Une nuit au cap de la Chèvre

Un moment de grâce, une leçon de vie
De
François Cheng, de l'Académie Française
Albin Michel
Parution en mars 2025
74 pages
12,9 €
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Le Cap de la Chèvre est un petit bout du monde. Au bout de la presqu'île de Crozon, au bout de toute terre occidentale, au bout du Finistère. Lieu grandiose où se rencontrent la puissance de la vie sous les vagues, la profondeur du cosmos au plus profond du ciel. Devant cette apparente dichotomie, François Cheng se sent happé par des réflexions sur l'infini, sur les commencements et sur les confins, sur ce qui lie le début et la fin, sur la vie et la mort. Ce sont ces étonnements, ces évidences au croisement de ses cultures que nous livre le pensionnaire de l'Académie Française, dans ce petit essai qui entrouvre les portes de cette "autre vie" qu'annonce le grand âge. 

Points forts

Dans ce texte aussi court que remarquablement écrit, en prose beaucoup et en vers un peu, l'économie de mots en préserve les saveurs, pour prendre le temps de les écouter et de les comprendre. 

On y parle de l'infini, du début et de la fin de la vie, de la pensée chrétienne de la résurrection et de la philosophie du Tao, là où vie et mort ne sont que des frontières et non des impasses, l'essence de tout plutôt que les deux portes du néant.

Ce tout, il nous en livre ses réflexions convergentes avec les questionnements de l'astrophysique contemporaine - qui s'interroge sur ce que signifie que l'homme puisse voir et comprendre l'univers, esquisser son devenir, penser son premier instant ?

Si vous ne vous y attendez pas, comme ce fut mon cas, vous aurez aussi plaisir à lire les vers de l'auteur, inspirés par cette nuit pleine de profondeurs métaphysiques. 

Et curieux de ce mot nouveau et mystérieux - immarcescible - si joliment adapté à l'œuvre de François Cheng, en découvrirez les sens : "qui ne peut se flétrir" !

Quelques réserves

Aucune réserve, mais plutôt un conseil : ce n'est pas parce que l'essai est court qu'il faut le lire vite !

Encore un mot...

Une nuit au cap de la Chèvre est un moment de grâce. Vous êtes là, assis à côté de François Cheng, et il vous parle. Comme à un ami, sans emphase. Vous regardez le ciel étoilé et avec lui, s'engage une réflexion sur la place de l'homme dans l'univers, et plus encore, vous invite à la sagesse d'un homme qui voit au lendemain de la mort, une renaissance nourricière. Un petit livre rouge bien plus sage que son illustre prédécesseur, et aussi simplement essentiel qu'une bouteille d'eau au faîte d'un chemin abrupt !

Une phrase

  • " Que l'univers créé vaille d'être célébré, c'est l'évidence. Que la Vie vaille d'être révélée, c'est l'évidence aussi. La Vie foisonnante, enivrante, provocante, exaltante, à la fois joyeuse et tragique, avec ses envols parmi les nues, ses êtres qui tentent de survivre au fond du gouffre, ses douleurs étouffées, ses émotions tues, sa part invisible et transfigurante qui se prolonge au-delà de la mort.
    Le poète digne de ce nom reçoit mission non seulement de dire, mais d'accompagner toutes les âmes espérantes par son chant. Il ne doute pas que si les humains sont reconnaissants au Créateur de les avoir créés, le Créateur, lui, sait gré aux humains de prendre en charge les épreuves que comporte l'aventure de la Vie." P 50

  • "[…] le hasard du destin m'a déposé sur ce rivage de la terre d'Extrême-Occident, là où finit le continent eurasiatique, en Finis-terre. Au bout de mes quêtes et de mes retrouvailles, la voie du Tao et la voie orphique ne font qu'une en moi. À l'instar des vagues marines qui, toujours recommençantes, résonnent à l'appel des astres, le chantre humain que je suis, à l'écoute et à la mémoire éveillées, résonne à l'appel des vivants et des morts." P 61

L'auteur

François Cheng est le plus extrême oriental de nos académiciens. Né en Chine en 1929, il choisit la France en 1948 et obtient la nationalité française en 1971. Écrivain, poète, calligraphe, il a écrit de très nombreux recueils de poésie, romans et essais, qui évoquent les deux cultures, chinoise et française, poètes et œuvres d'art, dont il assure depuis de très longues années, les traductions dans les deux langues. La force de son engagement pour la francophonie, la rencontre des cultures, de ses  mots et de ses réflexions l'ont porté sur les bancs de l'Académie Française, où il été élu en 2002. Prix Fémina, Prix Roger-Caillois, il reçoit en 2001 le grand prix de la francophonie de l'Académie Française.

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Commentaires

JACK LAWRENCE
ven 21/03/2025 - 13:10

Tout à fait d'accord avec vous.
Avec François Cheng, on vole plus haut
JL

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