
Quand la Chine parle
Editeur : Les Belles Lettres
Parution le 25 janvier 2025
350 pages
23,50 euros.
Infos & réservation
Thème
Comment la Chine et le peuple chinois évoluent-ils ? Quelles sont les manifestations linguistiques de cette évolution ? Que disent les mots nouveaux, créés, par exemple, à partir d’associations inédites de deux mots traditionnels, ou bien d’un jeu sur un double sens possible, du changement des savoirs, du rapport à l’histoire, de la multiplication des informations accessibles, des conséquences de la crise sanitaire, de la politique de la Chine ou de sa contestation ? Quand la Chine parle répond à beaucoup de ces questions sous la forme d’un essai étonnant, un florilège d’articles inédits, souvent passionnants, proposant une plongée dans le vocabulaire vivant de l’Empire du Milieu.
Points forts
- On est frappé par la qualité des articles qui composent ce livre et leur précision sur les sujets divers et variés qui y sont abordés. On appréciera, notamment, l’article sur les femmes seniors chinoises qui se regroupent pour danser, et dont le dynamisme tient la dragée haute aux moqueries dont elles font l’objet. On s’instruira aussi, par exemple, de la réflexion passionnante sur l’éducation et les nouvelles politiques de “double réduction” (shuangjian 双减) du temps de travail des enfants, dont la surcharge d’activités scolaires et extrascolaires s’est, par le passé, avérée contre-productive.
- L’utilisation des idéogrammes dans le texte permet de comprendre avec précision le sens littéral des mots étudiés, leur origine, les différents sens figurés auxquels ils font référence. Cette analyse fine donne, d’une part, l’occasion de s’initier à une manière de penser particulière et dépaysante. Elle donne aussi, d’autre part, des ressources originales pour s’interroger sur notre propre civilisation et ses évolutions actuelles.
Quelques réserves
Il faut en quelque sorte “s’accrocher” pour lire ces textes rédigés par des universitaires dont les connaissances et l’approche sont pointues. On doit, de temps en temps, s’y reprendre à deux fois pour saisir la subtilité de la langue, et pour s’immerger dans cette analyse si érudite.
Une phrase
“L’année 2013, en Chine urbaine, a sans aucun doute été l’année des « danses de place » (广场舞 guangchangwu). Ces chorégraphies collectives menées dans l’espace public sur des airs pop auraient alors attiré près de cent millions de pratiquants, essentiellement des femmes urbaines âgées d’environ 50 à 70 ans, récemment retraitées ou proches de la retraite, et se rassemblant pour danser par dizaines ou centaines sur des places, dans des parcs, des espaces résidentiels ou sous des bretelles d’autoroute. Largement relayées dans la presse et sur les réseaux sociaux, les danses de place ont alors entériné une nouvelle image sociale de la femme vieillissante en Chine, la dama (大妈), proche équivalent de l’anglais aunty ou tante, moquée et critiquée pour ses loisirs extravagants, ses vêtements colorés contrastant avec les attentes associées à son âge, et son attitude jugée sans gêne, renvoyant une mauvaise image du pays”. (p. 216)
Et aussi
Le livre compte seize contributeurs (notamment des linguistes, historiens, anthropologues, politistes), dont Nathanaël Amar, Ke Huang, Nolwenn Salmon, Jean Tassin, Agnès Pernet-Liu, Aurore Merle, Juan Du, Renyou Hou, Christine Vidal, Judith Audin, Cinzia Losavio, Justine Rochot, Manon Laurent et Chamya Boda.
Il est dirigé par Gilles Guiheux, professeur et sociologue à l’Université Paris Cité, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, ayant réalisé une thèse portant sur le grand patronat privé de Taiwan (1949-1980). Cet ouvrage est également dirigé par Lu Shi, docteur de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris, ayant soutenu sa thèse sur le mariage et la fécondité à Shanghai͏̈, et professeur en études chinoises (sociologie de la Chine, langue chinoise moderne) à l’Université de Lille.
Ajouter un commentaire