Robespierre - La vertu et la terreur
Parution le 25 août 2022
256 pages
25 €
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Thème
- « L’Incorruptible » demeure deux siècles après sa mort une énigme : militant de l’abolition de la peine de mort envoyant sans remords à la guillotine jusqu’à ses plus proches amis, fraternel disciple de Rousseau devenu chef d’un Etat totalitaire, solitaire introverti mué en orateur charismatique
- L’ambition de ce livre est de nous donner une nouvelle biographie, dégagée des interprétations anachroniques comme des appropriations partisanes, inspirée des travaux historiques les plus récents et appuyée sur une illustration de premier ordre.
Points forts
- Incontestablement, l’iconographie : la coédition avec la Bibliothèque nationale de France a permis l’accès au prodigieux fonds de cette institution, ce qui nous donne à voir des documents uniques, toujours très bien placés en adéquation avec le texte et bien légendés.
- Nous sommes en présence d’un beau livre, dans lequel l’illustration est toujours judicieuse, la présentation agréable, la lecture aisée grâce à une typographie soignée.
- Cet ouvrage fait partie de la « Bibliothèque des Illustres » et se présente comme une porte d’accès à l’Histoire, notamment pour les plus jeunes qui peuvent être séduits par la présentation aérée qui s’apparente, avec ses brefs chapitres et ses intertitres, à celle d’un magazine.
Quelques réserves
- L’Histoire, tout particulièrement celle de la Révolution, ressemble à un vaste procès où déposent des témoins (Tulard), requièrent des procureurs (Bainville), plaident des avocats (Guillemin), prononcent des jugements (Michelet)…
- Antoine Boulant tient ici le rôle du greffier, c’est-à-dire qu’il nous présente des faits, des dates, des noms – il ne nous est fait grâce d’aucun prénom composé de tous ces personnages, jusqu’aux plus obscurs comparses. Les documents sont nombreux et bien choisis, et encore une fois l’iconographie est remarquable.
- Mais tout ceci est d’une grande platitude de style, on ne ressent aucune empathie pour quiconque, l’on a la très nette impression que dans un souci de neutralité, l’auteur se borne à exposer immédiatement, en marge de chaque élément « à décharge », un autre « à charge » et réciproquement :
- Robespierre était orphelin très jeune : oui mais c’était le cas d’un enfant sur dix à cette époque.
- Il était ouvert à la philosophie des Lumières et a milité contre l’obscurantisme : oui mais tout le monde le faisait dans ce milieu social et ce n’était pas original.
- Il a mis en place une politique de terreur : oui mais il était honnête, etc. - Adopter le point de vue de Sirius, ne jamais prendre parti, sont des postulats tout à fait valables et qui honorent l’historien, mais où est passé le souffle d’une période en tous points extraordinaire ?
- Aucune explication, qu’elle soit psychologique, politique, sociale, ne ressort de cette compilation, le dernier chapitre consacré à l’héritage contemporain de Robespierre n’étant pas le moins frustrant sur ce point ; il consiste en effet à rappeler les controverses qui persistent depuis deux siècles sur « l’homme qui nous divise le plus », jusqu’à la revendication actuelle de l’homme par une partie de la gauche radicale, mais sans plus de développement alors que ce sujet aurait mérité une plus longue analyse.
Encore un mot...
- Le sous-titre du livre « La vertu et la terreur » renvoie à une citation de Robespierre lui-même :
- « La vertu, sans laquelle la terreur est funeste ;
La terreur, sans laquelle la vertu est impuissante ». - Il renvoie aussi pour les plus anciens à la glorieuse période de l’ORTF et à un épisode de La caméra explore le temps (mais avec un titre inversé) dans lequel Robespierre était incarné par le formidable Jean Négroni.
- Le roman et la fiction étant souvent plus évocateurs que les travaux universitaires, si érudits soient-ils, lisez Les Onze de Pierre Michon, et vous approchez au plus près de ce qu’a pu être le Comité de Salut Public.
- Et à quand une biographie de Lazare Carnot, qui en a été un des membres les plus actifs tout en passant à travers tous les régimes et en conservant une mémoire flatteuse devant la postérité ?
Une phrase
« Débutant le 2 avril devant le Tribunal révolutionnaire, à la suite de la convocation de son vice-président par Robespierre en personne, le jugement des Indulgents demeure le prototype du procès politique dont l’issue était connue d’avance. Condamnés à mort après que les débats eurent été interrompus par la découverte d’un supposé complot conduit dans sa prison par Lucile Desmoulins, Danton et ses fidèles furent exécutés le 5 avril en même temps que Cabot, Launay et Fabre d’Eglantine. Une légende tenace veut que lorsque la charrette qui le transportait vers l’échafaud passa devant la maison de Robespierre, le tribun lui cria : “Tu nous suivras, ta maison sera rasée, on y mettra du sel !”. "
L'auteur
Docteur en histoire, Antoine Boulant a orienté ses travaux vers la période révolutionnaire comme en témoignent ses précédents ouvrages (Saint-Just. L'archange de la Révolution, Passés/Composés, 2020 ; Le Tribunal révolutionnaire. Punir les ennemis du peuple, Perrin, 2018 ; La Conciergerie, sa contribution dans l’ouvrage collectif Marie-Antoinette, Perrin, 2020).
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