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Thème
Dans les premières pages, on trouve les trois premiers mots de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique : « We, the People ». Nous, le peuple. On y trouve aussi le slogan de Barack Obama, candidat à la présidence américaine en 2008 : « Yes, we can ». Oui, nous pouvons… Et encore cette affirmation : « Admettons que le sujet de la politique, c’est nous. La première personne du pluriel… » Donc, on l’a compris, le thème de « Nous », le nouveau livre de Tristan Garcia, c’est le « nous » dans tous ses états. Animaux, humains, femmes, hommes, riches, pauvres, jeunes, vieux, musulmans, chrétiens, juifs, athées… et on pourrait allonger encore et encore la liste !
Dans ce texte en deux parties (« Livre I : Calques » et « Livre II : Contraintes »), Garcia s’interroge en plus de trois cents pages sur le « nous » et sur les « nous ». Parce qu’aujourd’hui, l’identité se joue, se révèle, se décline sur plusieurs plans. Parce que « tout nous est un système de découpe ».
Pour le philosophe- romancier, le « nous », symbole dans de nombreuses langues de l’identité collective, est « tout ce qui se trouve entre moi et le reste du monde ». Mieux : Tristan Garcia démontre que le « je » n’est rien d’autre qu’une succession d’un nombre infini de « nous ». Pluriel et singulier sont indissociablement liés…
Points forts
- Comme dans ses précédents livres, Tristan Garcia s’attache à tracer les lignes de son sujet. Ce qui permet d’envisager une vue d’ensemble sans tomber dans le personnel: « j’ai des engagements, confie l’auteur, mais je les garde pour moi ».
- L’étude quasi chirurgicale de ce « nous » de qui, immanquablement, découlent une illustration identitaire et des groupes d’intérêt.
- Pour (dé)montrer par quoi « plusieurs sujets se situent, se limitent, négocient ce qu’ils ont d’identique et de différent », l’auteur déroule ses idées avec force mais sans jamais recourir à l’agressivité.
- A l’appui du raisonnement sur le thème du « nous », le style aussi appliqué que brillant du romancier Garcia vient soutenir avec intelligence le philosophe Garcia.
Quelques réserves
Pour appuyer sa thèse, l’auteur à la culture impressionnante ne craint pas de recourir (jusqu’à en user) aux exemples, aux références, aux citations, ce qui, on peut le regretter, empèse quelque peu la démonstration...
Encore un mot...
Surdoué aussi agile dans les habits du philosophe et que dans celui du romancier, Tristan Garcia met, avec « Nous », la première personne du pluriel dans tous ses états. Une analyse appliquée et, somme toute, assez pertinente de tout ce qui se trouve « entre moi et le reste du monde » pour un constat : pluriel et singulier sont indissociablement liés.
Une phrase
- « La première personne du pluriel a ceci de particulier par contraste avec la première du singulier, qu’elle permet une variation permanente d’amplitude, puisqu’elle peut désigner aussi bien « toi et moi » que la totalité de ce qui vit, et au-delà ».
- « ‘’Nous’’, c’est cette forme ectoplasmique de la plupart des langues humaines, qui peut embrasser successivement tout ce qui se trouve entre moi et le reste du monde, et par quoi plusieurs sujets se situent, se limitent, négocient ce qu’ils ont d’identique et de différent, et font de la politique ».
L'auteur
Né le 5 avril 1981 à Toulouse, Tristan Garcia est philosophe et romancier. Il a grandi en Algérie, étudié la philosophie à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm à Paris où il soutient sa thèse de doctorat, titrée « Arts anciens, arts nouveaux. Les formes de nos représentations de l'invention de la photographie à aujourd'hui ».
En 2008, il publie son premier roman, « La Meilleure Part des hommes » (Prix de Flore). Suivront, entre autres, « Mémoires de la jungle » (2010) et « 7 » (2015, Prix du Livre Inter).
Parallèlement, il signe des textes de philosophie : « L'Image » (2007), « Nous, Animaux et Humains. Actualité de Jeremy Bentham » (2011), « Forme et objet. Un traité des choses » (2011), « La vie intense. Une obsession moderne » (2016).
Son dernier livre, "Nous", est une réflexion sur « la guerre de nous contre nous ». Il en parle ainsi : « Je n'aime pas avoir des ennemis. Avec ce livre, j'exerce ma véritable passion : l'empathie, y compris pour l'ennemi. Rien de ceux qui disent ‘’nous’’ ne peutm'être étranger ».
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