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Thème
Marcelino Truong à quatre ans lorsqu'il découvre le Vietnam, le pays de son père. Ce pays, il le quittera au bout de deux ans, mais il n'oubliera pas ce bref séjour à Saigon de 1961 à 1963 qui va durablement marquer son enfance.
A tel point que cinquante ans après, il restituera avec finesse et authenticité son regard d'enfant porté sur son expérience vietnamienne, aidé par la précision graphique et faussement naïve de son très joli coup de crayon, et reconstituant des souvenirs que nous découvrons à travers les lettres de sa mère à sa famille restée en France, dont il reproduit et illustre des passages marquants.
Derrière les anecdotes vécues Marcelino Truong nous montre les prémices de ce que l'on nommera plus tard la "guerre américaine" du Vietnam sous un angle très original : grâce à la situation de son père, proche collaborateur de Ngo Dinh Diem, alors président du Sud Vietnam, et depuis le balcon de l'appartement familial, idéalement situé au centre de Saigon, Marcelino nous installe aux premières loges d'où nous assistons à l'entrée en scène des acteurs qui seront les protagonistes de la future tragédie vietnamienne : vietnamiens nationalistes du Sud et communistes du Nord, Viet Cong, politiciens américains, moines bouddhistes, réfugiés catholiques, petit peuple et paysans "'trimant pour les riches le jour et pour les rouges la nuit".
Points forts
La forme adoptée pour ce récit, en l'occurrence la bande dessinée, de surcroît vue à travers un regard d'enfant, contribue à rendre léger un sujet exceptionnellement grave.
Pour la première fois, un ouvrage "grand public" déconstruit le mythe du David vietnamien terrassant le Goliath américain. En nous livrant une vision moins manichéenne du conflit vietnamien, il contribue à rendre justice et à redonner une place aux Vietnamiens du sud, protagonistes essentiels mais désormais oubliés car, tel étant le sort réservé aux vaincus, coupables sans doute d'avoir été cette fois-là du mauvais côté de l'Histoire.
L'ouvrage nous rappelle aussi qu'il s'agissait d'une guerre révolutionnaire, subversive, d'un genre nouveau, ingagnable par des moyens classiques et totalement déséquilibrée d'un point de vue médiatique. En cela, elle était bien exemplaire des conflits de la seconde moitié de ce vingtième siècle tragique.
Quelques réserves
Je n'en vois pas.
Encore un mot...
"Une si jolie petite guerre" ou un ouvrage bouleversant qui raconte l'irruption insidieuse de la guerre dans le quotidien d'un petit garçon saigonnais.
L'auteur
Peintre, auteur et illustrateur, Marcelino Truong est né en 1957 d'un père vietnamien et d'une mère malouine. Enfant, il suit ses parents au gré de leurs affectations à Washington, Saigon, Londres et s'installe enfin à Paris où il vit aujourd'hui.
Diplôme de Sciences Po et agrégation d'anglais en poche, il choisit de suivre sa vocation d'artiste en 1983. Il signe textes et illustrations de plusieurs albums tant pour adultes que pour la jeunesse où le Vietnam et l'Asie sont souvent à l'honneur.
On lui doit la conception graphique du film d’animation, Petit Wang (26 minutes, réalisateur Henri Heidsieck ), Prix du film TV au Festival d’Annecy en 2006.
Marcelino Truong est aussi l’auteur de nombreuses couvertures de livres ainsi que de jaquettes de romans, dont ceux d'Eric Emmanuel Schmidt.
Il illustre régulièrement les pages de Marianne, Elle ou Libération.
Renouant avec la BD, il a adapté le polar de James Lee Burke, Prisonniers du ciel, paru en 2010 dans la collection Casterman/Rivages/Noir.
Une si jolie petite guerre - Saigon 1961-63, un roman graphique en BD paru aux Editions Denoël Graphic est son dernier ouvrage.
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