Thomas Clerc - Paris, musée du XXIème siècle. Le dix-huitième arrondissement

Si le XVIIIème arrondissement vous était conté

Thomas Clerc

Editions de Minuit
Parution Septembre 2024
624 pages
22,50 €

Notre recommandation

4/5

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Après le Xème arrondissement, où il a vécu et qu’il a décrit dans Paris, musée du XXIème siècle. Le Xème arrondissement, Thomas Clerc s’attaque à l’un des arrondissements les plus emblématiques de la capitale, le XVIIIème, où il habite désormais.
Déambulation poétique, balade rêveuse … l’auteur détaille rue par rue les 425 artères – rues, squares, places, avenues, cités, jardins, villas, boulevards, impasses, passages – qui le composent et en font battre le cœur. Flânant comme un piéton à la découverte de l’insolite aussi bien que de la scène la plus banale, il se laisse porter par son inspiration pour nous proposer un documentaire romanesque extrêmement vivant sur la vie du quartier.
Le XVIIIème offre ainsi bien des contrastes, entre le Sacré Cœur, un des monuments les plus visités de la capitale, et la Goutte d’Or, populaire, animée, bruyante et ses petits trafics …

Thomas Clerc s’est donné le temps de découvrir, pas à pas, son quartier. Commencé en plein confinement pour se terminer à l’approche des Jeux Olympiques, son inventaire méthodique composé comme un tableau kaléidoscopique ouvre une fenêtre sur un des lieux les plus animés et disparates de notre belle capitale. Il y croise des touristes en goguette, des habitants qui y ont toujours vécu, des commerçants en souffrance … toute une faune hétéroclite.
Cette balade géographique se double d’un voyage dans le temps, les lieux ne cessant de changer d’apparence, parfois pour se réinventer pour le meilleur, parfois pour le pire. Elle s’accompagne également d’un autoportrait, dans lequel il se dévoile dans son rapport aux lieux et aux gens, prenant plaisir à s’exposer à son tour, comme une composante du quartier qu’il s’est approprié.
La multiplicité des angles et des points de vue enrichissent la description. Toujours d’une extrême attention dans les détails des situations même les plus banales, il apporte une profonde méticulosité à chaque description, sans jamais s’appesantir. Quelques lignes, jamais plus, lui suffisent pour nous éclairer avant de s’intéresser à un autre immeuble, un autre magasin, un passant …

Le livre est épais (625 pages) et intense mais jamais pesant. Il se lit comme un roman, un almanach, un journal de bord …

Thomas Clerc enfile les bottes d’illustres prédécesseurs. On pense à Léon-Paul Fargue (Le piéton de Paris et son voyage sentimental dans un Paris perdu), André Breton (Nadja, puis L’amour fou avec Jacqueline Lamba avec qui il déambule toute la nuit au cœur de la capitale), Jacques Soupault (ses errances nocturnes dans les rues de Paris et les différents personnages qui les peuplent dans Les dernières nuits de Paris) ou encore Pérec pour les descriptions qu’il en fît ou ses inventaires méticuleux.

« Allée des Brouillards (42 x 2 m), trop mince pour une allée et trop fréquentée pour des brouillards. L’ignorez-vous ? Le château des Brouillards, acheté 10 millions de francs en 2001, s’est revendu 10 millions d’euros en 2011. Modigliani vivait dans une cabane en 1907. Tout ce contraste entre la pauvreté symbolique du passé et l’obscénité réelle du présent rend ces lieux en peu vains. Mystère social : qu’est-ce que Nerval, Bloy ou Renoir représentaient pour ces gens qui passent ici ? Attraction : un groupe de « jeannettes » fait des photos d’une des leurs en lauriers et robe blanche, devant le 4, dans des éclats de rire et des poses masculines. De la villa cossue sort un jeune couple et leur petite fille déguisée avec des ailes dans le dos ; les anges passent dans le groupe des « jeannettes », avant de croiser des « démons » qui tapent le cuir en bas. Bande son : nous arrivons en haut de la place Casadesus (28 x 12 m) » …

Thomas Clerc est né en 1965 à Neuilly-sur-Seine. Il est agrégé de lettres modernes, docteur en lettres et maître de conférences en littérature contemporaine à l’Université de Nanterre.
Il est romancier, essayiste et poète, avec une œuvre riche d’une quinzaine de titres chez différents éditeurs.
Thomas Clerc est adepte d’une écriture introspective (son roman Intérieurs, en 2013, dont le décor unique est son propre appartement).