Une colère noire: Lettre à mon fils
Infos & réservation
Thème
Une chronique de la rupture radicale entre Blancs et Noirs aux Etats-Unis, et aussi le livre des droits civiques. Ainsi, Coates rappelle dans cette lettre à son fils que si un Blanc ne se voit pas blanc, un homme noir ne pourra jamais oublier qu’il est noir parce que tout le lui rappelle. Regarder la réalité en face, ne pas se lancer dans de grands discours qui, au final, se révèleront vains. Rappeler l’Histoire, les faits historiques et écrire : « En Amérique, détruire le corps d’un Noir est une tradition. C’est un héritage ». Nourri des mots de Martin Luther King (« I have a dream »), de James Baldwin (« La prochaine fois, le feu »), d’Angela Davis et des Black Panthers, Coates avait en lui cette Colère noire, depuis la mort en 2000 de Prince Jones, son ami de fac tué par un policier qui l’avait pris pour un autre. Une colère noire, c’est aussi le constat selon Ta-Nehisi Coates que l’Amérique n’a pas changé, même si on y élit un président noir, commémore l’abolition de l’esclavage ou fait des chanteuses Billie Holiday et Beyoncé, ou du boxeur Muhammad Ali, des figures emblématiques.
Points forts
- Plutôt qu’écrire une fois encore un article au format XXL ou un livre de réflexion sur le racisme aux Etats-Unis (et ailleurs…), Ta-Nehisi Coates a choisi la forme d’une lettre à son fils Samori, 15 ans. Ça se révèle furieusement efficace.
- En un peu plus de 200 pages, Ta-Nehisi Coates n’a pas son pareil pour rendre l’émotion d’une bonne partie de l’Amérique, un pays qui, ces derniers temps, traverse des turbulences sociales marquées par des bavures policières contre les Africains-Américains ou des tragédies à caractère raciste…
- La force de la réflexion de l’auteur, parce qu’elle peut tenir en trois mots: Body, parce que le racisme est lié au corps; Plunder, parce que ce corps est « pillé, volé »; Dream, parce que c’est la vie rêvée, celle qui aux Etats-Unis n’a existé (et existe encore, pour Coates) que par l’anéantissement du corps noir, celle qui a été longtemps (et est toujours, selon l’auteur) interdite aux Afro-Américains.
- Le beau conseil du père à son fils : « Voilà tes racines de Noir : ne t’endors pas, c’est une question de survie ».
- L’avis de Toni Morrison, prix Nobel de littérature 1993 : « Coates comble enfin le vide intellectuel laissé par la mort de James Baldwin en 1987 ».
Quelques réserves
Certains, pour contrer cette Colère noire de Ta-Nehisi Coates, pointeront non pas la forme mais le fond. Et dénonceront une démonstration aveuglée par un militantisme radical.
Encore un mot...
Ce texte sent le bitume, l’arme de poing et la violence de la rue. Un livre-événement. Le livre de chevet du président Barack Obama.
Une phrase
« Je t’écris dans ta quinzième année. Je t’écris car cette année tu as vu Eric Gardner se faire étrangler et tuer pour avoir vendu des cigarettes ; car tu sais désormais que Renisha McBride a été abattue parce qu’elle avait appelé à l’aide, que John Crawford a été tué parce qu’il déambulait dans les rayons d’un grand magasin. Tu as vu des hommes en uniforme assassiner, de leur voiture… »
L'auteur
Né le 30 septembre 1975 à Baltimore, Maryland (Etats-Unis), Ta-Nehisi Coates a étudié à l’Université Howard à Washington avant de se lancer dans le journalisme. Pour le site www.theatlantic.com, il suit les affaires nationales et, plus spécialement, les violences raciales. En 2008, il a publié The Beautiful Struggle, un essai biographique sur son enfance à Baltimore. Chaudement recommandé par Toni Morrison (prix Nobel de littérature 1993) et vivement conseillé par Barack Obama himself, son nouveau livre, Une colère noire. Lettre à mon fils (en VO :Between the World and Me) a reçu le National Book Award, l’un des prix les plus prestigieux outre-Atlantique.
Commentaires
Je lirai ce livre, chaque point de cette chronique, du premier au dernier mot, me convainc de
m'y intéresser.
Ajouter un commentaire