Philippe Egalité. Le prince de la Révolution

Un récit dense, trop savant pour les non-spécialistes des années 1750-1793
De
Raphaël Dargent
Tallandier
Parution le 23 janvier 2025
525 pages
25.90 €
Notre recommandation
2/5

Infos & réservation

Thème

Chef de la branche cadette des Bourbons, Louis-Philippe-Joseph (1747-1793), premier prince du sang, donc premier dans l’ordre de succession au trône après la branche aînée, est pris dans le torrent de la Révolution. D’abord titré duc de Chartres puis duc d’Orléans à la mort de son père, il doit à la Convention la dénomination tout à fait officielle de Philippe Egalité. Sa trajectoire erratique l’amène à voter la mort du roi et ce vote marquera tellement sa personne que la postérité ne retiendra rien d’autre de lui. Cette biographie s’attache à présenter les multiples facettes de cette -faible- personnalité confrontée aux évènements qui entraîneront inexorablement sa mort sur l’échafaud.

Points forts

En replaçant cette histoire dans son contexte familial et politique, Raphaël Dargent permet de réévaluer le rôle joué par le duc d'Orléans : 

  • D’une faiblesse de caractère dénoncée par Talleyrand et tous ses contemporains (velléitaire, piètres capacités) Louis-Philippe-Joseph pâtit d’une éducation bâclée qui l’amène au libertinage crapuleux dès l’âge de 17 ans.

  • Grand Maître du Grand Orient de France, il se mêle assez maladroitement à la fronde parlementaire, cherchant à établir une vraie constitution française au risque d’encourir l’exil.

  • En parallèle, il donne libre court à sa fantaisie en s’adonnant à toutes sortes de plaisirs en compagnie du prince de Galles, capable qu’il est de chasser le daim dans Paris ou de prendre l’air à bord d’un aérostat. 

  • Il aménage somptueusement sa résidence du Palais Royal grâce à l’énorme fortune de son épouse et veille à faire donner à ses enfants une éducation indépendante des règles convenues qui servira fort bien le futur Louis-Philippe

  • Le 14 juillet, sa pusillanimité l’empêche d’intervenir : au lieu de forcer la porte du Conseil pour proposer sa médiation, il passe en Angleterre sous couvert d’une « mission » (inexistante) à remplir pour l’Assemblée nationale. C’était pourtant le « moment Orléans » dont le prince ne sût pas profiter.

  • En 1791 il divorce d’avec sa femme Marie-Adélaïde pour se rapprocher des Jacobins. Il est alors très largement soupçonné de briguer la régence puis de vouloir faire assassiner le roi pour prendre sa place.

  • En bref, c’est le cruel jugement de Talleyrand qui le définit le mieux « Après le crime de son vote, il n’était plus rien, il n’avait plus de destination ; il resta simplement dans les rangs et, comme ce n’était pas sa place, il y fut nul, avili et tué ».

Quelques réserves

Bon historien, Dargent peine cependant à se mettre à la portée d’un lecteur qui doit déjà bien connaître la période décrite pour y comprendre quelque chose. Assez difficile à lire, il se perd dans de multiples détails qui ont toutefois l’avantage d’étoffer la description de l’époque.

Encore un mot...

Le mécanisme de la rumeur, alimenté par des pamphlets injurieux, est essentiel à la manipulation de l’opinion publique de l’époque mais aussi à celle de la réputation posthume du duc d’Orléans malgré son indifférence affichée quand il clame « je m’en fous » face à la multiplication des libelles hostiles.

Une phrase

“ Finalement, Louis-Philippe-Joseph avait manqué son rendez-vous avec l’histoire. Ni roi ni régent, il resterait à jamais dans la mémoire collective comme le Régicide. Son fils Chartres ne manquerait pas le sien et après des décennies d’attente au terme d’une autre révolution -celle de 1830- il ferait monter les cadets de famille sur le trône, deviendrait Louis-Philippe 1er roi des Français « non parce qu’il était Bourbon mais quoique Bourbon ». Quoiqueparce que, c’était la même logique en 1793 qui, écrit Henri Monin, « devait amener Égalité, quoique Bourbon, à voter la mort de Louis XVI et le tribunal révolutionnaire à faire tomber la tête d'Égalité parce que Bourbon » Page 453

L'auteur

Raphaël Dargent est un historien et essayiste français.
Il a fondé en 2003 la revue politique et littéraire Libres, dont il sera directeur de la publication et de la rédaction jusqu’en 2008. Historien et enseignant, il est l’auteur de plusieurs biographies éditées chez Tallandier dont Marie Amélie la dernière reine, couronnée du grand prix du livre d’histoire 2003 ; Anne d’Autriche. L’absolutisme précaire (2015) ; L’Impératrice Eugénie. L’obsession de l’honneur (2027).

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Ils viennent de sortir