Sapiens. Une brève histoire de l'humanité
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Thème
Formidablement intéressant et enrichissant.
L'histoire de l'humanité est courte. Celle que Yuval Noah Harari propose de parcourir couvre principalement les 70.000 dernières années, qui ont vu Homo Sapiens passer de l'état de chasseur cueilleur à agriculteur, explorateur, colonisateur de la terre. Cette histoire, remarquablement documentée, évoque aussi bien la rencontre avec Neandertal, la colonisation de l'Australie, la création du capitalisme, la naissance des religions, le bouleversement des équilibres écologiques, l'asservissement de la nature, les raisons du succès du libéralisme. Un grand souffle d'air balaie nos connaissances "académiques" pour un regard qui embrasse toutes les sciences, les civilisations, les époques et en explique très largement et simplement l'influence sur le présent.
Points forts
1- Il est difficile de sélectionner les points forts tant ils sont nombreux. En voici un florilège : écriture simple, transversalité des domaines abordés et mise en valeur des interactions entre disciplines (sociologie, archéologie, économie, biologie, nouvelles technologies, politique, religion, géographie, conquêtes militaires, scientifiques et idéologiques...). Regard anticonformiste sur notre société et nos histoires, révélations (à mon sens) extrêmement bien argumentées sur nos stéréotypes culturels, nos réussites, nos échecs. Réflexions sur les incertitudes de l'aube des sciences du vivant, qui offrent à l'homme "la mort de la mort" et la substitution de l'intelligence (artificielle) à la conscience (humaine).
2- Un livre illustré de cartes, schémas, tableaux, photos, qui renforcent la compréhension du propos.
3- Très surprenant, ce livre s'achève sur une brève histoire du bonheur. Synthèse utile, surtout en cette période de débats sur le "retour aux sources", et autres périls climatiques et géopolitiques. Comme le souligne Nicolas Bouzou dans son livre paru en septembre 2016, "l'innovation sauvera le monde" (voir la Chronique sur le site), jamais l'humanité n'a vécu dans des conditions matérielles, de sécurité et de santé meilleurs qu'aujourd'hui. Sur ce constat, l'analyse de YN.Harari est fine, nuancée et pleine de bon sens. Une invitation à la réflexion, pour nous tous.
Quelques réserves
1- J'en vois peu ; Yuval Noah Harari est un fervent défenseur de la cause animale. De fait, il valorise beaucoup, entre autres nuisances collatérales de l'expansion de l'homo sapiens sur terre, l'extinction de la majorité des mégafaunes de la surface de la terre et la souffrance animale induite par la nécessité de nourrir 7 milliards de Sapiens. Oui, c'est un fait - et il est parfaitement argumenté. On peut considérer que l'essentiel n'est pas là, mais il est utile d'en prendre conscience.
2- Dans cette magnifique fresque, sans être, de très loin, un spécialiste du domaine, j'ai trouvé la place de l'Asie un peu terne. J'aurais aimé que ses interactions et son histoire soient plus présents dans les développements du livre. Attention cependant - Le Professeur Harari ne néglige absolument pas de l'intégrer à son analyse.
3- Les auteurs cités en référence ou en appui des idées exposées sont majoritairement Anglo-Saxons. On aurait aimé y retrouver davantage d'experts européens.
Encore un mot...
En bref, ce livre est formidablement intéressant et enrichissant. Il se lit comme un roman. Souvent à cheval entre le passé et le présent, chaque chapitre fourmille de détails et d'arguments, d'approches originales qui décapent un peu nos connaissances et nos tranquilles certitudes. Ce livre, reconnu dans le monde entier comme une contribution originale à la connaissance de notre temps, a aussi ses détracteurs. Et alors ? En complément de nos formations "classiques", j'en recommande très vivement la lecture, de 17 à 97 ans !!
Une phrase
" Trois révolutions importantes infléchirent le cours de l'histoire. La révolution cognitive donna le coup d'envoi de l'histoire, voici presque 70.000 ans. La révolution agricole l'accéléra voici environ 12.000 ans. La révolution scientifique, engagée voici seulement 500 ans, pourrait bien mettre fin à l'histoire et amorcer quelque chose d'entièrement différent. Ce livre raconte comment ces trois révolutions ont affecté les êtres humaines et les organismes qui les accompagnent".
L'auteur
Docteur en Histoire, diplômé d'Oxford, Yuval Noah Harari est un "jeune" professeur d'université (40 ans en 2016), qui balaie l'histoire de l'humanité d'un œil singulièrement transversal et novateur. Enseignant à l'Université hébraïque de Jérusalem, son cours sur "une brève histoire de l'humanité" est suivi, en ligne, par plus de 100.000 personnes. C'est un spécialiste de l'histoire militaire, sujet sur lequel il a largement publié depuis le début des années 2000. Première édition en hébreux en 2011, "Sapiens" a été publié en anglais en 2014 et en Français en octobre 2015. Ce livre lui a valu, entre autres, en 2012, le prix Polonsky pour la créativité et l’originalité des ouvrages de Sciences Humaines, Marck Zukerberg - fondateur de Facebook - le déclare livre de l'année en 2015. Publié en 30 langues, c'est incontestablement un best seller de l'année 2016.
Commentaires
En complément: " De l'inégalité parmi les sociétés." de Jared DIAMOND.
Merci de vous être donné cette peine dans votre commentaire.
Il me semble que derrière les apparences bien "documentées" se cache en réalité une bien maigre science... Les erreurs sont nombreuses, car trop généralisées -on coule vite dans l'anecdote et la dispersion - et curieusement marquées par son goût pour une bouddhiste qui fait fi d'une sagesse unvirselle du coup : voilà que l'être huùain n'a pas d'âme...
Quant au commentaire de la déclaration des droits de l'homme, restons raisonnables !
Les références sont bien pauvres, anglo-saxonnes principalement...
Bref, qui trop embrasse mal étreint ! Et comme il le dit lui-même à la toute dernière page, Harari dévoile cette impression: «Élargir nos horizons peut se retourner contre nous en semant la confusion et en nous rendant plus passifs qu'avant.»
Un livre absolument génial, époustouflant, bien documenté, à l’écriture souple, imagée, agréable. Un livre où l’auteur affirme beaucoup. Trop peut-être ! Par moment, Harari s’aventure dans la science-fiction à la manière d’Aldous Huxley (Le meilleur des mondes). L’auteur barate le fait religieux et notamment la foi catholique de façon un peu légère… Il lui manque de suivre un cours de théologie 101 et de conjuguer le verbe « aimer ». Cela dit, j’ai pris une tonne de notes
En écho à Gérard Blais, Albin Michel, page 262:" ... l'Ancien Testament qui ne prétend jamais non plus que l'âme continue de vivre après la mort du corps."
Premier livre de Samuel. 28 : Le roi Saül utilise une nécromancienne pour communiquer avec Samuel décédé depuis peu et qui lui lance:" Pourquoi as-tu troublé mon repos en m'invoquant?"
Par contre, il ne faut pas se formaliser du terme "mythe" pour désigner le Christianisme. Mythe et mensonge sont deux choses différentes.
Autre critique: Yuval Noah Harari ne fait aucun cas des efforts, notamment de l'UE pour améliorer le sort des animaux d'élevage. Ni des fermiers comme votre serviteur, attentifs au bien-être de leur bétail.
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