Qu'est ce qu'une famille

De
Fabrice Hadjadj
Editions Salvator
Notre recommandation
4/5

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Thème

La famille, la transmission, la naissance ont fait l'objet, en 2013 et 2014, au prétexte du "mariage pour tous", de débats animés dont les conclusions sont plus juridiques que philosophiques. Fabrice Hadjadj s'intéresse aux fondements philosophiques et religieux de chacun d'entre eux, à leur "essence", à leurs valeurs primordiales. Il invite à réfléchir aux fondements même de notre société, dont les racines historiques et culturelles sont la famille, la différence assumée des sexes, le don de la naissance, l'exigence de la transmission. Si la famille est un fondement, saurait-on (re)fonder la famille ?

Points forts

1- Le livre regroupe 4 conférences, cours ou réflexions "nées" en 2014 sur le terreau des débats sur le mariage pour Tous, des ABCD de l'égalité, de l'adoption et de la PMA pour les couples homosexuels. Il offre à découvrir un point de vue nourri par trois religions monothéistes et des maîtres, de Cioran à Platon, d'Heidegger à Proust (hé oui !), de Socrate à Hannah Arendt.

2 - Sans les aborder frontalement, il offre aux débat sur la théorie du genre, la planification du désir d'enfant, la revendication de l'égalité des droits à aimer et éduquer un enfant, matière à "reconstruire" les fondamentaux de la société, dont la famille, modèle sans antécédent, reste le seul repère "primordial".

3 - Fabrice Hadjadj a une écriture délicieuse et déroutante, qui vous interpelle autant par sa simplicité que son érudition, qui vous réserve des éclats de rire tant son manque de conformisme et de langue de bois peut révéler des rapprochements cocasses ou incongrus !

4 - Ce livre peut se lire dans le désordre. Il est d'une grande richesse par sa capacité réflexive. Il est anti conventionnel - lui qui trouve dans la tension du sexe masculin et l'intimité du sexe féminin, "tenon et mortaise", les fondements de la transcendance humaine, et finalement de ce qui fonde l'ensemble de nos valeurs.

Quelques réserves

1 - Le "sujet titre", Qu'est ce qu'une famille, ne représente que 50 pages sur 250. Mais quelle densité! 

2- Attention, lecture pour lecteur éveillé, sinon, au moins 50 % de la valeur de l'ouvrage vous échappera. Cependant, au détour d'une somnolence impromptue, un commentaire totalement inattendu vous réveillera d'un éclat de rire.

3- Si vous êtes convaincu que l'avenir de l'homme est dans l'indifférenciation des sexes et la défense absolue de l'individualisme, ce livre pourrait vous agacer. Pourtant ce qu'il contient n'a pas eu grande place dans le débat public, faiblesse de toute réflexion sur l'essence de l'être. Ne vous laissez pas arrêter par son sous titre : La transcendance en culotte. Aussi déroutant soit-il, il forme une partie d'un raisonnement qui peut surprendre, mais dont les arguments sont solidement étayés.

4 - De la confession même de son auteur, ce livre peut paraître sexiste. La femme y est magnifiée dans son rôle primordial de mère. De la mythologie à la Bible, du bord du lit aux bords des pipettes de la fécondation in vitro, les références pleuvent, les provocations aussi. Il n'est pas interdit de les trouver vivifiantes tant elles sont dénuées de "politiquement correct", de "consensualité obligatoire".

Encore un mot...

Intellectuellement rafraichissant ! Il n'est pas donné tous les jours de réfléchir aux fondements de nos sociétés sur des sujets aussi simples que le sexe, le désir d'enfant, les ferments de la famille, les ressorts de l'altérité. Pas besoin de croire pour être sensible à cette réflexion sans tabou. Ce livre essaie de montrer comment le modèle de la famille ne peut être comparé à aucun autre, comment se fonde un couple, se construit un enfant, sa perception de l'altérité, comment sa vérité échappe à tous les calculs d'une société obnubilée par l'égalité des droits.

Un écho spirituel de référence aux débats actuels sur la famille, la parentalité, le don de la vie et le droit.

L'auteur

Pour parler de l'auteur, il y a deux manières : la figure imposée et la figure libre. 

L'une : Fabrice Hadjadj est professeur de philosophie (à Paris, à Toulon) et écrivain, directeur de l'institut européen d'études anthropologiques Philanthropos à Fribourg. Il a 44 ans. 

L'autre : auteur prolixe, son écriture jubilatoire déshabille les stéréotypes de l'anthropologue et du sage poussiéreux.  Par l'esprit autant que par la trajectoire, c'est un homme de rencontres,  qui se décrit lui même « juif de nom arabe et de confession catholique » !

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