Victor Hugo vient de mourir

La mort de Victor Hugo: Paris en transe
De
Judith Perrignon
Editions L'Iconoclaste - 250 pages
Notre recommandation
5/5

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Thème

1885: Victor Hugo, qui tout au long du 19ème siècle a tendu aux français un miroir sans concession, est mourant. Le journaliste cédant le pas au romancier, par le truchement de deux proches du poète le lecteur est à l’écoute des rumeurs et des informations courant la ville et les rues, les salons et les tavernes, les palais de la jeune République et les ateliers, les cercles politiques et les métiers…, tout ce qui fait Paris.

Pour ce faire, Judith Perrignon a réalisé un très important travail de recherche, « tout est vrai, tout est roman », comme le souligne  l’éditeur sur la 4ème de couverture.

Points forts

Le lecteur vit en direct la fin du poète, son refus de secours de l’Eglise, sa passion pour ses petits-enfants, son sens de la mise en scène….

Rien n’échappe à la vigilance de l’auteur, les angoisses du préfet de police, les vaines tentatives des communards, de retour d’exil suite aux interventions de Victor Hugo, et des anarchistes, pour récupérer l’événement. Leur manifestation au Père Lachaise est sévèrement réprimée, la fusillade fait 4 morts. Le débat sur le Panthéon, finalement retenu comme dernière demeure pour le poète. L’Eglise Sainte Geneviève, rendue au culte, est désacralisée, les ouvriers enlèvent les croix …

Au fil des pages l’auteur révèle les arcanes de la préparation, puis du déroulé, des funérailles nationales, le 1°juin., à l’itinéraire tenu secret pendant plusieurs jours. La location à prix d’or des balcons et vitrines sur un parcours évitant les grands boulevards, trop populaires. Les événements de la journée du dimanche précédent les obsèques. Le corps du poète est placé sous l’Arc de Triomphe de la place de l’Etoile, où une foule immense converge vers le catafalque. Le peuple de Paris frustré- l'Etat a confisqué son héros- se libère lors d'une soirée et d'une nuit de bacchanales (page 203 "la mort est vaincue" c'est la fête")

Quelques réserves

Le plaisir que m’a procuré la lecture de ce livre ne m’a pas permis d’en percevoir de notables...

Encore un mot...

Un travail qui fait regretter la disparition des grands reporters et du journalisme d’investigation, dont l’art requiert un lectorat attentif, contrairement à l’information actuelle, de plus en plus factuelle, et éclatée dans des rubriques visuelles.

Une phrase

(Page 200) « Paris offre au poète le culte d’ordinaire dévolu aux despotes, aux empereurs et aux rois, il était le souverain des mots, de l’imaginaire. Il leur a inoculé un vaccin, un espoir, alors aussi dure que soit la perte, le fond des cœurs semble tranquille.»

L'auteur

Avant d'évoquer l'auteur de ce livre, juste un mot pour vous dire que ce roman est sorti en 2O15 mais que nous ne l'avions pas remarqué alors. C'est une lecture de hasard, toute récente, qui m'a permis d'en découvrir la qualité. Et nous nous sommes dit qu'il n'y avait pas de raison de ne pas vous faire partager ce plaisir. JND

Ce roman a reçu, l’année de sa parution, le Prix de la révélation de la SGDL.

                                                                            ***

Journaliste (Libération, Marianne…), essayiste et romancière, Judith Perrignon, née en 1967, combine habilement ses multiples talents dans ce roman, conduit comme un grand reportage. Elle confirme, ce faisant, le succès critique et public qu'elle avait obtenu, en 2006, avec « C’était mon frère», ouvrage traitant des relations de Vincent et Théo Van Gogh.

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