Vivre avec nos morts
Infos & réservation
Thème
Première femme de France à devenir rabbin, Delphine Horvilleur nous raconte des histoires extraordinaires, fruits de son expérience religieuse ; ou d’autres que nous connaissons déjà et qui, pourtant, nous emportent. Elle nous fait partager ses sentiments profonds. C’est l’expression de sa foi et de sa sensibilité délicate.
Points forts
Ce livre respire l’intelligence, la délicatesse et l’émotion contenue. Avec un beau talent.
Et ce, sur un sujet difficile et pénible que la plupart du temps on fuit.
Le tour de force de Delphine Horvilleur est de nous y intéresser grâce à sa culture classique, religieuse et littéraire, mais aussi très moderne avec de belles références à la chanson et au cinéma.
Et aussi incroyable que cela puisse paraître à la lecture du titre, on sourit beaucoup et l’on rit même quelquefois, en tournant les pages sans jamais s’ennuyer.
Voyez l’histoire de Myriam, américaine obsédée par sa mort à venir, qui nous laisse à la frontière du rire et de l’effroi.
Et bien d’autres tristes, émouvantes , drôles, tirées de la tradition juive ou plus intimes racontées avec une magnifique empathie.
Ce rabbin fait preuve, au-delà de sa religion qu’elle nous fait mieux connaître, d’une humanité tendre qui devient universelle.
N’attendez de l’auteur aucune certitude ni aucun prosélytisme.
Elle nous livre en réalité ses doutes avec beaucoup de sincérité face aux grandes tragédies qu’elle évoque avec douleur, mais sans le moindre pathos,comme le ferait une petite fille aux yeux écarquillés devant la mort.
Par exemple devant l’assassinat d’Itsh’ak Rabin, le grand drame de sa jeunesse qu’elle revit avec une émotion si vive qu’elle nous gagne.
Mais c’est surtout la question de l’après qui l’intéresse, la vie de ceux qui restent prolongeant celle des morts qui leur passent le flambeau.
Je retiens encore cette belle définition du peuple juif, empruntée au poète Yehuda Amihaï ; elle ne vient ni de la géographie ni de la génétique, mais de la géologie : « des failles, des effondrements, des couches sédimentaires et de la lave incandescente ».
Quelques réserves
Rien à dire là, si ce n’est, et c’est bien mesquin, pour lui reprocher ses "celles et ceux " qui donnent à son texte l’apparence d’un discours d’Emmanuel Macron...Rassurez-vous, on est loin du compte ! Alors qu’on admet parfaitement le genre neutre du mot rabbin, pourquoi cette inclusion lourde qui flatte l’air du temps ?
Encore un mot...
La jeune vie d’un rabbin femme qui est celle, terriblement ordinaire et moderne, d’une jeune femme drôle, honnête et intelligente face à la mort qu’elle rencontre souvent, sans se blaser et en gardant une sensibilité et une humanité de grand aloi.
Une phrase
" Lorsque, à l’horizon, sont apparues les collines de Jérusalem, et que le chemin à commencer à monter, comme toujours nos oreilles se sont un peu bouchées. J’ai envoyé un peu d’air dans mes tympans. Il a allumé la radio et la déflagration a tout emporté sur son passage. J’aurais voulu ne plus jamais rien entendre.
La détonation avait la voix d’un homme, celle d’Eytan Haber, porte-parole du Premier ministre. Quatre mots en hébreu parvinrent à mes oreilles encore bouchées. J’entends aujourd’hui encore leur réplique interminable :
« Memshelet Israel modia betadhema»...
« le gouvernement israélien annonce avec stupeur »...la mort de son Premier ministre. "
L'auteur
Première femme rabbin française, Delphine Horvilleur est écrivain et philosophe. Elle a été formée à l’université hébraïque de Jérusalem.Elle a aussi une activité de journaliste et même de mannequin.
Chevalier de la légion d’honneur, de l’ordre national du Mérite et officier de l’ordre des Arts et des Lettres, elle a écrit près d’une dizaine d’ouvrages sur différentes questions de la religion hébraïque.
Commentaires
je crois que c'est pauline beb la première femme rabbin en france à la synagogue du front de seine
Ajouter un commentaire