sacrées, je les réinvente et je les renforce. » Andres Serrano

L'auteur

Andres Serrano nait à New-York en 1950 dans une famille latino-américaine qui lui transmet une fervente éducation catholique.

Après des études d’art à la Brooklyn Art School, il se lance dans la photographie et participe dès 1888 à des expositions collectives d’envergure. 

En 1989, il expose aux côtés de Robert Mapplethorpe ; les œuvres font scandale et enflamment jusqu’au Congrès américain. Elles marquent le début des «guerres culturelles» qui redéfinissent les politiques de financement public des arts aux Etats-Unis.

Cet événement joue en même temps un rôle d’accélérateur de notoriété.

Depuis, le travail d’Andres Serrano fait l’objet à la fois de polémiques et d’expositions personnelles à travers le monde.

En 2024, l’œuvre de Serrano entre dans la collection d’art du Vatican. 

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