Sarah Bernhardt scandaleuse et indomptable »

Les dieux ne meurent jamais! Un livre dense qui se savoure…on se régale !
De
Hélène Tierchant
Tallandier
Parution en janvier 2023
375 pages
21,90 euros
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Hélène Tierchant nous livre ses réflexions sur l’histoire d’une petite fille à l’enfance tristounette, née d’un père « non dénommé » et d’une mère qui a une fâcheuse tendance à l’oublier le plus loin possible. Mais cette enfant a un caractère enjoué, l’humeur gaie et est dotée d’une volonté farouche. Sa mère se dépêche de l’émanciper pour avoir la paix. Alors, pour survivre, Sarah va se lancer dans la galanterie, « d’alcôves en alcôves », mais attention, uniquement du haut de gamme ! Déjà, alors qu’elle était à peine haute comme trois pommes, elle a décidé qu’elle serait la plus grande comédienne de son époque. Pari réussi.

Points forts

  • L’écriture de l’auteur dont la richesse de vocabulaire est infinie. Cet ouvrage se lit avec grand plaisir, avec des expressions amusantes : « se faire couper l’herbe sous le pied » devient « se faire couper l’ajonc sous la bottine ».
  • La formidable documentation d’Hélène Tierchant, qui nous fait revivre au plus près les tribulations et les errements de la tragédienne dont l’existence était tout sauf linéaire.
  • Cet ouvrage fourmille d’anecdotes croustillantes, truculentes même, d’autant qu’elles sont crédibles, et sont relatées avec un bel humour dont Sarah Bernhardt n’était pas dénuée également. On se régale.
  • L’auteur nous met en situation la vie de l’époque, les mœurs et coutumes de la société et nous côtoyons dans cet essai nombre de pointures littéraires, artistiques et politiques de l’époque, Victor Hugo, Emile Zola et Daudet, entre autres. Et surtout, nous abordons les périodes de guerre : Sarah Bernhardt en affrontera deux, celles de 1870 et 1914, pendant lesquelles elle se rendra utile. Elle a fait sien l’adage : « j’aime qu’on m’aime et j’ai besoin qu’on ait besoin de moi ». Il n’empêche : celle qu’on surnommait méchamment la petite juive a soigné Foch, alors capitaine lors de la première et celui-ci viendra le lui rappeler lors de la seconde, quand elle visitera les tranchées.
  • Enfin, nous avons la preuve ici que Sarah Bernhardt était une anticonformiste absolue et surtout une féministe avant l’heure. Bien que n’étant pas franchement d’accord avec les idées révolutionnaires de Louise Michel, elle a toujours soutenu cette dernière dans ses combats pour améliorer la vie des femmes et restera fidèlement à ses côtés jusqu’à sa mort en 1905.

Quelques réserves

Nihil : chaque chapitre se déguste !

 

Encore un mot...

Il y aurait tant à méditer sur ce personnage hors du commun, sa volonté, son sens de la justice, ses choix lamentables d’amants (elle a tout de même le chic pour se dégotter des graines de brigands qui se droguent !), son courage devant les embûches, son entêtement (Madame « Quand même ! »), ses ruines successives (l’argent lui brûle littéralement les doigts : sitôt gagné, sitôt dépensé). Cette dame attachante parce que tellement humaine et passionnante ne vivait que pour la scène. Cette infatigable avait en outre de multiples talents, dont ceux de peintre et de sculptrice. Cet ouvrage dense se savoure !

Une phrase

  • Lorsque Sarah Bernhardt est nommée professeur du Conservatoire, elle dit pages 287
  • « Je recommanderai à mes élèves de n’imiter personne, c’est-à-dire de garder leur personnalité, de développer leur nature. C’est un principe auquel je me suis arrêtée il y a bien longtemps… ».
  • En réponse à un journaliste du Figaro, elle affirme page 223 : « Voilà vingt-neuf ans que je livre au public les vibrations de mon âme, les battements de mon cœur, les larmes de mes yeux…. J’ai voulu, j’ai ardemment voulu arriver au summum de l’art ; je n’y suis pas encore ; il me reste bien moins à vivre que je n’ai vécu ; mais qu’importe ! Chaque pas me rapproche de mon rêve ! »
  • Et enfin, cette réflexion qui la caractérise, page 215 : « Au théâtre, le naturel c’est bien mais le sublime, c’est tout de même mieux »

L'auteur

Hélène Tierchant, écrivaine française d’ascendance russe, s’est spécialisée dans l’art théâtral et le cinéma (elle est diplômée de l’IDHEC, Institut des Hautes Etudes cinématographiques).

Après avoir travaillé dix ans comme assistante-réalisatrice au cinéma, elle s’est tournée vers l’écriture de documentaires pour le cinéma, et de romans, essais et biographies. Ainsi, cet auteur a immortalisé deux grandes tragédiennes avec leurs biographies, Mademoiselle George, la tragédienne de Napoléon, en 2008 et Sarah Bernhardt, Madame Quand même, 2009.

En outre, elle connaît sur le bout des doigts la Comédie-Française et son fonctionnement dès l’origine. Ainsi, elle a rédigé toute la partie historique de La Grande Histoire de la Comédie-Française en 2011.

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